Le photographe documentaire russe Dmitri Markov et le musicien français Aries Mond ont composé Cut off, un double objet – livre et disque – autant poétique que social. Un subtil dialogue publié aux éditions IIKKI.
« Quand on me demande pourquoi je m’intéresse au “côté désagréable de la vie”, je réponds : “Parce que j’en fais partie” ». Le photographe documentaire, travailleur social et journaliste russe Dmitri Markov donne le ton. Et il fait tellement partie de la vie que nous n’avons pas eu l’occasion d’échanger avec lui. On peut comprendre, car en Russie, Dmitri Markov est une star. Il suffit de parcourir son compte Instagram – suivi par quelque
388 000 abonnés – pour s’en convaincre. Dmitri Markov est le genre de star qui ne cesse d’œuvrer pour le social. Quand il ne photographie pas, il travaille comme bénévole. Dans Cut Off, son huitième ouvrage édité aux éditions IIKKI, ses images dialoguent avec les mélodies signées Aries Mond, un musicien français composant entre autres pour le théâtre contemporain.
Une mosaïque sans artifice
Jeux d’enfants, hommes à l’agonie ou animaux attachants, Dmitri Markov rassemble dans cet ouvrage des figurants de tout âge et de toute origine. Ses scènes de vie sobres et poignantes s’assemblent pour former une mosaïque sans artifice. D’ailleurs, c’est à l’iPhone que le jeune prodige dépeint ce théâtre postsoviétique. On se croirait dans un décor vintage et pourtant, ses images ont été réalisées ces dernières années. Ennui, alcoolisme, pauvreté… autant de problématiques sociales atemporelles que l’on devine en parcourant Cut Off. Et si notre œil occidental perçoit les restes de l’URSS, le photographe préfère immortaliser des situations quotidiennes savoureuses. « C’est triste d’entendre les gens dire que je capture le côté sordide. Je ne vois rien d’horrible sur ces photos. Ce ne sont pas seulement des “photos sociales”, comme beaucoup de gens les voient, il s’agit-là de mes rencontres et de scènes personnelles. Chaque image constitue un chapitre de ma propre histoire », précise le photographe. Une déambulation urbaine, poétique et avant tout humaine – en son et en images.
Cut Off, éditions IIKKI, 40 €, 96 p, 500 exemplaires.
© Dmitri Markov