À l’occasion de son dixième anniversaire, Fisheye sélectionne les couvertures qui ont marqué son histoire. 58 parutions plus tard, notre magazine a partagé des milliers d’images et permis de belles découvertes. Pour poursuivre cette rétrospective, redécouvrons le numéro 10 et sa particularité unique dans l’histoire de Fisheye : une déclinaison de deux couvertures signées par Anthony Pastor, auteur de bande dessinée.
En 2023, Fisheye fête sa première décennie d’existence. Dix années de photographie contemporaine, de décryptages, de découvertes de jeunes talents, de rencontres et d’expériences. Avec un brin de nostalgie et beaucoup d’euphorie, Fisheye revient pour ses lecteurices, qu’iels soient ancien·nes ou nouveau·elles, sur les couvertures marquantes de ces 58 publications. Après le cliché emblématique de Théo Gosselin sur la première couverture, la rétrospective se poursuit avec le dixième numéro paru en janvier 2015 : une publication mêlant la photographie et la bande dessinée. Pour la première fois dans l’histoire de Fisheye, ce numéro fait l’objet de deux couvertures composées de deux illustrations issues de Hôtel Koral d’Anthony Pastor.
À l’élaboration de ce dixième numéro, Eric Karsenty, rédacteur en chef du magazine, souhaitait interroger la photographie et la bande dessinée comme deux pratiques qui se regardent. Il rencontre alors le bédéiste Anthony Pastor qui lui confie aimer faire des dessins qu’il aurait pu prendre en photo. « La réalisation d’Hôtel Koral s’est fortement inspirée de ses photos prises lors d’un voyage aux États-Unis, mais la photographie américaine en général et celle de Stephen Shore en particulier l’ont fortement influencé pour ce thriller politique qui navigue entre motels, fast-foods et paysages désertiques. », peut-on lire dans la rubrique Les dessous de la couv. Ces deux couvertures présentent le recto et le verso d’une situation anodine : un motard se prenant en selfie. L’une se compose de la tête souriante du personnage et l’autre de ses mains gantées tenant un Polaroid.
Que devient Anthony Pastor ?
« J’étais très heureux que mon travail soit mis en avant et que ça puisse être une occasion de croiser les disciplines et de montrer la bande dessinée dans un cadre différent. Cela bénéficie toujours au médium tout en combattant les stéréotypes », se remémore Anthony Pastor, huit années plus tard. Depuis cette déclinaison de deux couvertures Fisheye, il n’a cessé de poursuivre l’écriture et l’illustration de bandes dessinées. Au total, l’auteur a publié une vingtaine d’ouvrages, en s’inspirant au quotidien de grands noms de la photographie. Pour lui, les deux médiums s’entremêlent sur bien des aspects. Il précise : « Les auteurices de BD et les photographes se ressemblent dans la mesure où ils racontent des histoires, donnent un témoignage ou une interprétation du réel, livrent un regard sur le quotidien, la société, font voyager, grâce à des images fixes. » Son dernier ouvrage, un western dans la neige intitulé La femme à l’étoile, est disponible depuis le 5 avril 2023 chez Casterman.
© Anthony Pastor