Alexis Pazoumian pratique la photo depuis cinq ans. C’est au cours d’un voyage d’études à Rio de Janeiro qu’il décide de faire un reportage sur ce qu’il voit des favelas : ce sera la série Favelado.
« Je souhaitais offrir un point de vue objectif sur la population des favélas, en la saisissant, le plus possible et par la photographie, dans son environnement quotidien« , explique-t-il à Fisheye. « Faire sortir les habitants des favelas de l’anonymat et de l’indifférence, montrer que ces bidonvilles ne se résument pas qu’à la violence et aux trafic de drogue, voila le but de ce reportage. »
Alexis souhaitait sortir des clichés occidentaux sur les favelas, dépasser les préjugés : « Le fait d’y vivre et de réaliser ce projet m’a permis de comprendre à quel point l’image que nous nous faisons des favelas est fausse. La favela n’est pas un bidonville, c’est un véritable village, avec ses commerces, ses écoles et ses églises. La plupart des gens y sont heureux et souhaitent y rester. »
Son reportage s’est fait sur cinq favelas au sud de Rio : Vidigal, Rocinha, Chapeu Mangueira, Cantagalo et la fameuse Cité de Dieu.
« A l’intérieur des habitations qui, de l’extérieur, paraissent délabrées, j’ai d’abord retrouvé les différences entre classes sociales qui sont le lot des grandes villes. Ainsi, les favelas, bien qu’elles nous présentent un visage de misère, ne semblent pas non plus déroger à la règle de l’inégalité. Les classes demeurent mais paraissent trouver ici une harmonie surprenante. Ici, pas d’envie, de jalousies ou de violences. A l’intérieur, on aménage simplement, en fonction de ses moyens, la meilleure place pour vivre. A l’extérieur, on est fier d’appartenir tous au même village, qu’on abandonnerait pour rien au monde. «
Il a également décidé d’y tourner des vidéos qui aujourd’hui forment un film, visible sur son site. « Je savais que je vivais une période historique a Rio » , conclue Alexis.
C.L.
© Alexis Pazoumian