Nos coups de cœur #402, Tony Wang et Eliza Bourner, s’inspirent de leur environnement pour créer. L’un capture les textures et les lumières de New York, quand l’autre dénonce le culte de la perfection perpétué par notre société.
Tony Wang
Installé à New York, Tony Wang fait de ce lieu son terrain de jeu. Inspiré par les paysages urbains et les mouvements des corps – notamment la grâce et la légèreté de la danse – il s’attache à capter l’insignifiant, l’action pour donner à voir la splendeur du détail. C’est à l’École d’art Tisch de la Grosse Pomme que l’artiste fait ses armes. Tout en travaillant à obtenir son diplôme, il poursuit ses pérégrinations le long des avenues, à la recherche de moments magiques à souligner. « Ma série Urban Hallucination est une étude visuelle expérimentale qui met en lumière le tranquille et le tendre au cœur du chaos. En posant mon regard sur le minuscule, je m’éloigne du bruit et du tumulte de la ville. En rognant mes images et en jouant avec les compositions, je parviens à montrer la métropole en pleine introspection », commente-t-il. Dans le flux perpétuel d’humains, de voitures, de gyrophares et de gratte-ciel, Tony Wang pointe son objectif vers l’abstrait. Un dos anonyme, un rayon lumineux dans une ruelle sombre, la fumée d’un repas, l’éclat d’un bijou kitsch… En s’éloignant du sens premier, l’auteur transforme New York en un monde de lumières et de textures. Une promenade atypique loin du maximalisme propre au territoire américain.
© Tony Wang
Eliza Bourner
« J’explore la psychologie et l’émotion dans notre culture consumériste. J’aime aborder des thématiques qui sont souvent laissées de côté, comme la manière dont le monde moderne nous isole en dépit de l’avancée technologique et de l’hyperconnectivité, ou encore la façon dont on nous encourage à valoriser la productivité et la compétition – des notions qui ne nous rendent pourtant pas heureux·ses sur le long terme »
, déclare Eliza Bourner. Établie à Londres, l’artiste a grandi dans une famille créative : « ma mère était photographe de mariage, et mon père encadreur », précise-t-elle. C’est donc naturellement qu’elle se tourne elle-même vers le 8e art. Son approche du médium ? Considérée. Pour chaque image, l’autrice imagine la scène entière, place chaque objet avec précision, et dirige méticuleusement ses modèles. L’ambiance est ensuite convoquée grâce à la lumière – véritable protagoniste distillant une tension certaine dans ses créations. « J’essaie d’imiter la rigidité des attentes sociétales. L’impression que rien ne doit dépasser. Cette attente de la perfection est parfois écrasante. Si tout semble droit dans mes images, j’y ajoute une certaine maladresse, qui n’est pas naturelle », explique-t-elle. Une étrangeté qui nous renvoie à nos propres travers, prisonnier·es d’un système au poids écrasant.
© Eliza Bourner
Image d’ouverture : © Eliza Bourner