Janvier 2024

Fisheye Magazine #63 Combat

Fisheye Magazine #63 Combat
© Thaddé Comar

« “Même la guerre est quotidienne.” Cette citation empruntée à Marguerite Duras (Des journées entières dans les arbres) nous rappelle à quel point la guerre est devenue un mot banal, une réalité sans emphase, une séance inéluctable qui peut se déclencher à chaque instant sans que cela ne ravive une émotion assez forte pour nous faire infléchir le cours de nos vies. Nous dédions largement ce numéro à la guerre, et employons le mot “Combat” en couverture pour rappeler les réalités diverses de ces conflits qui voient des hommes s’entretuer sans aucune retenue pour des territoires, des ressources ou des idéologies », écrit Benoît Baume, fondateur de Fisheye, dans l’édito de notre dernier numéro. À l’ère de la guerre entre l’Ukraine et la Russie, entre Israël et le Hamas, ou encore l’Azerbaïdjan et l’Arménie, les clichés de la guerre prolifèrent et pourtant, il semble que nous ne les regardons presque plus vraiment avec attention. À rebours de cette tendance, Fisheye #63 part des images, pour tenter de comprendre ces conflits, et de retracer le fil de leur histoire.

Thaddé Comar signe la brillante couverture de ce numéro spécial, avec une photographie capturée à Hong Kong lors des évènements qui ont entraîné des milliers de personnes à manifester pour la démocratie en 2019 : ce laser vert, qui éclaire l’image, met à jour une surveillance radicale et la répression brutale d’une société qui emploie la technologie au service de la violence. De nombreux·ses artistes d’horizons géographiques et culturels divers sont ensuite à retrouver dans le cahier central de ce numéro. Leur point commun ? Chacun et chacune réalise un pas de côté, pour trouver une manière singulière de réveiller les esprits. En premier lieu, c’est Harley Weir, qui avec le très poétique Walls porte son regard sur l’inhumanité cruelle qu’apportent les murs bâtis entre les États. Rafael Yaghobzadeh montre avec Territory une réalité transposée qui nous interroge sur la nature même de la guerre, d’un point de vue troublant et novateur. Dans une perspective plus historique, Brandon Tauszik s’intéresse aux reconstitutions de la guerre de Sécession aux États-Unis. Des événements perçus comme des hommages à ces conflits qui nourrissent, en parallèle, des pensées révisionnistes et racistes. Faisant le lien entre le passé et le présent, c’est-à-dire la guerre froide et les enjeux géopolitiques contemporains liés aux agences de renseignement, Evan Hume, quant à lui, rassemble et transforme des documents déclassifiés provenant des archives du gouvernements des États-Unis. Il s’agit pour lui d’explorer, de façon critique et esthétique, la photographie au service de l’impérialisme américain. Lisa Sartorio travaille à partir de clichés de ruines, sans présence humaine, trouvés sur Internet, pour réactiver la mémoire des images de guerre. Enfin, dans After War Parallax, Orianne Ciantar Olive entremêle des paysages et des visages, immortalisés en Bosnie-Herzégovine et au Liban, pour semer le trouble et mieux interroger la manière dont nous nous identifions ou non à un conflit étranger. Les pages de Fisheye #63 se découvrent et se méditent dès à présent !

Nos dernières publications
Voir tous les magazines
Fisheye Magazine #64 Ressource
Fisheye Magazine #64 Ressource
« Souvent subtils, difficiles à détecter et paraissant insignifiants ou sans rapport avec les courants dominants, les signaux faibles...
Mars 2024
Fisheye Magazine #62 Songe
© Fisheye Magazine
Fisheye Magazine #62 Songe
« Alors que le monde s’embrase à nouveau pour un bout de terre aux marges de la Méditerranée, cela nous rappelle avec vigueur la...
Novembre 2023
Fisheye Magazine #60 10 ans
Fisheye Magazine #60 10 ans
« Nous y voilà. 10 ans. 60 numéros. 9 000 pages – sans compter les hors-séries et les livres. Plus de 500 portfolios imprimés. 8 000...
Juillet 2023
Fisheye Magazine #59 Apparence
Fisheye Magazine #59 Apparence
Pour cette livrée printanière, nous vous embarquons dans un voyage autour des apparences. Celles qui trompent, révèlent ou déstabilisent....
Mai 2023
Sub #02 Ilmatar, Momo Okabe
Sub #02 Ilmatar, Momo Okabe
Développée durant six années, la série Ilmatar, propose d’accompagner la grossesse de la photographe Momo Okabe, démarrée au moyen d’une fécondation in vitro.
12€
Sub #01 Le plus beau jour de ma vie, Jean-Christian Bourcart
Sub #01 Le plus beau jour de ma vie, Jean-Christian Bourcart
Jean-Christian Bourcart propose dans sa série un album familial loufoque et décalé, composé de photos de mariages sauvées de l’oubli.
12€
Christopher Barraja – De chlore et de rosé
Christopher Barraja – De chlore et de rosé
De chlore et de rosé présente cinq étés d’ivresse passés sur la Riviera française. Des images d’insouciance et d’indolence défilent avec un parfum étrange.
40€
Almudena Romero - The Pigment Change
Almudena Romero - The Pigment Change
Dans le travail d'Almudena Romero, pas de pixels ni même de grain, seulement de la chlorophylle. Ainsi, elle forme une œuvre littéralement vivante, mais aussi éphémère.
65€
Nos derniers articles
Voir tous les articles
Instax mini 99 : les couleurs instantanées d’Aliocha Boi et Christopher Barraja 
© Christopher Barraja
Instax mini 99 : les couleurs instantanées d’Aliocha Boi et Christopher Barraja 
La photographie analogique ne cesse de séduire un large public. Pour Fujifilm, Aliocha Boi et Christopher Barraja s’emparent de l’Instax...
26 avril 2024   •  
Écrit par Fisheye Magazine
Isabelle Vaillant : récits d’une construction intime
© Isabelle Vaillant
Isabelle Vaillant : récits d’une construction intime
Jusqu’au 19 mai 2024, la photographe Isabelle Vaillant investit L’Enfant Sauvage, à Bruxelles, en proposant une exposition rétrospective....
26 avril 2024   •  
Écrit par Costanza Spina
Hailun Ma, pour l'amour du Xinjiang
© Hailun Ma, Kashi Youth (2023) / Courtesy of the artist, Gaotai Gallery and PHOTOFAIRS Shanghai (25-28 avril, Shanghai Exhibition Centre)
Hailun Ma, pour l’amour du Xinjiang
Que savons-nous de la vie des jeunes de la province du Xinjiang, en Chine ? Probablement pas grand-chose. C’est justement dans une...
26 avril 2024   •  
Écrit par Milena Ill
Quand les photographes utilisent la broderie pour recomposer le passé
© Carolle Bénitah
Quand les photographes utilisent la broderie pour recomposer le passé
Les photographes publié·es sur Fisheye ne cessent de raconter, par le biais des images, les préoccupations de notre époque. Parmi les...
25 avril 2024   •  
Écrit par Apolline Coëffet