Première lauréate du Prix Women In Motion lancé par Kering en 2019, Susan Meiselas fait l’objet aujourd’hui d’un hors-série chez Fisheye. Retour sur une œuvre pléthorique aux préoccupations sociales et culturelles.
Quatrième volet de notre collaboration avec Kering et son Prix Women In Motion – promouvant et encourageant les femmes photographes –, le hors-série Fisheye consacré à Susan Meiselas est disponible en kiosque. Après Sabine Weiss, Babette Mangolte et Liz Johnson Artur, place au parcours exemplaire de la photoreporter américaine. De sa célèbre série Carnaval Strippers, sur le strip-tease forain à Archives of Abuse, une série de collages sur les violences domestiques faites aux femmes, en passant par ses premiers pas dans l’agence Magnum, l’opus revient sur l’œuvre d’une « pionnière engagée ». Une mise en lumière bienvenue, où se mêlent des interventions de spécialistes issu·es du monde de la photographie, des images inédites de l’artiste et des archives retraçant son chemin.
© Fisheye Magazine
Une photographe qui « échappe » aux nomenclatures du 8e art
« Susan Meiselas est-elle une photographe féministe ? Et d’abord, est-elle seulement « photographe » ? Son travail semble déborder les cadres traditionnels et échapper aux catégories : même le mot de « photographe » ne recouvre pas tout à fait les différentes facettes de son activité, qui va de la collecte ethnographique aux ateliers participatifs en passant par le film ou l’édition. Si elle inspire aujourd’hui une nouvelle génération engagée pour la cause des femmes, Susan Meiselas ne revendique aucune étiquette stricte. (…) Son engagement passe moins par les discours que par son travail de terrain », écrit Clara Bouveresse, historienne de la photographie. Chez Susan Meiselas, tout est foncièrement humain avant d’être politique. Derrière son objectif, chaque sujet est appréhendé autant d’attention que de bienveillance. En résulte un ensemble documentaire sensible, où toutes les situations – même les plus complexes – sont dépeintes de la façon la plus honnête possible. En rejoignant à 28 ans les rangs de l’agence Magnum, elle devenait l’une des premières femmes photographes à y accéder et ouvrait par la suite la voie à de nombreuses autres artistes talentueuses. Une (re)découverte nécessaire.
© Fisheye Magazine
Image d’ouverture : Susan Meiselas sur le tournage de « Living at Risk » Wiwili, Nicaragua 1984