La troisième édition de la Carte Blanche – étudiants, organisée par Paris Photo, la fondation Picto et SNCF, donne à voir les travaux de Samuel Fordham, Chris Hoare, Fernando Marante et Giulia Parlato. Quatre jeunes photographes aux univers singuliers.
Plus de 200 écoles européennes ont participé à l’appel à candidatures de Carte Blanche – étudiants 2019, un événement organisé par Paris Photo, la Picto Fondation et la SNCF. Pour la troisième année consécutive, quatre étudiants ont été sélectionnés : Samuel Fordham, Chris Hoare, Fernando Marante et Giulia Parlato. Les jeunes artistes verront leurs séries projetées sur des écrans géants à Paris Gare du Nord du 10 octobre au 20 novembre, et seront exposés à Paris Photo. Cette année encore, la carte blanche fait la part belle à l’expérimentation et l’imagination. Chaque photographe interroge le médium photographique et leur environnement avec une remarquable créativité.
Philosophie, politique et société
Quatre visions, quatre univers remarquables, inspirés par les notions de philosophie, de politique et de société. Inspiré par la versatilité de l’art, Samuel Fordham livre avec C-R92/BY un récit intime à la croisée des disciplines. À partir de témoignages, de documents et de sa propre histoire, le photographe met en lumière un projet de loi britannique menaçant les familles dont un membre ne fait pas partie de l’Espace économique européen. Comment nouer des liens sans contact physique ? Une image peut-elle suffire ? Au cœur d’un projet complexe, l’artiste peint une société contemporaine fragile, luttant pour rester soudée.
© Samuel Fordham
Le photographe britannique Chris Hoare a vécu un an en Australie, fasciné par les richesses du pays, considéré comme extrêmement chanceux. En s’appuyant sur le best-seller de Donald Horne Lucky Country, et la vie de l’héritière milliardaire Gina Rinehart, il met en contraste les ressources naturelles du territoire et ses habitants. Si la splendeur australienne laisse rêveur, les discriminations contre les populations aborigènes et le goût des habitants pour le jeu restent souvent dissimulés. Un portrait fascinant d’une espace nuancé.
La photographie peut-elle être abstraite ? Pour Fernando Marante, le médium possède toujours un lien avec un référent dans le monde physique. L’artiste repousse les limites du réel, en représentant des objets d’une manière paradoxale. En jouant avec la durée d’exposition et le mouvement, il réalise des œuvres uniques, résultats d’un champ infini de possibilité. Géométriques et délicieusement surréalistes, ses créations semblent nous interroger : qu’est-ce qu’un objet, finalement ?
Dans Diachronicles, Giulia Parlato invite le regardeur à pénétrer dans un univers où réel et fantasme se mêlent. En reconstituant le passé, la photographe y ajoute des objets enterrés, déplacés, transformés, jouant avec notre perception de la réalité. De ses créations émerge un monde fantomatique, au cœur duquel les éléments influent sur notre propre interprétation. Un terrain archéologique, que nous sommes invités à fouiller, à contredire, à la recherche d’une légitimité académique inaccessible. Un travail aussi fascinant que déroutant.
© Chris Hoare
© Fernando Marante
© Giulia Parlato
Image d’ouverture : © Giulia Parlato