Au premier regard, tout semble opposer les travaux de Mark Metzner et Alban Gernigon, nos coups de cœur #437. L’un capture son environnement dans un noir et blanc profond et l’autre appose de vives couleurs sur des paysages de Normandie. Des colorimétries diamétralement différentes, mais une ambition similaire : sublimer la vie quotidienne.
Mark Metzner
« Comme les cinéastes, les photographes ont le pouvoir de capturer un moment dans le temps et de transmettre un sentiment d’émotion et de narration à travers leur travail. Qu’il s’agisse de portraits, de paysages ou de photographies de rue, je cherche toujours à créer des images qui racontent une histoire et qui établissent un lien plus profond avec les spectateurices », déclare Mark Metzner, originaire de Roumanie et installé en Allemagne depuis l’âge de deux ans. Constamment en recherche de découverte, le photographe de 34 ans explore ce qui l’entoure afin de dévoiler de nouvelles perspectives de la vie quotidienne. Passionné de skateboard depuis l’adolescence, il se sert de cette pratique sportive qui le pousse à dénicher les spots parfaits pour développer sa vision du médium. « En tant que skateur, vous avez un regard totalement différent de la ville. Son architecture offre tellement de possibilités que nous puissions en tirer parti », précise-t-il. Uniquement en noir et blanc, son travail oscille entre des clichés vaporeux énigmatiques et des flous tant sombres que poétiques. « La palette monochromatique me permet de jouer avec l’ombre et la lumière, en créant des contrastes audacieux qui peuvent évoquer des émotions et des états d’âme puissants. J’expérimente le noir et blanc comme moyen de capturer l’émotion brute et la beauté du monde qui m’entoure », conclut Mark Metzner.
© Mark Metzner
Alban Gernigon
Originaire de Lille, Alban Gernigon aime capturer le sentiment de solitude dans des lieux habituellement fréquentés. Intitulée Normancolie, cette série donne à voir des paysages côtiers normands, entre Le Tréport et Dieppe, teintés d’une colorisation particulière exprimant une certaine nostalgie d’un temps passé. « Je trouvais intéressant ce traitement majoritairement pastel avec la présence de seulement quelques touches de couleurs acidulées. J’ai vu ces villes de bord de mer comme figées dans le temps, abandonnées dans la mémoire, quelque part entre les Trente Glorieuses et les années 1980. La désaturation générale force volontairement un peu le trait sur cette perception », explique le photographe qui évolue dans le domaine du design numérique depuis plus de vingt ans. Après avoir capturé ces lieux quasiment vidés de toute humanité, Alban Gernigon entame un processus précis d’éditing puis de post-production, des étapes essentielles à sa démarche artistique. Il confie à ce sujet : « Je traite la photo comme un matériau brut et j’essaie d’en tirer le meilleur. » En s’inspirant de grands noms de la peinture tels que David Hockney ou Edward Hopper, les images du photographe s’ancrent dans un univers contemplatif où il fait bon se promener.
© Alban Gernigon
Image d’ouverture : © Mark Metzner