Les Sony World Photography Awards viennent d’annoncer les lauréats de l’édition 2021 : Craig Easton et Tamary Kudita. Deux auteur·e·s engagé·e·s donnant à voir les maux d’une communauté.
Mercredi 14 avril, lors d’une conférence digitale, la World Photography Organisation a révélé les noms des lauréats des catégories Professional et Open du Sony World Photography Awards 2021. « Ce prix a toujours eu pour objectif de célébrer et d’encourager la photographie et les photographes », a déclaré Scott Gray, PDG de l’organisation, qui salue cette année une volonté des candidats de « raconter des histoires puissantes d’une très belle manière, en mettant la technologie au service de la créativité ». Malgré la pandémie mondiale, le concours a suscité un intérêt remarquable, auprès des auteurs venant de tous les horizons : « nous avons reçu davantage de travaux d’Amérique latine, d’Asie, et d’Afrique que lors des éditions précédentes », s’enthousiasme Scott Gray. C’est d’ailleurs Tamary Kudita, une jeune photographe venue du Zimbabwe, qui obtient le titre de Photographe de l’Année concours Open, grâce à son image African Victorian. Craig Easton, photographe britannique, remporte quant à lui le concours Professional, pour sa série Bank Top. Il reçoit, pour l’occasion, 25 000 dollars, ainsi qu’un équipement photo Sony.
© à g. Tamary Kudita, à d. Craig Easton
Esthétisme et engagement
Imaginée en collaboration avec l’écrivain et universitaire Abdul Aziz Hafiz, la série Bank Top explore la représentation des communautés du nord de l’Angleterre – plus précisément du quartier de Bank Top à Blackburn. Un territoire marqué par la pauvreté, le chômage, ou encore le dénuement social. Durant un an, les deux hommes ont noué des liens avec les habitants de la ville, découvrant leurs histoires, leur héritage. « C’est un privilège de pouvoir partager ces récits, et remettre en question les perceptions et les stéréotypes. Ce combat m’est particulièrement cher », confie Craig Easton. Grâce à ses portraits sensibles en noir et blanc, révélant la fragilité de ces sujets, le photographe donne à voir une communauté vulnérable, lassée par un quotidien pesant, qui se bat, malgré tout, pour exister.
« African Victorian rend hommage à l’être contemporain également ancré dans l’histoire. Mon travail s’articule autour de l’importance de la représentation africaine, et je suis reconnaissante d’avoir la possibilité de faire monter l’art zimbabwéen sur la scène internationale », déclare quant à elle Tamary Kudita. Poignant, son cliché primé dépeint une modèle noire en robe victorienne. Un portrait contemporain tout en nuance, déconstruisant la vision stéréotypée des femmes africaines en proposant au regardeur un langage visuel alternatif, qui s’affranchit de tels raccourcis. À travers deux écritures différentes, les lauréats témoignent tous deux des enjeux sociétaux modernes, et mêlent, avec brio, esthétisme et engagement.
© Craig Easton
Image d’ouverture : © à g. Craig Easton, à d. Tamary Kudita