Nos coups de cœur #444, Annabelle Fadat et Alessandro Ruggieri, capturent leurs quotidiens baignés d’onirisme et d’absurdité. Alors que l’une s’intéresse à la mort et à la nostalgie, l’autre réalise un kaléidoscope farfelu et coloré de sentiments variés.
Annabelle Fadat
Les rêves qu’elle fait, regarder les gens danser, le tarot de Marseille, les histoires de fantômes ou encore l’amour… Les inspirations d’Annabelle Fadat l’accompagnent au quotidien pour créer des visuels où le songe rencontre la clarté du jour. Née à Montpellier, il y a 28 ans, la photographe et vidéaste porte une grande fascination pour la lumière du sud de la France. « Je travaille les contrastes en me focalisant sur l’obscur. Ce qui m’intéresse le plus ce sont les réflexions de lumière, les déformations, les perceptions déviées », explique l’artiste désormais installée à Saint-Montan, un village médiéval ardéchois. Dans son univers, les clairs-obscurs s’entremêlent à la chair et à la nature. De cette dernière, Annabelle Fadat explore les textures, les formes, l’usure et les couleurs, pour capturer les corps de façon « organique ». Passionnée par le passé, les albums photos, les vieilles lettres, elle ne cesse d’interroger la « présence de l’absence ». Elle précise : « j’aime observer ce qui reste de vie dans ce que l’on pense mort ». Ici, l’artiste ne voit pas la disparition comme une fin en soi, mais comme le départ d’un autre monde. « Les cheveux coupés m’ont toujours fascinée, car ils ne s’altèrent jamais. Les corps usés par le soleil durant l’été aussi, car ils se métamorphosent », ajoute-t-elle. En questionnant la mort par le prisme du surréalisme, Annabelle Fadat dresse un portrait tendre et onirique du temps qui passe.
© Annabelle Fadat
Alessandro Ruggieri
Alessandro Ruggieri s’intéresse à toutes ces « choses que l’on ne peut pas expliquer ». Résolument singulier et insolite, l’univers de l’artiste italien se compose de petites observations du quotidien. Né en 1984 à Macerata, il étudie l’économie et la politique puis obtient un doctorat en droit. Une carrière qui ne le prédestinait pas au monde artistique. Et pourtant, il devient en parallèle peintre, musicien puis photographe. Depuis un an, il se consacre entièrement à sa pratique du médium qu’il a débuté il y a environ dix ans. « Au début, j’ai été attiré par le fait que le processus créatif était plus rapide. Je considère la photo tel un terrain de jeu où je peux tout dire et tout faire avec des images, comme créer des sentiments, etc. », déclare-t-il. Véritable caméléon, Alessandro Ruggieri laisse une grande place à l’improvisation. Suivant les circonstances, il n’hésite pas à moduler son approche photographique, afin de rester libre dans sa démarche. « Une métaphore qui m’est venue à l’esprit un jour est que l’appareil photo est similaire au piège à fantômes dont disposent les chasseurs de fantômes… Je capture beaucoup de choses avec lui, je crée une gamme d’images différentes pour avoir beaucoup de matériel avec lequel jouer lors du processus de montage », explique l’artiste. D’un portrait d’un rappeur, à un corps dénudé en passant par un curieux rongeur, les mystères visuels d’Alessandro Ruggieri ne s’élucident pas, mais se contemplent à l’infini.
© Alessandro Ruggieri
Image d’ouverture : © Alessandro Ruggieri