Dans Are we there, Jenni Toivonen enquête sur ses ancêtres – d’ancien·nes membres d’une communauté utopique créée en 1929 par un groupe de Finlandais·es dans l’unique objectif de vivre en communion avec la nature brésilienne. Tout commence en 2017 lorsque la photographe se plonge dans le vieil album photo et le journal intime de sa grand-tante Kirsti, qui a vécu pendant plus de 40 ans au Brésil. « Lors de ses visites en Finlande, je me souviens qu’elle jouait de la guitare et chantait des chansons brésiliennes. À son décès, j’ai trouvé une résonance dans sa vie et dans la mienne. Elle était une personne aventureuse, pleine de vie et qui suivait son propre chemin », se remémore avec nostalgie l’artiste visuelle, installée entre Helsinki et Lisbonne. Après avoir étudié et travaillé en Argentine et au Chili, le Brésil se présente comme une étape nécessaire dans la vie de la photographe. Elle part avec une mission précise : découvrir l’histoire de sa famille. Sur place, Jenni Toivonen entame une introspection méditative. Des falaises naturelles à une papaye sur un coussin bleu, l’artiste lie chaque élément de son voyage à un reflet du passé familial de manière instinctive. Elle explique ainsi que l’une des principales raisons de la création de cette colonie au Brésil repose sur l’idée que les fruits tropicaux étaient un luxe rare à l’époque en Finlande et que les migrant·es aspiraient à un mode de vie plus sain et naturel. Elle conclut : « Le désir humain de réaffirmer le lien avec le monde non humain traverse les générations, depuis les cultures primitives jusqu’à l’époque moderne. À notre époque où nous sommes témoins de nombreuses menaces environnementales, il est essentiel de comprendre que les formes de vie ne constituent pas une pyramide hiérarchique, mais plutôt un cercle où tout est connecté à tout le reste. » Entre récit de voyage et épopée familiale, Are we there se dévoile au festival Circulation(s) jusqu’au 21 mai 2023.
© Jenni Toivonen