Les coups de cœur #444

05 juin 2023   •  
Écrit par Cassandre Thomas
Les coups de cœur #444

Nos coups de cœur #444, Annabelle Fadat et Alessandro Ruggieri, capturent leurs quotidiens baignés d’onirisme et d’absurdité. Alors que l’une s’intéresse à la mort et à la nostalgie, l’autre réalise un kaléidoscope farfelu et coloré de sentiments variés.

Annabelle Fadat

Les rêves qu’elle fait, regarder les gens danser, le tarot de Marseille, les histoires de fantômes ou encore l’amour… Les inspirations d’Annabelle Fadat l’accompagnent au quotidien pour créer des visuels où le songe rencontre la clarté du jour. Née à Montpellier, il y a 28 ans, la photographe et vidéaste porte une grande fascination pour la lumière du sud de la France. « Je travaille les contrastes en me focalisant sur l’obscur. Ce qui m’intéresse le plus ce sont les réflexions de lumière, les déformations, les perceptions déviées », explique l’artiste désormais installée à Saint-Montan, un village médiéval ardéchois. Dans son univers, les clairs-obscurs s’entremêlent à la chair et à la nature. De cette dernière, Annabelle Fadat explore les textures, les formes, l’usure et les couleurs, pour capturer les corps de façon « organique ». Passionnée par le passé, les albums photos, les vieilles lettres, elle ne cesse d’interroger la « présence de l’absence ». Elle précise : « j’aime observer ce qui reste de vie dans ce que l’on pense mort ». Ici, l’artiste ne voit pas la disparition comme une fin en soi, mais comme le départ d’un autre monde. « Les cheveux coupés m’ont toujours fascinée, car ils ne s’altèrent jamais. Les corps usés par le soleil durant l’été aussi, car ils se métamorphosent », ajoute-t-elle. En questionnant la mort par le prisme du surréalisme, Annabelle Fadat dresse un portrait tendre et onirique du temps qui passe.

© Annabelle Fadat© Annabelle Fadat
© Annabelle Fadat© Annabelle Fadat
© Annabelle Fadat© Annabelle Fadat

© Annabelle Fadat

Alessandro Ruggieri

Alessandro Ruggieri s’intéresse à toutes ces « choses que l’on ne peut pas expliquer ». Résolument singulier et insolite, l’univers de l’artiste italien se compose de petites observations du quotidien. Né en 1984 à Macerata, il étudie l’économie et la politique puis obtient un doctorat en droit. Une carrière qui ne le prédestinait pas au monde artistique. Et pourtant, il devient en parallèle peintre, musicien puis photographe. Depuis un an, il se consacre entièrement à sa pratique du médium qu’il a débuté il y a environ dix ans. « Au début, j’ai été attiré par le fait que le processus créatif était plus rapide. Je considère la photo tel un terrain de jeu où je peux tout dire et tout faire avec des images, comme créer des sentiments, etc. », déclare-t-il. Véritable caméléon, Alessandro Ruggieri laisse une grande place à l’improvisation. Suivant les circonstances, il n’hésite pas à moduler son approche photographique, afin de rester libre dans sa démarche. « Une métaphore qui m’est venue à l’esprit un jour est que l’appareil photo est similaire au piège à fantômes dont disposent les chasseurs de fantômes… Je capture beaucoup de choses avec lui, je crée une gamme d’images différentes pour avoir beaucoup de matériel avec lequel jouer lors du processus de montage », explique l’artiste. D’un portrait d’un rappeur, à un corps dénudé en passant par un curieux rongeur, les mystères visuels d’Alessandro Ruggieri ne s’élucident pas, mais se contemplent à l’infini.

© Alessandro Ruggieri© Alessandro Ruggieri
© Alessandro Ruggieri© Alessandro Ruggieri
© Alessandro Ruggieri© Alessandro Ruggieri

© Alessandro Ruggieri

Image d’ouverture : © Alessandro Ruggieri

Explorez
Du cauchemar aux monstres : des séries photo pour Halloween
© Diego Moreno, ABISMOS, from the series Malign Influences, 2020
Du cauchemar aux monstres : des séries photo pour Halloween
Des peurs les plus enfouies aux allégories d'une minorité opprimée, des croyances étranges aux expérimentations en chambre noire pour...
31 octobre 2025   •  
Écrit par Fisheye Magazine
Peinture, coulée d'or et sculpture : la séance de rattrapage Focus
Zoé Bleu Arquette. Une nuit étoilée, 2025 © Rose Mihman
Peinture, coulée d’or et sculpture : la séance de rattrapage Focus
Les photographes des épisodes de Focus sélectionnés ici proposent de découvrir la photographie à travers différentes techniques...
29 octobre 2025   •  
Écrit par Fisheye Magazine
Touches d’aquarelle, Brésil et festival : nos coups de cœur photo d’octobre 2025
© Cloé Harent, Residency InCadaqués 2025
Touches d’aquarelle, Brésil et festival : nos coups de cœur photo d’octobre 2025
Expositions, immersion dans une série, anecdotes, vidéos… Chaque mois, la rédaction de Fisheye revient sur les actualités photo qui l’ont...
29 octobre 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
La sélection Instagram #530 : une étrange nuit d'octobre
© verknipts / Instagram
La sélection Instagram #530 : une étrange nuit d’octobre
Dans la brume, dans les ciels sombres, dans les forêts épaisses, les artistes de la sélection Instagram de la semaine célèbrent les...
28 octobre 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Nos derniers articles
Voir tous les articles
Elise Jaunet : quand l’intime devient manifeste
© Elise Jaunet
Elise Jaunet : quand l’intime devient manifeste
À travers sa série Faire corps – Journal d’une métamorphose, l’artiste nantaise Elise Jaunet explore la traversée du cancer du...
Il y a 4 heures   •  
Écrit par Cassandre Thomas
Du cauchemar aux monstres : des séries photo pour Halloween
© Diego Moreno, ABISMOS, from the series Malign Influences, 2020
Du cauchemar aux monstres : des séries photo pour Halloween
Des peurs les plus enfouies aux allégories d'une minorité opprimée, des croyances étranges aux expérimentations en chambre noire pour...
31 octobre 2025   •  
Écrit par Fisheye Magazine
Du pictorialisme au modernisme, la MEP célèbre l’œuvre d’Edward Weston
Edward Weston, Shells, 1927 © Center for Creative Photography, Arizona Board of Regents / Edward Weston, Adagp, Paris, 2025. Courtesy Wilson Centre for Photography
Du pictorialisme au modernisme, la MEP célèbre l’œuvre d’Edward Weston
Jusqu’au 21 janvier 2026, la Maison européenne de la photographie consacre une exposition exceptionnelle à Edward Weston. Intitulée...
30 octobre 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Hamza Ashraf : Démo d’amour
We're Just Trying to Learn How to Love © Hamza Ashraf
Hamza Ashraf : Démo d’amour
Hamza Ashraf navigue dans le fleuve des sentiments amoureux et compose We’re Just Trying to Learn How to Love, un zine, autoédité, qui...
30 octobre 2025   •  
Écrit par Marie Baranger