
Jusqu’au 1er février 2026, le musée des Arts décoratifs de Paris vous invite à découvrir Dans le creux des images. Cette exposition, signée Guénaëlle de Carbonnières, fait suite à une résidence autour de leurs collections photographiques et interroge la portée des archives.
C’est au cœur du cabinet des Dessins, Papiers peints et Photographies, niché au 5e étage des Arts décoratifs de Paris, que Guénaëlle de Carbonnières présente sa nouvelle exposition. Intitulée Dans le creux des images, elle résulte d’une résidence d’un mois passé sur place. Au fil des semaines, la plasticienne a pu échanger avec Sébastien Quéquet, attaché de conservation qui s’occupe des collections du musée, auxquelles elle a pu bénéficier d’un accès privilégié. Après avoir parcouru un livre de contes de fées dans lequel Franck de Villecholle (1816-1906) a collé des clichés de ruines de la guerre franco-allemande de 1870, les pistes de recherches se sont multipliées. Outre la création d’œuvres inédites, les réflexions ont traversé ce riche fonds photographique, lui offrant un nouveau souffle sinon un autre sens.
Les traces que nous laissons derrière nous
Dans le sillage de ses séries Le temps voilé et Creuser l’image, qu’elle a d’ailleurs prolongées à cette occasion, Guénaëlle de Carbonnières s’intéresse ici à la disparition architecturale et patrimoniale. Sur les murs comme dans les vitrines, des plaques de verre anonymes, une boîte de négatifs de Joseph de Baye ou encore des ouvrages du siècle dernier, tous issus des collections de l’institution, se tiennent aux côtés des créations de l’artiste. Celles-ci prennent la forme de tirages argentiques creusés à la pointe sèche, de photogrammes ou de blocs de verre déposés dans des cendres pailletées, dans lesquels des photographies sont figées. Ces fragments s’apparentent à des vestiges ou des larmes d’histoire qui ont résisté à l’épreuve du temps. Ils interrogent la portée des archives et, surtout, leur fragilité. Dans l’intimité de cet espace, des souvenirs de l’humanité se diffusent finalement dans des nuances monochromes et témoignent de leur profondeur, des strates qui les composent. En manipulant et travaillant la matière comme nous façonnons la mémoire, Guénaëlle de Carbonnières sonde ainsi les traces que nous laissons derrière nous.
Pour en savoir plus sur cette résidence, rendez-vous dans Fisheye #74.

