Jusqu’au 21 décembre prochain, la galerie des Minimes présente le travail de l’artiste Kai Fusayoshi, photographe emblématique et figure majeure de la contre-culture à Kyoto dans les années 1970. À l’instar d’Henri Cartier-Bresson ou Robert Doisneau, Kai Fusayoshi est un photographe de la rue. Poète qui s’exprime par l’image, il parvient à recueillir les émotions, des plus infimes aux plus frappantes, dans ses clichés pris sur le vif. Son regard agile et sa sensibilité d’enfant animent une âme ou invoquent une histoire dans chacune de ses images. Kai Fusayoshi est partout mais n’ébranle rien. Aucun moment photographié n’est interrompu, bien au contraire, l’artiste l’habite et l’offre au spectateur avec une pointe d’humour ou d’innocence. Qu’il s’agisse d’une personne âgée dans l’attente, d’enfants jouant dans les rues, ou de femmes esseulées et pensives, ses photographies sont exceptionnelles par leur simplicité. Chacune d’entre elles est une composition libre et expressive. Elle dépeignent une époque de Kyoto avec un caractère universel et intemporel.
Très engagé politiquement, Kai Fusayoshi fonde en 1972 le café et bar Honyarado, salon culte de la contre-culture kyotoïte où se rencontrent artistes, écrivain·es, militant·es, philosophes, professeur·es et étudiant·es. Alors en plein boom de reconstruction d’après-guerre, le Japon connaît l’explosion idéaliste de la jeunesse internationale. À une énergie activiste pacifiste se mêle une volonté de changer le monde, à travers des idéaux traduits dans des créations artistiques en tous genres. En arpentant la ville, l’artiste illustre son atmosphère particulière, ses quartiers populaires et sa dynamique intergénérationnelle. En 2015, Honyarado prend feu lors d’un incendie criminel. Cet évènement dévastateur a de grandes répercussions et Kai Fusayoshi y perd la quasi totalité de ses archives. En l’espace d’une nuit, sa vie est réduite en cendres.
Aujourd’hui âgé de 74 ans, c’est à la galerie des Minimes qu’il partage son monde. L’homme et son œuvre sont enfin mis en lumière dans la capitale française. Des tirages sauvés des flammes y sont présentés pour la première fois, célébrant ainsi la vie et l’importance de Kai Fusayoshi, dont les images sont devenues le témoignage unique d’une grande époque. Célèbre pour ses expositions en plein air et à grande échelle, notamment au château de Nijyo et sur la rivière Kamo ; Kai Fusayoshi est représenté ici de manière intimiste. Cette exposition est curatée et pensée à petite échelle avec 27 clichés illustrant le Kyoto, des années 1970 à 2003. Les images présentées offrent à voir les thèmes explorés par l’artiste afin de découvrir les racines de son oeuvre.