Ils s’appelaient Rémy, Mohamed, Djamal, Plamen, Lise, Apostolos, Joseph, Dargye, Dorje, Jean-Louis, Kamel, Éric et “ils se sont immolés pour se faire entendre”. Vous en avez déjà entendu parler, mais vous les avez oubliés. Car l’actualité n’a pas de mémoire. Samuel Bollendorff, lui, s’en souvient. Le vide qui a suivi ces immolations, traités comme des faits-divers, l’a marqué. C’est pourquoi il a décidé de leur consacrer ce travail: “Le Grand Incendie”. Après un webdocumentaire et un livre, “Le Grand Incendie” s’expose désormais à Arles jusqu’au 8 août prochain.
S’immoler sur la place publique, c’est convoquer la responsabilité d’une entreprise, d’une institution, d’un État. Le choix des lieux pointés par ces actes fait sens et constitue une part du message. Samuel Bollendorff en a photographié 11, en France et à l’étranger:
«Comment rendre compte ? Nul besoin de donner à voir la violence d’une immolation pour être sensible à un tel événement, pour en recevoir l’onde de choc. Au contraire. Le calme et le vide des lieux nourrissent l’imaginaire de chacun. L’orchestration du déni figure l’horreur.»
En France, entre 2011 et 2013, une personne s’est immolée par le feu sur la place publique tous les 15 jours. De Jan Palach aux moines tibétains, l’immolation par le feu apparaît, partout et de tout temps, comme un acte de protestation ultime. Pourtant le déni les condamne à l’oubli. Samuel Bollendorff les en sort. Son travail bouleversant met en exergue le silence aberrant qui succède au cri; à la violence d’un acte face au désespoir.
En (sa)voir plus
→ Retrouvez l’intégralité du webdoc “Le Grand Incendie”, sur le site de FranceTV
→ Rendez-vous sur le site de Samuel Bollendorff, ICI
→ Le site de la Galerie de Jour Agnès B. : www.galeriedujour.com
→ Le site des éditions Textuel, par ICI.