Nos coups de cœur #371, Solène Milcent et Nicolas Duclos se tournent vers deux sujets complémentaires. L’une explore son espace intérieur, tandis que l’autre tourne son regard vers le monde extérieur.
Solène Milcent
« En octobre 2017, j’ai quitté mon travail pour partir en voyage pendant trois mois. Je n’avais qu’une envie : me retrouver dans de grands espaces, désertiques, silencieux. Au cours de ce périple, en Islande d’abord, puis dans le désert Mojave en Californie, et enfin en Arizona, j’ai tenu un journal d’écriture et de Polaroid. C’est ainsi que j’ai commencé mes premiers projets photo »,
se souvient Solène Milcent. Installée entre la Vendée et Barcelone – des paysages qui nourrissent son écriture – l’autrice de 31 ans s’est tournée vers le 8e art après des études de tourisme. Elle développe aujourd’hui une œuvre intimiste, où se croisent les notions de genre, de sexualité, d’introspection et d’amour. Des sujets que l’on retrouve dans In my room, un travail explorant la dichotomie entre « intérieur » et « extérieur ». « Dans mes images, il n’y a aucune trace d’écran ou de technologie numérique. Je veux que le moment que je capture soit hors du temps, ou du moins hors du présent. Pour se “déshabiller” du chaos extérieur. J’ai donc shooté des gens dans ma chambre – des amants, des amis, des nouvelles rencontres… Je mets de la musique douce, nous buvons un thé ou un verre de vin, puis je leur demande d’être dans leur pensée, comme si je n’étais pas là. Pour les espionner, dans ma propre intimité », explique-t-elle.
© Solène Milcent
Nicolas Duclos
C’est avec son smartphone que Nicolas Duclos, 25 ans, a découvert la photographie. Tombant rapidement amoureux du médium, il se forme grâce à des cours du soir et intègre une école de photo. Ses thèmes de prédilection ? « Le paysage naturel et architectural. Je m’intéresse au territoire pour ce qu’il y a de politique et social, pour ce qu’il reflète de notre société », précise-t-il. Une volonté que l’on retrouve dans Benidorm. « Il s’agit d’une série sur l’architecture du tourisme de masse. Cette station balnéaire espagnole a été construite sur un modèle entièrement dédié à ses excès : bâtiments hôteliers avec piscine, bars à thèmes, golfs, casinos… C’est le culte du “all inclusive” et de “l’entertainment” au royaume du béton. Tout n’y est pas laid, j’ai parfois été émerveillé par la lumière du soir sur les bâtiments, dans une sorte d’atmosphère paradisiaque de l’enfer. On trouverait presque cela beau, mais on a honte. C’est contradictoire et j’aime rendre le spectateur coupable de trouver cela joli », confie l’auteur. Dénués de toute présence humaine, ses clichés donnent à voir un univers aussi futuriste que passé, où se croisent les rêves d’un divertissement à outrance et la réalité, au charme bafoué.
© Nicolas Duclos
Image d’ouverture : © Solène Milcent