Qu’ils photographient la ville ou bien la forêt, Benjamin Beaumont et Philippe Perrin, nos coups de cœur #340, subliment tous deux leurs environnements. L’un dévoile toutes les couleurs de sa ville adoptive, et l’autre expose les nuances surréelles du monde naturel.
Benjamin Beaumont
C’est en déménageant à Lyon, en 2014, que Benjamin Beaumont a fait ses débuts dans le 8e art – et plus spécifiquement, dans la street-photography. À travers son viseur, il fait connaissance de cette ville, et y découvre la géométrie cachée du paysage urbain. « Je cherche modestement à saisir des instants de beauté, comme un exutoire poétique dans un monde que je trouve parfois trop dur et normé », explique l’artiste. La rue, bétonnée et froide, se métamorphose en un théâtre coloré à ciel ouvert, où les citadins mettent en scène leurs quotidiens. « La photo de rue est un espace de liberté : elle est accessible, non codifiée, chacun définit ses propres règles selon sa propre sensibilité », se réjouit le photographe. Sensible aux vertus thérapeutiques du médium, Benjamin Beaumont voit dans la photographie, un grand potentiel méditatif. Et d’année en année, une réflexion se poursuit, il apprivoise sa ville adoptive, et révèle toute sa beauté. « Quand on apprend à connaître une ville, on dépasse les lieux communs, les beautés évidentes, pour s’attarder sur ce petit détail qu’on n’avait encore jamais remarqué au détour de tel coin de rue, pourtant déjà connu par cœur. Revenir sur ces lieux connus aide à voir les choses autrement », conclut l’auteur.
© Benjamin Beaumont
Philippe Perrin
Originaire de Dijon, Philippe Perrin, 64 ans, vit au Mexique depuis trente ans. Grand amoureux de la nature, c’est à son contact qu’il s’initie au 8e art, et plus précisément à la pratique de l’argentique. « J’ai suivi un stage expérimental dirigé par Claudine et Jean-Pierre Sudre (Fondateurs des Laboratoires, un programme d’exposition rendant hommage à des photographes contemporains et leurs précurseurs, NDLR) à Lacoste, en 1983 et 1984, et j’ai ensuite commencé à vivre de mes images, en touchant à tout : reproductions, photos de théâtre, portraits, etc. », se souvient-il. S’immergeant dans le paysage – qu’il s’agisse de marais, de forêts, de montagnes ou même de grottes, le photographe capture des images graphiques, et transforme son environnement en un décor surréaliste et passionnant. Face à son objectif, les plantes deviennent des créatures tentaculaires étranges, et les cavernes souterraines se transforment en lieux oniriques, portails vers des mondes fantastiques. Çà et là, des silhouettes solitaires émergent, et se perdent dans la contemplation de l’immensité qui s’offre à eux. Toujours en noir et blanc, Philippe Perrin parvient finalement à saisir, au cœur d’un monde sauvage, libre, les nuances complexes des relations entre l’homme et son environnement. Une expérience des plus intrigantes.
© Philippe Perrin
Image d’ouverture : © Benjamin Beaumont