Rêveries amérindiennes

13 janvier 2021   •  
Écrit par Lou Tsatsas
Rêveries amérindiennes

En voyageant au Pérou, son pays d’origine, Florence Goupil part sur les traces de guérisseurs Quechua et d’hommes-animaux. Un périple onirique, au cœur duquel nature, êtres vivants et présences spirituelles cohabitent en harmonie.

« J’ai grandi au sein d’une famille d’origine Quechua, bercée par les histoires de ma grand-mère et ses traditions. En parallèle, j’ai étudié à l’école française. J’ai le sentiment d’avoir grandi entre deux cultures, et ce sont leurs histoires et leurs mythes inspirent mes images »

, raconte Florence Goupil. Après avoir étudié à l’École supérieure des Beaux-Arts de Rennes, la photographe franco-péruvienne obtient un diplôme en Design éditorial et multimédia. À 27 ans, elle voyage au Pérou, où elle se retrouve confrontée, pour la première fois, aux cultures anciennes qu’elle côtoie depuis son enfance. Une vision indigène du monde, mise à mal par le racisme et la recherche d’identité d’un pays courant après le progrès.

« Pour que ces façons de voir et de décrire le monde ne soient plus méprisées, j’ai décidé de les transmettre en photo. Il s’agit d’une recherche constante vers un langage personnel », déclare-t-elle. À tâtons, et avec une profonde empathie, Florence Goupil commence alors à tisser sa propre esthétique, à devenir véritablement photographe.

© Florence Goupil

Se souvenir d’où l’on vient

C’est au Pérou qu’elle réalise Don Benito Q’oriwaman et Il fut un temps où les oiseaux s’habillaient comme des personnes et se baladaient parmi nous, les deux premiers chapitres d’un projet au long cours, racontant des histoires fantastiques. Guérisseur mystérieux, homme-oiseaux, nature et éléments cohabitent dans les récits visuels de l’artiste. Des légendes inspirées par des faits véritables, ancrés dans la culture péruvienne. « Celles-ci font partie d’un héritage culturel et intangible, de l’identité amérindienne. Et, comme elles sont depuis toujours transmises par l’oralité, elles se rapprochent du sensoriel », explique la photographe. Un réalisme magique – un concept très populaire en Amérique latine – qui ne peut, selon elle, pas être représenté par un travail purement journalistique.

Dans les clichés de Florence Goupil, les doubles expositions croisent les négatifs et l’abstraction. Les hommes se transforment en entités captivantes, et les animaux en divinités. Monochromes, les images dissimulent l’horizon et révèlent des détails lumineux, destinés à éclairer notre chemin vers la compréhension. Une quête faisant écho à l’héritage même du pays. « Au Pérou, depuis très longtemps, nous avons un manque de mémoire collective, un trou noir où l’importance de nos racines s’est perdue. Se souvenir d’où l’on vient est très important pour moi, ainsi, nous pouvons savoir qui nous sommes », confie-t-elle. Image par image, la photographe remonte alors le temps, et l’histoire d’un territoire en pleine évolution. Jusqu’à une époque où nature et êtres vivants habitaient en harmonie, l’un se fondant dans l’autre avec aise. Une époque où l’homme respectait et apprenait de son environnement.

© Florence Goupil

© Florence Goupil

© Florence Goupil© Florence Goupil

© Florence Goupil

© Florence Goupil© Florence Goupil

© Florence Goupil

© Florence Goupil© Florence Goupil

© Florence Goupil© Florence Goupil

© Florence Goupil

Explorez
Simon Vansteenwinckel remporte le prix Nadar Gens d’images 2025
© Simon Vansteenwinckel
Simon Vansteenwinckel remporte le prix Nadar Gens d’images 2025
Le nom du lauréat de la 71e édition du prix Nadar Gens d’images vient d’être annoncé : il s’agit de Simon Vansteenwinckel. Le jury l’a...
06 novembre 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
a ppr oc he : Rencontre au cœur de l’image
© Emile Gostelie
a ppr oc he : Rencontre au cœur de l’image
Dans cet espace pensé comme une exposition, un·e photographe et un·e commissaire croisent leurs regards. Pour cette première édition...
06 novembre 2025   •  
Écrit par Fabrice Laroche
Fisheye #74 sonde la notion d’éthique en photographie
© Stan Desjeux
Fisheye #74 sonde la notion d’éthique en photographie
Fisheye #74 sera disponible en kiosque ce samedi 8 novembre ! En ce mois consacré à la photographie, notre nouveau numéro s’intéresse à...
06 novembre 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Laura Menassa : Beyrouth comme corps et paysage
© Laura Menassa
Laura Menassa : Beyrouth comme corps et paysage
Entre journal intime visuel et témoignage collectif, le travail de Laura Menassa explore la fragilité et la résilience au cœur de...
04 novembre 2025   •  
Écrit par Costanza Spina
Nos derniers articles
Voir tous les articles
Laura Lafon Cadilhac : s'indigner sur les cendres de l'été
Red Is Over My Lover. Not Anymore Mi Amor © Laura Lafon Cadilhac
Laura Lafon Cadilhac : s’indigner sur les cendres de l’été
Publié chez Saetta Books, Red Is Over My Lover. Not Anymore Mi Amor de Laura Lafon Cadilhac révèle un été interminable. L’ouvrage se veut...
Il y a 4 heures   •  
Écrit par Marie Baranger
Écofemmes Fest : un rendez-vous pour créer, lutter, transmettre
Trenza, le lien qui nous unit, 2025 ©Gabriela Larrea Almeida
Écofemmes Fest : un rendez-vous pour créer, lutter, transmettre
Jusqu'au 9 novembre prochain, La Caserne, dans le 10e arrondissement de Paris, accueille la première édition d’Écofemmes Fest, un...
Il y a 9 heures   •  
Écrit par Cassandre Thomas
Simon Vansteenwinckel remporte le prix Nadar Gens d’images 2025
© Simon Vansteenwinckel
Simon Vansteenwinckel remporte le prix Nadar Gens d’images 2025
Le nom du lauréat de la 71e édition du prix Nadar Gens d’images vient d’être annoncé : il s’agit de Simon Vansteenwinckel. Le jury l’a...
06 novembre 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
a ppr oc he : Rencontre au cœur de l’image
© Emile Gostelie
a ppr oc he : Rencontre au cœur de l’image
Dans cet espace pensé comme une exposition, un·e photographe et un·e commissaire croisent leurs regards. Pour cette première édition...
06 novembre 2025   •  
Écrit par Fabrice Laroche