Irina Rozovsky est née à Moscou en 1981 mais vit depuis longtemps aux États-Unis. Lorsqu’elle a eu l’occasion de participer au jury d’un festival photo en Croatie, elle n’a pas hésité une seconde. Bien qu’elle n’avait jamais mis les pieds en Europe de l’est, elle y a tout de suite senti une ambiance familière.
Sa série Mountain Black Heart, (en français, le coeur noir de la montagne) a d’ailleurs ceci de particulier qu’elle dresse le portrait des habitants de l’ex-Yougoslavie, que la photographe a seulement croisé durant son séjour, d’une manière très intimiste. Intéressée par leur esprit et leur humour, elle va à leur rencontre depuis deux ans. “La façon dont ces nations et leurs cultures continuent à exister après cette énorme crise m’interpelle.“, nous a raconté Irina.
Avec son boitier, la photographe découvre peu à peu la région : “mes images me montrent à la fois la dureté du pays mais aussi un sens de l’humanité démultiplié depuis la crise.” En Israël, aux États-Unis, ou ici en ex-Yougoslavie, Irina instaure toujours une proximité avec des sujets qu’elle vient de rencontrer.
“J’étais étonnée de découvrir avec cette série que les gens sont bien plus suspicieux et timides aux États-Unis. Ici, les sujets étaient contents d’être pris en photo ou n’y accordait peu d’importance.”
Si elle devait ne retenir qu’une photo dans cette série encore en cours, Irina retiendrait celle d’une femme caressant un très gros chien.
“Un jour, j’ai vu une très grosse bête attaché à un arbre par une chaine derrière un petit restaurant. J’avais peur de m’en approcher. Ses oreilles et sa queue avait été coupées et il sautait sauvagement, menaçant de me tuer en quelques instants. Une serveur est ensuite sortie et a commencé à parler au chien en le caressant. Tout à coup, cette scène de terreur s’est transformée en quelques choses de doux et plein d’amour. Ça m’a rappelé que l’énervement était une réaction et pas quelque chose d’inéluctable.”
Sur ses photos, on sent que l’artiste s’imprègne pleinement des lieux et joue avec la lumière et les couleurs pour communiquer avec le spectateur. Loin d’une vision impressionniste ou idéalisée des paysages, Irina livre un travail à la frontière entre la photo documentaire et le carnet de route poétique.
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