Durant le confinement, le photographe maroco-belge Mous Lambarat a lancé un appel à l’intention des musulmans du monde entier. Le résultat ? Une mosaïque de tapis de prières colorée et fédératrice. Cet article est à retrouver dans le dossier de notre dernier numéro.
« Chaque fois que je priais, je me disais qu’il fallait faire quelque chose. J’ai toujours trouvé les tapis de prière sublimes, mais il m’aurait fallu toute une vie pour en collectionner suffisamment », annonce Mous Lamrabat. Avec le confinement, son désir est devenu réalité. Après un appel à participation lancé sur les réseaux sociaux, de nombreux fidèles ont répondu présents. Un projet humain avant d’être photographique. Pour preuve, il ne possède aucun titre pour le moment. « Nous savions tous que ce ramadan 2020 allait être étrange. Je voulais établir un lien avec les autres personnes qui jeûnaient aux quatre coins du monde. Pour beaucoup de gens seuls, c’est une période difficile. C’est comme être sans famille la veille de Noël, mais durant un mois entier », ajoute le photographe.
Né et élevé dans l’islam, Mous Lamrabat assume son attachement à la religion. « L’islam, comme tant d’autres religions, est constitué de belles morales. Lorsque les gens me demandent comment je peux être si positif et gentil, je leur réponds que je suis musulman. » Durant le confinement, il a regardé une conférence dont il a retenu une idée essentielle : « La spiritualité sera la seule chose qui maintiendra l’humanité. Les gens devraient lire davantage sur la religion, pas pour devenir religieux mais pour trouver un sens à leur vie. » « Mon tapis? C’est la moitié de mètre carré sur laquelle je parle à Dieu », confie-t-il. En magnifiant un objet au demeurant intime, Mous Lamrabat a réussi à réunir des individus d’univers différents. Un exploit quand on sait que la crise du Covid-19 a donné lieu à une augmentation des comportements de repli sur soi. « Nos vêtements et nos maisons diffèrent, mais en fin de journée les tapis pointent tous vers le même endroit. » Encore aujourd’hui, Mous Lamrabat reçoit des mails de destinataires qui se sont amusés à faire ces images. « Je leur ai juste lancé une idée, et ils en ont fait une magnifique œuvre d’art. Je ne suis pas près d’oublier ce ramadan », conclut l’artiste. Et nous non plus : la collecte constitue une mosaïque fédératrice. Une vision positive plus que bienvenue en ces temps singuliers.
Cet article est à retrouver dans Fisheye #43, en kiosque et disponible ici.
© Mous Lamrabat