De passage dans la cité arlésienne ? Fisheye vous conseille cinq expositions inévitables présentées jusqu’au 23 septembre lors des Rencontres d’Arles.
1. Jonas Bendiksen, Le Dernier Testament
« Le Dernier Testament est né d’une longue fascination pour la religion et d’un besoin de comprendre ce qu’est la foi, la croyance, et ce en quoi on peut croire », explique Jonas Bendiksen, l’auteur de ce projet monumental. Ce photographe norvégien a partagé le quotidien de sept hommes prétendant chacun être le messie. Un voyage aux quatre coins du monde – Angleterre, Brésil, Russie, Afrique du Sud, Zambie, Japon, Philippines pour découvrir Jésus de Kitwe, Jésus de Matayoshi, INRI ou encore Apollo (fondateur et le dirigeant de l’entreprise Le Royaume du Jésus Christ). Aux délicieux portraits sont associés des témoignages amusants où l’on découvre tantôt un puissant messie, et tantôt un outsider qui prêche le suicide à ses adversaires.
Une interview réalisée avec Jonas Bendiksen est à retrouver dans notre dernier numéro.
2. Matthieu Gafsou, H+
Matthieu Gafsou s’est intéressé à la notion d’humanité augmentée et de transhumanisme – un mouvement qui prône l’usage des sciences et des techniques afin d’améliorer les caractéristiques physiques et mentales des êtres humains.
Du prototype de pancréas à la cuve de cryogénisation en passant par les implants party, Matthieu Gafsou a photographié les objets comme les acteurs du mouvement. Il expose, à la maison des peintres, un ensemble d’images artificielles venues après un travail d’enquêteur. Un faisceau d’indices rassemblé en six chapitres questionne le futur de notre humanité. Quel rapport à la technique l’homme du 21e siècle cultive-t-il ? Est-ce que la technique peut tout remplacer ? Un sublime projet qui déroute.
© Matthieu Gafsou. Avec l’aimable autorisation de l’artiste, de Galerie C et de MAPS.
3. Une colonne de fumée – Regard sur la scène contemporaine turque
À la maison des peintres, une quinzaine d’artistes turques présentent la vision de leur pays marqué par la censure et l’autocensure. Quotidien difficile, guerres ou encore protestations, leur travaux composent un poignant état des lieux de la Turquie. Comment agir en tant qu’artistes aujourd’hui ? La photographie est-il un médium gage de liberté ? Avec eux, on redécouvre un pays, où il est encore possible de dire la vérité.
L’occasion de redécouvrir Çagdas Erdogan et sa série Contrôle réalisée en 2016. En photographiant la nuit turque, il dénonce un climat politique conservateur. Un instantané de la Turquie violent et poétique.
Une interview réalisée avec Yann Perreau – l’un des deux commissaires – est à retrouver dans notre dernier numéro.
Contrôle, 2015-2016 © Çağdaş Erdoğan
4. The train, le dernier voyage de Robert F. Kenedy
Durant les Rencontres, l’atelier des forges se transforme en gare. Trois artistes – Paul Fusco, Rein Jelle Terpstra et Phlippe Parreno – se sont penchés sur le dernier voyage de Robert F. Kenedy, le trajet d’un train funéraire, depuis New York jusqu’à Washington. Le voyage commence avec Paul Fusco, le photographe commissionné pour l’évènement et ses images couleur. Depuis dans le train ce dernier documente les personnes endeuillées postées le long des rails. Des images qui montrent la diversité du pays et de ses habitants. Avec Rein Jelle Terpstra, le visiteur se place du côté des spectateurs venus rendre hommage au candidat démocrate. L’artiste hollandais Rein Jelle Terpstra a rassemblé des images prises par des amateurs. Un travail d’archives impressionnant. Philippe Parreno choisit quant à lui de « montrer le point de vue du mort » à travers son film du 8 juin 1968. Avec sa reconstitution sur un film 70mm, le visiteur monte à bord du train et dévient lui aussi un témoin silencieux. Virée contemplative ou regards croisés sur événement politoco sociohistorique ? Une chose est certaine, le dialogue construit ici est astucieux.
Sans titre, RFK Funeral Train, 1968 © Paul Fusco/Magnum Photos, Avec l’aimable autorisation de la Danziger Gallery.
5. Depardon USA, 1968-1999
Un passage s’impose à l’espace Van Gogh où Raymond Depardon expose ses reportages américains réalisés de 1968 et 1999. Il dévoile en 75 clichés et quatre temps sa vision des États-Unis, un pays qui a impacté sa vie. 1968. Première virée outre-Atlantique du cinéaste et photographe français où il y documente entre autres la Convention nationale démocrate, une manifestation contre la guerre du Viêt Nam et la campagne électorale de Richard Nixon. En1981, il photographie New York et ses habitants en colère. Un endroit parfait pour apprendre à regarder et préciser son approche photographique. Un an plus tard, en 1982, Raymond Depardon documente son voyage réalisé dans l’ouest des États-Unis, du Nouveau-Mexique à la Californie. En 1999, il fait état de ses errances à travers de grands formats verticaux. De puissants paysages, un jeu autour de la notion de cadre et une liberté assumée ! Une exposition incontournable pour qui aime les États-Unis et l’un des photographes vedettes de cette édition arlésienne.
© Raymond Depardon/Magnum Photos.
Image d’ouverture © Jonas Bendiksen / MagnumPhotos