Andrés González Tilve et Camouna, nos coups de cœur #322, parviennent à révéler l’âme des gens. Le premier la capture au cœur d’un marché vietnamien, et la seconde à travers la nudité.
Andrés González Tilve
Né en 1985 dans la région de la Galice, en Espagne, Andrés González Tilve a fait des études de commerces avant de se tourner vers la photographie. En 2016, il voyage à l’autre bout du monde, au Vietnam, pour démarrer un projet personnel. « J’ai ensuite réalisé la suite de ce projet en 2018. J’ai passé trois mois à voyager de part et d’autre du pays, puis au Laos et au Cambodge », ajoute-t-il. Grand observateur, l’auteur aime se laisser guider par ses émotions, et s’attache à capturer son environnement avec réalisme. « Je me suis rendu dans ce territoire par hasard, à l’occasion du mariage d’une ancienne collègue à moi. Celle-ci m’a alors parlé de Can Tho (la plus grande ville du delta du Mekong) et de ses fameux marchés flottants », ajoute-t-il. Des lieux grouillants de monde, et d’énergie. Sur place, dès quatre heures du matin, les marchants commencent à vendre leurs produits. Inspiré par le tumulte ambiant, Andrés González Tilve parvient à saisir des instants sensibles, de rares moments de calme au cœur d’un espace effervescent.
© Andrés González Tilve
Camouna
« Je photographie à l’instinct, comme on discute avec quelqu’un. Une fois libérées des gênes, des pudeurs, mes modèles vivent et expriment ce qu’elles sont, ce qu’elles ont en elles au moment précis de notre rencontre. Je photographie en chacune l’éclosion. Sans mise en scène, je m’abandonne à capter tout ce que je reçois tout en sculptant le mouvement qui se dessine »
, raconte Camouna, photographe et comedienne de 34 ans. Passionnée par les corps, et la peau qui est « de toutes les couleurs de [s]a palette, celle qu’[elle] préfère », l’artiste travaille le nu et s’attache à révéler, découvrir et aimer les corps. « Mes clichés peuvent être considérés comme féministes. Ils sont sensibles, crus, cruels, enfouis, bruts, simples, sans chichi, instinctifs, démasqués… », confie-t-elle. En s’entourant de personnes qu’elle connaît bien, Camouna se laisse guider par la confiance mutuelle, par un besoin de donner à voir des femmes fières, libérées. « Mes modèles ne sont pas des professionnelles. En choisissant de poser ainsi, elles véhiculent une sorte d’empowerment », poursuit-elle. Une exploration délicate du female gaze.
© Camouna
Image d’ouverture : © Camouna