Le prix Roger Pic 2025 récompense Véronique de Viguerie pour sa série sur les Afghanes

Le prix Roger Pic 2025 récompense Véronique de Viguerie pour sa série sur les Afghanes
Kaboul, le 26 octobre 2022. Des étudiantes en journalisme à l'université de Kaboul font une pause. Elles ne savent pas que quelque trois semaines plus tard, l'Emirat leur interdira l'accès à l'université. © Véronique de Viguerie, Cnap, prix Roger Pic
Kolala, Badakhshan le 5 novembre 2024. Les femmes de ce village du bout du monde ont reçu la visite des agents du ministère du Vice et de la Vertu qui leur ont conseillées, ou plutôt ordonnées, de ne pas sortir du village sauf en cas de force majeur, auquel cas elles sont obligées d'être accompagnées d'un Maram (un homme de la famille). Elles ne peuvent plus aller vendre leurs poteries et doivent les confier au chef du village qui les vend pour elles, perdant toute indépendance et autonomie.
Kolala, Badakhshan le 5 novembre 2024. Les femmes de ce village du bout du monde ont reçu la visite des agents du ministère du Vice et de la Vertu qui leur ont conseillées, ou plutôt ordonnées, de ne pas sortir du village sauf en cas de force majeur, auquel cas elles sont obligées d’être accompagnées d’un Maram (un homme de la famille). Elles ne peuvent plus aller vendre leurs poteries et doivent les confier au chef du village qui les vend pour elles, perdant toute indépendance et autonomie. © Véronique de Viguerie, Cnap, prix Roger Pic 2025

Le jury du prix Roger Pic vient de révéler le nom de la lauréate de son édition 2025 : il s’agit de Véronique de Viguerie. Sa série primée, Afghanistan, no (wo)man’s land, témoigne de la réalité des Afghanes qui, depuis le retour des talibans, en 2021, font face à un régime toujours plus oppressif. 

« Depuis plus de trois ans, les fondamentalistes talibans sont de retour au pouvoir. L’ancienne guérilla ultra rigoriste, adepte d’une application stricte de la charia et d’un code tribal plus rigide encore, a déjà constitué son nouvel État : l’Émirat islamique d’Afghanistan. Pour les citadines afghanes, c’est un cauchemar éveillé. Un scénario science-fictionnel qui les confronte aux fantômes chassés vingt ans plus tôt en 2001 », souligne Véronique de Viguerie. Entre 2006 et 2024, la photojournaliste a réalisé la série Afghanistan, no (wo)man’s land, qui dépeint le quotidien des Afghanes. À l’image, elles apparaissent comme des figures résilientes qui font face à une conjoncture qui n’a de cesse de les réduire à néant. « À travers mon travail photographique, je refuse de les représenter uniquement comme des victimes soumises, figées dans la souffrance que leur impose l’histoire. Mon objectif capte aussi leur force, leur solidarité et leur courage : ces femmes qui, malgré l’oppression, continuent de lutter, de s’organiser et de prendre leur destin en main, défiant ainsi le regard que l’on porte trop souvent sur elles », poursuit l’autrice.

Une démarche humaniste

Véronique de Viguerie a reçu le prix Roger Pic pour Afghanistan, no (wo)man’s land. Créée en hommage au reporter et cinéaste français dont elle prend le nom, la récompense décore chaque année un ou une photographe de profession à la démarche humaniste. À cet effet, la Scam lui octroie une dotation d’une valeur de 5 000 € tandis que sa galerie expose la série primée. Cette année, l’accrochage sera à découvrir du 13 octobre au 6 février. Depuis plus de deux décennies, la photojournaliste témoigne de la réalité au sein de zones de guerre. Outre l’Afghanistan, elle s’est rendue en Somalie, en Irak, en Syrie et au Yémen. Ses documentaires, qui lui ont notamment valu deux Visa d’or en 2018, s’intéressent aux populations qui subissent chaque jour les affres des conflits. 

Torkham, le 3 décembre 2023. Le Pakistan a menacé d'arrêter le 1,5 million d'Afghans sans papier, réfugiés dans le pays. Ces femmes, qui avaient fui après la prise du pays par les talibans le 15 août 2021, sont obligées de rentrer chez elles. Elles attendent d'être enregistrées avant d'être ramenées de force.
Torkham, le 3 décembre 2023. Le Pakistan a menacé d’arrêter le 1,5 million d’Afghans sans papier, réfugiés dans le pays. Ces femmes, qui avaient fui après la prise du pays par les talibans le 15 août 2021, sont obligées de rentrer chez elles. Elles attendent d’être enregistrées avant d’être ramenées de force. © Véronique de Viguerie, Cnap, prix Roger Pic 2025
Kandahar, Afghanistan. Avril 2007. Les femmes de l'unité de police de Kandahar, guidées par Malalai Kakar, martèlent le sol, dissimulées sous des burqas pour récupérer des informations contre les talibans ou des hommes abusifs, volant au secours de leurs sœurs victimes de violences domestiques.
Kandahar, Afghanistan. Avril 2007. Les femmes de l’unité de police de Kandahar, guidées par Malalai Kakar, martèlent le sol, dissimulées sous des burqas pour récupérer des informations contre les talibans ou des hommes abusifs, volant au secours de leurs sœurs victimes de violences domestiques. © Véronique de Viguerie, Cnap, prix Roger Pic 2025
Jalalabad, Afghanistan. Novembre 2010. Cette jeune fille qui doit rester anonyme, qui ne connaît pas son âge, vient d'arriver dans cet abri pour femmes, traumatisée avec son nouveau-né mourant. Elle a fui une belle-famille abusive, un mari violent, à qui elle avait été vendue par son père. Les talibans ont depuis interdit les abris pour femmes, seule porte de sortie pour beaucoup de victimes d’abus domestiques, pour éviter les crimes d’honneur.
Jalalabad, Afghanistan. Novembre 2010. Cette jeune fille qui doit rester anonyme, qui ne connaît pas son âge, vient d’arriver dans cet abri pour femmes, traumatisée avec son nouveau-né mourant. Elle a fui une belle-famille abusive, un mari violent, à qui elle avait été vendue par son père. Les talibans ont depuis interdit les abris pour femmes, seule porte de sortie pour beaucoup de victimes d’abus domestiques, pour éviter les crimes d’honneur. © Véronique de Viguerie, Cnap, prix Roger Pic 2025
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