Du 11 octobre 2025 au 21 février 2026, la Villa Pérochon devient théâtre de sciences, présentant les travaux de Julien Lombardi, lauréat 2025 du prix Photographie & Sciences, et de Richard Pak, lauréat de la première édition en 2021. Entre espace, écologie et insularité, les deux artistes tissent des projets où l’image et les sciences ne font qu’un.
Depuis 2021, le prix Photographie & Sciences, initié par la Résidence 1+2 à Toulouse, soutient un·e photographe en quête de faire fusionner l’image et les disciplines scientifiques. À l’occasion de la Fête de la science 2025, la Villa Pérochon accueille une exposition collective rassemblant deux lauréats dudit prix : Julien Lombardi (2025) et Richard Pak (2021). Les deux artistes avaient déjà fait converser leurs travaux lors du festival Paysages mouvants, présenté au Jeu de Paume en février et mars dernier. Explorant des pans différents de la science, expérimentant autant dans la recherche que dans l’approche plastique, chacun aborde avec brio des sujets profondément contemporains : Julien Lombardi s’attaque à l’espace et la fabrication d’un « exotisme cosmique » avec Plantea, quant à Richard Pak, il explore le destin déchu de l’île de Nauru, perdue à l’exploitation de phosphate, dans sa série L’Île naufragée.
« Fables documentaires »
L’espace est au cœur de la recherche visuelle de Julien Lombardi. L’artiste explore autant son entité scientifique que les projections exotiques et les scénarios interstellaires que lui impose l’imaginaire humain. « L’espace est au centre de toutes les attentions, qu’il s’agisse d’observation, d’exploration ou de conquête, depuis l’avènement du New Space et l’arrivée d’entreprises privées dans ce secteur », précise le photographe. Partant des missions Apollo simulées dans le désert mexicain, Julien Lombardi compose Planeta, en collaboration avec des astrophysiciens, des biologistes, des géologues et des anthropologues, « un contre-récit de la conquête spatiale ». « L’enjeu est de questionner nos représentations de l’espace et les imaginaires qui lui sont associés, car on ne voit pas l’espace, nos sens humains ne nous le permettent pas […]. Pas plus d’ailleurs que nous ayons personnellement et physiquement accès à d’autres mondes. Il se joue dans ce trouble des questions fondamentales sur la nature des images, sans la compréhension des travaux scientifiques qui en sont à l’origine : que regarde-t-on ? », se demande-t-il.
En dialogue avec le spatial, l’océan et l’insularité. Richard Pak déploie son travail sur Nauru, une île en Océanie. En quelques décennies, à cause d’une exploitation dense de phosphate, elle est passée « d’une île paradisiaque en un effondrement écologique, économique et social », raconte le photographe. Croisant les paysages desséchés et le lagon turquoise, tout en intervenant de manière chimique sur ses négatifs, il renverse l’imaginaire qu’on se fait d’une terre qui semble idyllique en surface. « Le procédé altère l’émulsion, n’épargnant que la seule gamme du rouge, produisant un rendu esthétique qui nous emporte vers la (science) fiction ou la fable mythologique. À l’image de l’île, ces originaux ainsi sacrifiés dans le phosphate en ressortent irrémédiablement transformés et appauvris, comme une alchimie inversée », explique-t-il. Julien Lombardi et Richard Pak, nous transportent dans des « fables documentaires », pour reprendre les mots du dernier, qui proposent des récits alternatifs interrogeant notre rapport à la nature.