Les minots de la photo

19 avril 2016   •  
Écrit par Fisheye Magazine
Les minots de la photo
Des ados des quartiers Nord de Marseille documentent leur quotidien et partent en reportage au cœur de la ville. Sortie photo sous le soleil, exactement.

Il faut les voir, les minots, appareils photo à la main, tout sourire, débarquant au pied de la Cité radieuse. Ils s’appellent Ryad, Nani, Rayan, Oussam, Alfa et Nabil, ils ont entre 12 et 16 ans. Tous habitent La Castellane, dans les quartiers Nord de Marseille. Aujourd’hui, les apprentis photographes ont pour terrain de jeu la célèbre « Maison du fada », dessinée par le célèbre Le Corbusier, dans le 8e arrondissement. Ils sont accompagnés de Teddy Seguin, photographe, et de Naba, animateur du centre social.

 Au-delà de ses activités professionnelles – pour la presse et pour une équipe d’archéologie sous-marine –, Teddy Seguin mène un projet baptisé Insulae depuis près de cinq ans. Le photographe retrouve en effet plusieurs caractères propres à l’isolement des îles sur des lieux non entourés d’eau. Comme pour la cité de la Castellane, « une véritable forteresse, on est dans le parfait exemple du territoire isolé en milieu urbain », explique-t-il. Une forteresse dans laquelle on ne pénètre pas si facilement, surtout avec un appareil photo. À l’époque, Teddy a alors pris contact avec le centre social du quartier, qui, toujours à la recherche de nouveaux projets culturels au sein de la cité, lui a demandé d’animer des ateliers.

© Marie Abeille
Dans les couloirs du Corbusier, Alfa cherche des points de vue originaux / © Marie Abeille
Oussam, Ryad et Alpha, sur le toit du Corbusier / © Marie Abeille
Oussam, Ryad et Alpha, sur le toit du Corbusier / © Marie Abeille

Les quatre saisons

Malgré une « absence totale de fibre pédagogique », de son propre aveu, le photographe a accepté. En septembre 2014, il a commencé à enseigner les bases de la prise de vue à une petite dizaine d’ados. Ensemble, ils ont élaboré le projet « Les quatre saisons de la Castellane », destiné à couvrir le quotidien de la cité tout au long de 2015, et qui a donné lieu à cinq expositions. Aux rendez-vous du mercredi se sont ajoutées des semaines de stage durant les vacances scolaires, l’occasion pour Teddy d’étendre les champs d’investigation des jeunes photographes.

 À la Cité radieuse, les minots sont en pleine forme. Ils se marrent, le long des couloirs colorés, se penchent, se courbent, se perchent pour prendre des photos. Ils se font remettre en place par Naba quand ils s’éloignent de leur zone d’exploration. L’idée est de réaliser des reportages à l’extérieur de la cité et de publier deux ou trois magazines pour les habitants de leur quartier. Teddy les guide, mais les laisse très libres dans leur approche de la photo : « Je n’essaie pas de leur transmettre la technique ; plutôt des notions de cadrage, de lumière, de composition. » Prises de vue donc, mais aussi interview des habitants afin d’analyser les points communs entre les deux cités : celle des beaux quartiers et celle des oubliés. Pour poser des questions, les ados se font plus timides : « J’ai pas d’idée », lâche Rayan. Teddy lui donne des pistes et l’accompagne interroger une femme qui prend le soleil sur le toit-terrasse de l’immeuble.

Caste_01-fisheyelemagCaste_02-fisheyelemagCaste_05-fisheyelemagCaste_07-fisheyelemagCaste_14-fisheyelemagCaste_15-fisheyelemagCaste_21-fisheyelemagCaste_22-fisheyelemagCaste_25-fisheyelemagCaste_26-fisheyelemagCaste_31-fisheyelemagCaste_33-fisheyelemagCaste_34-fisheyelemagCaste_39-fisheyelemagCaste_40-fisheyelemag

Ouverture

Le vent souffle fort au sommet de la « Maison du fada », et la vue à 360 degrés est l’une des plus belles de Marseille. On aperçoit les barres de la Castellane, au nord, à la périphérie de la ville. Naba a 24 ans, autant d’années passées dans sa cité et c’est une première visite pour lui aussi. Pourquoi a-t-il attendu si longtemps ? « Si personne ne te dit de venir, pourquoi tu le ferais ? » répond-il. C’est important de sortir de la cité, mais aussi de ramener un témoignage de ce qu’ils y ont vu pour les habitants de la Castellane. Une ouverture qui pourrait sembler dérisoire, mais qui apporte plus qu’il n’y paraît en recréant un lien social rompu par des années de politique inégalitaire…

… L’intégralité de cet article est à retrouver dans Fisheye #17, en kiosque actuellement.

