Les coups de cœur #402

15 août 2022   •  
Écrit par Lou Tsatsas
Les coups de cœur #402

Nos coups de cœur #402, Tony Wang et Eliza Bourner, s’inspirent de leur environnement pour créer. L’un capture les textures et les lumières de New York, quand l’autre dénonce le culte de la perfection perpétué par notre société.

Tony Wang

Installé à New York, Tony Wang fait de ce lieu son terrain de jeu. Inspiré par les paysages urbains et les mouvements des corps – notamment la grâce et la légèreté de la danse – il s’attache à capter l’insignifiant, l’action pour donner à voir la splendeur du détail. C’est à l’École d’art Tisch de la Grosse Pomme que l’artiste fait ses armes. Tout en travaillant à obtenir son diplôme, il poursuit ses pérégrinations le long des avenues, à la recherche de moments magiques à souligner. « Ma série Urban Hallucination est une étude visuelle expérimentale qui met en lumière le tranquille et le tendre au cœur du chaos. En posant mon regard sur le minuscule, je m’éloigne du bruit et du tumulte de la ville. En rognant mes images et en jouant avec les compositions, je parviens à montrer la métropole en pleine introspection », commente-t-il. Dans le flux perpétuel d’humains, de voitures, de gyrophares et de gratte-ciel, Tony Wang pointe son objectif vers l’abstrait. Un dos anonyme, un rayon lumineux dans une ruelle sombre, la fumée d’un repas, l’éclat d’un bijou kitsch… En s’éloignant du sens premier, l’auteur transforme New York en un monde de lumières et de textures. Une promenade atypique loin du maximalisme propre au territoire américain.

© Tony Wang© Tony Wang
© Tony Wang© Tony Wang
© Tony Wang© Tony Wang

© Tony Wang

 Eliza Bourner

« J’explore la psychologie et l’émotion dans notre culture consumériste. J’aime aborder des thématiques qui sont souvent laissées de côté, comme la manière dont le monde moderne nous isole en dépit de l’avancée technologique et de l’hyperconnectivité, ou encore la façon dont on nous encourage à valoriser la productivité et la compétition – des notions qui ne nous rendent pourtant pas heureux·ses sur le long terme »

, déclare Eliza Bourner. Établie à Londres, l’artiste a grandi dans une famille créative : « ma mère était photographe de mariage, et mon père encadreur », précise-t-elle. C’est donc naturellement qu’elle se tourne elle-même vers le 8e art. Son approche du médium ? Considérée. Pour chaque image, l’autrice imagine la scène entière, place chaque objet avec précision, et dirige méticuleusement ses modèles. L’ambiance est ensuite convoquée grâce à la lumière – véritable protagoniste distillant une tension certaine dans ses créations. « J’essaie d’imiter la rigidité des attentes sociétales. L’impression que rien ne doit dépasser. Cette attente de la perfection est parfois écrasante. Si tout semble droit dans mes images, j’y ajoute une certaine maladresse, qui n’est pas naturelle », explique-t-elle. Une étrangeté qui nous renvoie à nos propres travers, prisonnier·es d’un système au poids écrasant.

© Eliza Bourner© Eliza Bourner

© Eliza Bourner

© Eliza Bourner© Eliza Bourner

© Eliza Bourner

© Eliza Bourner

Image d’ouverture : © Eliza Bourner

Explorez
5 questions à Charlotte Abramow : le souvenir de Maurice
© Charlotte Abramow
5 questions à Charlotte Abramow : le souvenir de Maurice
Sept ans après la publication de son ouvrage Maurice, tristesse et rigolade, Charlotte Abramow rouvre les pages de l’histoire de son...
03 novembre 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Elise Jaunet : quand l’intime devient manifeste
© Elise Jaunet
Elise Jaunet : quand l’intime devient manifeste
À travers sa série Faire corps – Journal d’une métamorphose, l’artiste nantaise Elise Jaunet explore la traversée du cancer du...
01 novembre 2025   •  
Écrit par Cassandre Thomas
Du pictorialisme au modernisme, la MEP célèbre l’œuvre d’Edward Weston
Edward Weston, Shells, 1927 © Center for Creative Photography, Arizona Board of Regents / Edward Weston, Adagp, Paris, 2025. Courtesy Wilson Centre for Photography
Du pictorialisme au modernisme, la MEP célèbre l’œuvre d’Edward Weston
Jusqu’au 21 janvier 2026, la Maison européenne de la photographie consacre une exposition exceptionnelle à Edward Weston. Intitulée...
30 octobre 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Hamza Ashraf : Démo d’amour
We're Just Trying to Learn How to Love © Hamza Ashraf
Hamza Ashraf : Démo d’amour
Hamza Ashraf navigue dans le fleuve des sentiments amoureux et compose We’re Just Trying to Learn How to Love, un zine, autoédité, qui...
30 octobre 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Nos derniers articles
Voir tous les articles
Simon Vansteenwinckel remporte le prix Nadar Gens d’images 2025
© Simon Vansteenwinckel
Simon Vansteenwinckel remporte le prix Nadar Gens d’images 2025
Le nom du lauréat de la 71e édition du prix Nadar Gens d’images vient d’être annoncé : il s’agit de Simon Vansteenwinckel. Le jury l’a...
Il y a 10 heures   •  
Écrit par Apolline Coëffet
a ppr oc he : Rencontre au cœur de l’image
© Emile Gostelie
a ppr oc he : Rencontre au cœur de l’image
Dans cet espace pensé comme une exposition, un·e photographe et un·e commissaire croisent leurs regards. Pour cette première édition...
06 novembre 2025   •  
Écrit par Fabrice Laroche
Fisheye #74 sonde la notion d’éthique en photographie
© Stan Desjeux
Fisheye #74 sonde la notion d’éthique en photographie
Fisheye #74 sera disponible en kiosque ce samedi 8 novembre ! En ce mois consacré à la photographie, notre nouveau numéro s’intéresse à...
06 novembre 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Focus #81 : l’autodéfense écologique selon Chloé Azzopardi 
06:05
Focus #81 : l’autodéfense écologique selon Chloé Azzopardi 
C’est l’heure du rendez-vous Focus ! Au cœur du secteur Émergence de Paris Photo, Chloé Azzopardi dévoile, du 13 au 16 novembre 2025, Non...
05 novembre 2025   •  
Écrit par Lou Tsatsas