En 2023, l’Institut pour la photographie, lieu d’échanges, de recherches et de rayonnement du 8e art à Lille, déploie des évènements de grande qualité au gré des saisons, et parfois hors de ses murs. Une programmation reflétant la diversité infinie du médium.
Initié par la région des Hauts-de-France, en collaboration avec les Rencontres d’Arles, l’Institut pour la photographie de Lille a pour vocation de faire rayonner le médium à l’internationale, en soutenant la création par des bourses photographiques et activités culturelles annexes. Cette année, c’est au sein de ses espaces réaménagés, avant ses travaux définitifs, que le lieu présente une programmation dense, invitant la scène artistique européenne à se dévoiler. Ainsi, du printemps à l’automne, l’Institut déploiera différents évènements en son sein, mais investira également d’autres adresses lilloises ou des lieux aux alentours de la ville : les Hospices Comtesse de Lille, La Filleuse à Loos, l’Église Sainte-Marie-Madeleine… Mais aussi la B!B de Dunkerque, la Filature de Mulhouse et des espaces d’exposition et de créations à Arles.
Ce mois-ci, et jusqu’au 18 juin prochain – à l’aube du solstice d’été –, l’Institut accueille les œuvres de huit photographes, dont un travail en hommage à William Klein : Katrien de Blauwer, Bertrand Gadenne, Harry Gruyaert, Hideyuki Ishibashi, Hugo Clarence Janody, Marine Leleu, Jean-Louis Schoellkopf. Conjointement à cette exposition, quatre autres évènements sont organisés en collaboration avec l’Institut pour la photographie : Horizons à la Filleuse de Loos, abordant notre rapport au territoire au travers de trois projets autonomes, réalisés respectivement par Jean-Louis Schoellkopf, Cédric Gerbehaye et Harry Gruyaert ; Slide/Show, organisée par Holly Roussell, conservatrice de l’UCCA, examinant le rôle de la photographie dans le développement de l’art contemporain chinois ; L’atelier Pasquero, s’appuyant sur le fond photographique de deux photographes lillois, Jean et René Pasquero ; et enfin la5e édition d’USIMAGES, biennale de la photographie du patrimoine industriel et du travail.
À g. © Harry Gruyaert, à d. © Cédric Gerbehaye
Visiter les « champs d’expérimentation »
Située aux portes de la Belgique, du Royaume-Uni, de l’Allemagne ou encore des Pays-Bas, l’Institut pour la photographie réalise chaque année une curation d’une grande diversité, tant du point de vue des écritures artistiques présentées, que dans la manière de les dévoiler. Ainsi, en investissant d’autres lieux de la ville ou du territoire des Hauts-de-France, il fait vivre la création contemporaine hors des institutions traditionnelles, et à terme l’installe dans les paysages environnants. La programmation printanière de 2023 invite les spectateurices à découvrir des projets au carrefour des écritures photographiques. « Du tirage à la projection, la photographie ouvre un vaste champ d’expérimentations visuelles. Associée à diverses disciplines artistiques, elle revêt ici une dimension multisensorielle », écrivent les organisateurices.
Ainsi, dans Pourquoi j’ai peur du rouge, je déteste le jaune et j’aime le bleu, Katrien de Blauwer réalise une introspection sensible sur le féminin. À la fois intimistes et universels, ses collages, faits de découpages dans des magazines, entendent déboulonner les stéréotypes de genre. Dans un autre registre, Bertrand Gadenne détourne lui aussi les médiums en proposant des expériences tactiles et performatives de la photographie, au travers de Papillons, Les yeux / Les poissons. Avec Atlas #6, Hideyuki Ishibashi nous livre quatre sérigraphies réalisées à l’encre photochromique, d’empreinte de feuilles d’arbre du parc Barbieux, à Roubaix. Un projet gravitant autour de la région des Hauts-de-France, qui fait écho d’une manière beaucoup plus abstraite aux paysages industriels, littoraux ou urbains capturés par Harry Gruyaert et réassemblés dans NORD, un diaporama original réalisé en collaboration avec Valéry Faidherbe. Des espaces naturels ou citadins que Marine Leleu a elle aussi répertoriés dans sa Base de données. Jean-Louis Schoellkopf s’est rendu quant à lui sur différents sites de production – textile, chimie, électrique – du pôle industriel historique de Mulhouse pour encapsuler l’âme de ses Travailleurs. Fragments de vies et témoins de la fragilité de la nature humaine, les polaroïds, cartes postales et tirages pigmentaires issus de Je passe où j’écris d’Hugo Clarence Janody, interrogent l’histoire du portrait photographique. Enfin, avec la collaboration du studio William Klein, l’ICP (International Center of Photography) de New York et le Centre Pompidou, un hommage appuyé est rendu à l’œuvre prolifique et chargée de couleurs de l’artiste pluridisciplinaire William Klein.
À g. © Jean-Louis Schoellkopf , à d. © Harry Gruyaert
© A Great Accomplishment of Regeneration,1965, Impression offset couleur transparente. Avec l’aimable autorisation de Thomas Sauvin / Beijing Silvermine
© Bertrand Gadenne
Image d’ouverture © Bertrand Gadenne