« Après l’été » : Roberto Badin se livre à un voyage en terrain connu

16 mars 2023   •  
Écrit par Apolline Coëffet
« Après l’été » : Roberto Badin se livre à un voyage en terrain connu
Dans un ouvrage nommé Après l’été, publié ce jour aux éditions 37.2, Roberto Badin prolonge la saison chaude en esquissant les contours d’une cité balnéaire vidée de ses touristes. Pensé comme un voyage en terre quotidienne, l’ensemble de 135 clichés donne à voir une autre existence, tout aussi chaleureuse.

Dans la chaleur des rues d’un mois de septembre, la ville renoue avec la quiétude de la saison creuse. Désertées par les êtres de passage qui y ont profité de l’été, la vie reprend son cours sous un autre jour, encore baigné de cette lumière dorée qui fait le charme du sud. « Quand on décide de vivre dans une ville comme Biarritz qui, les vacances venues, est synonyme de mouvement, de foule, de bruit et de rencontres perpétuelles, le quotidien est bouleversé. La période hors-saison soulève un intérêt différent. C’est à ce moment-là que l’on retrouve toute l’âme de l’espace qui nous entoure », assure Roberto Badin. Originaire de Rio de Janeiro, le photographe a emménagé au Pays basque il y a quelques années maintenant. Si la région l’inspire chaque jour, l’arrivée du Covid a freiné sa créativité. « La situation nous était imposée et tout le monde pouvait faire la même chose ou presque. Ça devenait du reportage et ça m’a bloqué. Contrairement à beaucoup, je n’ai pas fait de photo de tout le confinement », poursuit-il.

Prolonger l’allégresse de la saison

En septembre 2021, aux prémices d’un retour à la normale, alors qu’il reprend goût au 8e art, Roberto Badin décide de se livrer à une cartographie imagée du territoire qu’il habite. À la manière d’un jeu de piste, il se plaît à disséminer des indices, de telle sorte à ce que celui ou celle qui parcourt l’ouvrage puisse retrouver la trace de ces lieux, toujours en proie à « l’évolution rapide des quartiers ». À l’instar d’un voyageur en terrain connu, l’artiste fixe également une échéance à ses pérégrinations qui se limitent à d’étonnantes frontières. « Quand j’ai commencé ce projet, je me déplaçais seulement à pied. Je notais systématiquement le nom des endroits où je prenais mes photos car j’aimais bien l’idée d’en titrer certaines d’entre elles de cette façon. Je me suis rendu compte que la distance que je couvrais, quel que soit le sens dans lequel j’allais, était à peu près la même : 4 kilomètres. Hasard ou non, il se trouve que la plage de Copacabana, que je traversais tous les jours lorsque j’habitais au Brésil, fait également 4 kilomètres », remarque-t-il.

Si le souvenir semble avoir imprégné la série tout entière, il s’exprime ici non pas dans la nostalgie d’un instant évanoui, mais dans l’inspiration, « cette espèce de bagage culturel qui nous suit » et nourrit notre regard sur le monde. Comme le suggère son auteur, Après l’été se présente comme un de ces petits romans d’été que l’on emporterait à la plage et que l’on aurait plaisir à finir à l’automne. Entre ses pages se sont glissés quelques grains de sable et nos expériences estivales. Dans le charme léger du commun, elles prolongent la douceur et l’allégresse de la saison qui s’achève soudain. Pareil à un « fragment de réalité que l’on redécouvre avec le temps », l’ouvrage réussit le pari de nous faire rêver à une escapade impromptue pour se délecter d’une ville balnéaire qui rayonne toute l’année.

 

Après l’été, Éditions 37.2, 160 pages, 45 €.

 

Roberto Badin sera en signature à la librairie Yvon Lambert, à Paris, ce jeudi 16 mars de 18h à 20h.

La série sera exposée à la fin de l’été, du 24 août au 1er octobre 2023, à la Galerie L’Angle, à Hendaye.

 

© Roberto Badin© Roberto Badin

© Roberto Badin

© Roberto Badin

© Roberto Badin

© Roberto Badin

© Roberto Badin

Explorez
Raï de Boris Bincoletto : oublier quelqu'un pour retrouver les autres
© Boris Binceletto
Raï de Boris Bincoletto : oublier quelqu’un pour retrouver les autres
Après Solemar, son premier livre photographique qui explorait la côte Adriatique, Boris Binceletto sort Raï, qui se situe entre la...
17 décembre 2024   •  
Écrit par Hugo Mangin
Motel 42 : Eloïse Labarbe-Lafon peint le décor d’un road trip
© Eloïse Labarbe-Lafon
Motel 42 : Eloïse Labarbe-Lafon peint le décor d’un road trip
Composé d’une quarantaine de portraits pris dans des chambres durant un road trip, Motel 42 d’Eloïse Labarbe-Lafon s’impose comme un...
06 décembre 2024   •  
Écrit par Lou Tsatsas
Marie Le Gall : photographier un Maroc intime
© Marie Le Gall
Marie Le Gall : photographier un Maroc intime
Absente depuis vingt ans, lorsque Marie Le Gall retourne enfin au Maroc, elle découvre un territoire aussi étranger que familier....
22 novembre 2024   •  
Écrit par Lou Tsatsas
Visions d'Amérique latine : la séance de rattrapage Focus !
© Alex Turner
Visions d’Amérique latine : la séance de rattrapage Focus !
Des luttes engagées des catcheuses mexicaines aux cicatrices de l’impérialisme au Guatemala en passant par une folle chronique de...
20 novembre 2024   •  
Écrit par Fisheye Magazine
Nos derniers articles
Voir tous les articles
The Color of Money and Trees: portraits de l'Amérique désaxée
©Tony Dočekal. Chad on Skid Row
The Color of Money and Trees: portraits de l’Amérique désaxée
Livre magistral de Tony Dočekal, The Color of Money and Trees aborde les marginalités américaines. Entre le Minnesota et la Californie...
21 décembre 2024   •  
Écrit par Hugo Mangin
Paysages mouvants : la jeune création investit le Jeu de Paume
© Prune Phi
Paysages mouvants : la jeune création investit le Jeu de Paume
Du 7 février au 23 mars 2025, le Jeu de Paume accueille le festival Paysages mouvants, un temps de réflexion et de découverte dédié à la...
20 décembre 2024   •  
Écrit par Costanza Spina
Mirko Ostuni : une adolescence dans les Pouilles
© Mirko Ostuni, Onde Sommerse.
Mirko Ostuni : une adolescence dans les Pouilles
Dans Onde Sommerse, Mirko Ostuni dresse le portrait de sa propre génération se mouvant au cœur des Pouilles. Cette jeunesse tendre et...
20 décembre 2024   •  
Écrit par Marie Baranger
Ces séries photographiques qui cherchent à guérir les blessures
© Maurine Tric
Ces séries photographiques qui cherchent à guérir les blessures
Pour certain·es artistes, la photographie a un pouvoir cathartique ou une fonction guérisseuse. Iels s'en emparent pour panser les plaies...
19 décembre 2024   •  
Écrit par Fisheye Magazine