Explorez
Les coups de cœur #550 : Guillaume Hutin et Ali Beşikçi
Masumiyet © Ali Beşikçi
Les coups de cœur #550 : Guillaume Hutin et Ali Beşikçi
Guillaume Hutin et Ali Beşikçi, nos coups de cœur de la semaine, ont au centre de leur pratique la notion de dialogue. Si le premier fait...
Il y a 3 heures   •  
Écrit par Lucie Donzelot
La sélection Instagram #514 : images indociles
© séquoia photos / Instagram
La sélection Instagram #514 : images indociles
Les artistes de notre sélection Instagram de la semaine incarnent, chacun·e à leur manière, le thème de la 56e édition des célèbres...
08 juillet 2025   •  
Écrit par Lucie Donzelot
Yves Saint Laurent : une histoire en miroir de la photographie et la mode
Polaroïd pris par le personnel de la maison de couture, cabines du 5, avenue Marceau, Paris. Robe de mariée portée par Laetitia Casta, collection haute couture printemps-été 2000, janvier 2000. © Yves Saint Laurent © Fondation Pierre Bergé – Yves Saint Laurent
Yves Saint Laurent : une histoire en miroir de la photographie et la mode
Cet été, parmi les accrochages à retrouver aux Rencontres d’Arles se compte Yves Saint Laurent et la photographie, visible à la Mécanique...
07 juillet 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Wolfgang Tillmans revient sur sa carte blanche au Centre Pompidou
Wolfgang Tillmans à la Bpi, janvier 2025 © Centre Pompidou
Wolfgang Tillmans revient sur sa carte blanche au Centre Pompidou
Le Centre Pompidou lui donne carte blanche jusqu’au 22 septembre 2025, dernier accrochage avant la fermeture du bâtiment pour cinq ans de...
03 juillet 2025   •  
Écrit par Fisheye Magazine
Nos derniers articles
Voir tous les articles
Les coups de cœur #550 : Guillaume Hutin et Ali Beşikçi
Masumiyet © Ali Beşikçi
Les coups de cœur #550 : Guillaume Hutin et Ali Beşikçi
Guillaume Hutin et Ali Beşikçi, nos coups de cœur de la semaine, ont au centre de leur pratique la notion de dialogue. Si le premier fait...
Il y a 3 heures   •  
Écrit par Lucie Donzelot
Les images de la semaine du 7 juillet 2025 : sous le soleil arlésien
The Last Cosmology © Kikuji Kawada
Les images de la semaine du 7 juillet 2025 : sous le soleil arlésien
C’est l’heure du récap ! À l’occasion des Rencontres d’Arles, nous avons sélectionné une série d’expositions, aux sujets et...
13 juillet 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Octavio Aguilar remporte le prix Découverte Roederer
Ma yëë tunjoty, ma yëë kopkjoty, 2020. © Octavio Aguilar. Avec l’aimable autorisation de l’artiste / Parallel Oaxaca.
Octavio Aguilar remporte le prix Découverte Roederer
Pour la deuxième année consécutive, les Rencontres d'Arles mettent en lumière les sept finalistes du prix Découverte Fondation Roederer à...
12 juillet 2025   •  
Écrit par Fisheye Magazine
Rencontres d'Arles 2025 : les coups de cœur de la rédaction
Montagne de Corte, Corse, 2022. © Jean-Michel André. Avec l’aimable autorisation de l’Institut pour la photographie / Galerie Sit Down.
Rencontres d’Arles 2025 : les coups de cœur de la rédaction
En parallèle de ses articles sur la 56e édition des Rencontres d’Arles, qui se tient jusqu’au 5 octobre 2025, la rédaction...
12 juillet 2025   •