En voiture, Simone !

26 mai 2016   •  
Écrit par Fisheye Magazine
En voiture, Simone !
Réalisé dans un petit village de l’Avesnois, à la frontière franco-belge, “Rodeo Car Family” est une série à mi-chemin entre le reportage et le documentaire. Il y est question de famille, de transmission et de passion. Entretien avec son auteur, le photographe Edouard Sepulchre.

Fisheye Magazine : Pourquoi es-tu devenu photographe ?

Edouard Sepulchre : Pour me connecter au le réel et parce que j’avais envie de raconter des histoires en images. Avant je travaillais dans une agence de publicité. Un jour j’ai ressenti le besoin d’aller voir ailleurs, de retrouver le terrain.

Comment décrirais-tu ton approche de la photographie ?

C’est un processus de reconstruction de mon expérience du réel. Le terrain c’est comme de la patte à modeler, une matière première à laquelle ont peut donner une certaine forme.

Peux-tu nous présenter ta série « Rodeo Car Family », en quelques lignes ?

Ce qui m’a frappé en arrivant, c’était la liberté qui régnait dans l’atmosphère. La piste de Stock Car est un grand terrain de jeu pour toute la famille, de la petite fille jusqu’au grand-père.

Extrait de "Rodéo Car Family" / © Edouard Sepulchre
Extrait de “Rodéo Car Family” / © Edouard Sepulchre

Comment as-tu eu l’idée de ce sujet ?

Au départ, je suis parti dans le nord avec l’idée de faire un travail en trois parties. J’ai déambulé en voiture et un jour je suis tombé sur cet événement par hasard. J’y suis ensuite retourné à plusieurs reprises.

Qui sont les gens qui apparaissent dans tes images ? Comment les as-tu connus ?

Je les ai rencontré sur place. En arrivant là bas j’ai commencé à prendre des photos sans rien demander. Personne n’avait l’air gêné, donc j’ai continué.

Est-ce que tu les fais poser ? Si oui, pourquoi ?

Non, je voulais capter le naturel et ses petits accidents. Sur place il y a une agitation permanente, tout le monde est en mouvement. Je voulais qu’on ressente cette liberté de mouvement.

Quelle est leur histoire avec ce sport ? Qu’est-ce que cette pratique représente à leurs yeux ?

La plupart le pratique de génération en génération. C’est la raison pour laquelle il y a souvent quatre générations d’une même famille présentent sur place. Tous sont mécanos et beaucoup sont garagistes. Ils passent leur temps à réparer les voitures et n’hésitent pas à changer des pièces à la dernière minute. Ils n’ont pas de gros moyens mais dépensent quand même prés de 2000 euros pour préparer une voiture. Ils le font pour le plaisir car il n’y a rien à gagner, pas de coupes, pas de prix, juste la joie de revenir avec des bons souvenirs et de faire la fête. C’est un rendez-vous biannuel qu’ils ne rateraient pour rien au monde.

Est-ce que c’est un reportage, un documentaire ? Quelle a été ta démarche ici ?

Pour cette série en question je suis un peu entre les deux. J’ai pris ces photos en mode reportage, mais le traitement et la composition de certaines images peut faire penser à une écriture documentaire.

Extrait de "Rodéo Car Family" / © Edouard Sepulchre
Extrait de “Rodéo Car Family” / © Edouard Sepulchre

C’est une série qui sort un peu de tes sujets de prédilection, non (notamment tes séries de paysages suspendus dans l’absence) ?

Oui et non, car c’est un retour à mes sujets du début (je pense à mes images de roller derby féminin notamment). C’est parce que j’aime bien photographier les paysages désertiques que j’ai besoin, de temps en temps, de retourner vers des sujets photo plus vivants – et où, ce qui m’intéresse c’est de saisir les corps en mouvement.

Quelle est ton image préférée de « Rodeo Car Family » ?

J’aime beaucoup la photo d’ouverture : celle de la famille autour d’une voiture, où une femme tend sa bière vers l’objectif comme pour dire, « À la tienne ! » Elle résume bien l’ambiance sur place. Il y a trois générations autour de ce véhicule. Les enfants rentrent et sortent des voitures exactement comme à travers les constructions des aires de jeux pour enfants.

