Le jury du prix Roger Pic vient de révéler le nom de la lauréate de son édition 2025 : il s’agit de Véronique de Viguerie. Sa série primée, Afghanistan, no (wo)man’s land, témoigne de la réalité des Afghanes qui, depuis le retour des talibans, en 2021, font face à un régime toujours plus oppressif.
« Depuis plus de trois ans, les fondamentalistes talibans sont de retour au pouvoir. L’ancienne guérilla ultra rigoriste, adepte d’une application stricte de la charia et d’un code tribal plus rigide encore, a déjà constitué son nouvel État : l’Émirat islamique d’Afghanistan. Pour les citadines afghanes, c’est un cauchemar éveillé. Un scénario science-fictionnel qui les confronte aux fantômes chassés vingt ans plus tôt en 2001 », souligne Véronique de Viguerie. Entre 2006 et 2024, la photojournaliste a réalisé la série Afghanistan, no (wo)man’s land, qui dépeint le quotidien des Afghanes. À l’image, elles apparaissent comme des figures résilientes qui font face à une conjoncture qui n’a de cesse de les réduire à néant. « À travers mon travail photographique, je refuse de les représenter uniquement comme des victimes soumises, figées dans la souffrance que leur impose l’histoire. Mon objectif capte aussi leur force, leur solidarité et leur courage : ces femmes qui, malgré l’oppression, continuent de lutter, de s’organiser et de prendre leur destin en main, défiant ainsi le regard que l’on porte trop souvent sur elles », poursuit l’autrice.
Une démarche humaniste
Véronique de Viguerie a reçu le prix Roger Pic pour Afghanistan, no (wo)man’s land. Créée en hommage au reporter et cinéaste français dont elle prend le nom, la récompense décore chaque année un ou une photographe de profession à la démarche humaniste. À cet effet, l’association Scam-Velasquez lui octroie une dotation d’une valeur de 5 000 €. Depuis plus de deux décennies, la photojournaliste témoigne de la réalité au sein de zones de guerre. Outre l’Afghanistan, elle s’est rendue en Somalie, en Irak, en Syrie et au Yémen. Ses documentaires, qui lui ont notamment valu deux Visa d’or en 2018, s’intéressent aux populations qui subissent chaque jour les affres des conflits.