Trois mots pour décrire ta série ?

Liberté, enfance, transmission.

RODEO_1-edouard-sepulchre-fisheyelemagRODEO_2-edouard-sepulchre-fisheyelemagRODEO_3-edouard-sepulchre-fisheyelemagRODEO_4-edouard-sepulchre-fisheyelemagRODEO_5-edouard-sepulchre-fisheyelemagRODEO_7-edouard-sepulchre-fisheyelemagRODEO_8-edouard-sepulchre-fisheyelemagRODEO_9-edouard-sepulchre-fisheyelemagRODEO_10-edouard-sepulchre-fisheyelemagRODEO_12-edouard-sepulchre-fisheyelemagRODEO_14-edouard-sepulchre-fisheyelemagRODEO_15-edouard-sepulchre-fisheyelemagRODEO_16-edouard-sepulchre-fisheyelemag

Propos recueillis par Marie Moglia

En (sa)voir plus

→ Découvrez l’ensemble du travail d’Edouard sur son site : www.edouardsepulchre.com

→ Retrouvez-le sur Tumblr : edsepulchre.tumblr.com

→ Suivez-le sur Twitter : @EdSepulchre

Explorez
Les images de la semaine du 29.04.24 au 05.04.24 : un 8e art vivant
© Fanny Deniau El Maimouni
Les images de la semaine du 29.04.24 au 05.04.24 : un 8e art vivant
C’est l’heure du récap‘ ! Les photographes de la semaine s’exposent aux quatre coins de la France, mais aussi par-delà ses frontières. ...
05 mai 2024   •  
Écrit par Milena Ill
Yelena Yemchuk : Odessa, ville enchantée
© Yelena Yemchuk
Yelena Yemchuk : Odessa, ville enchantée
En septembre 2022, l’artiste américano-ukrainienne Yelena Yemchuk publie Odessa aux éditions Gost Books. Hommage amoureux à la ville...
03 mai 2024   •  
Écrit par Milena Ill
Berlin, Robert Frank et portrait flou : dans la photothèque de Diane Meyer
© Diane Meyer
Berlin, Robert Frank et portrait flou : dans la photothèque de Diane Meyer
Des premiers émois photographiques aux coups de cœur les plus récents, les auteurices publié·es sur les pages de Fisheye reviennent sur...
03 mai 2024   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Christophe Berlet, la boxe Thaï dans la peau
© Christophe Berlet
Christophe Berlet, la boxe Thaï dans la peau
« Quand j’étais petit, ma mère m’a interdit de faire de la boxe Thaï. Elle disait que dans son pays, c’était pour les mauvais garçons. »...
03 mai 2024   •  
Écrit par Agathe Kalfas
Nos derniers articles
Voir tous les articles
Les images de la semaine du 29.04.24 au 05.04.24 : un 8e art vivant
© Fanny Deniau El Maimouni
Les images de la semaine du 29.04.24 au 05.04.24 : un 8e art vivant
C’est l’heure du récap‘ ! Les photographes de la semaine s’exposent aux quatre coins de la France, mais aussi par-delà ses frontières. ...
05 mai 2024   •  
Écrit par Milena Ill
Albert Kahn et ses balades végétales
© Albert Kahn
Albert Kahn et ses balades végétales
Jusqu’au 30 décembre, le musée Albert Kahn présente une exposition de photographies du philanthrope, qui met en lumière sa passion pour...
04 mai 2024   •  
Écrit par Costanza Spina
Yelena Yemchuk : Odessa, ville enchantée
© Yelena Yemchuk
Yelena Yemchuk : Odessa, ville enchantée
En septembre 2022, l’artiste américano-ukrainienne Yelena Yemchuk publie Odessa aux éditions Gost Books. Hommage amoureux à la ville...
03 mai 2024   •  
Écrit par Milena Ill
Berlin, Robert Frank et portrait flou : dans la photothèque de Diane Meyer
© Diane Meyer
Berlin, Robert Frank et portrait flou : dans la photothèque de Diane Meyer
Des premiers émois photographiques aux coups de cœur les plus récents, les auteurices publié·es sur les pages de Fisheye reviennent sur...
03 mai 2024   •  
Écrit par Apolline Coëffet