Jusqu’au 23 novembre, la Galerie des Filles du Clavaire accueille Désidération : Prologue, une exposition pensée par SMITH. Une quête à la recherche des traces qui nous relie au cosmos.
« Désidéré. de.si.de.ʁe n. [ANTHROP.] Les désidéré.es se définissent eux-mêmes comme une humanité souffrant de l’absence de sidération, c’est-à-dire de lien organique avec les étoiles. » Cette définition partielle de ce qu’est l’état de désidération, se loge dans l’œuvre de SMITH actuellement présentée à la Galerie des Filles du Calvaire. L’exploration de ce concept par l’artiste né de sa rencontre avec l’astrophysicien Jean-Philippe Uzan et s’inspire de la théorie de la panspermie. D’après cette dernière, l’origine de la vie sur Terre prendrait racine dans une contamination extra-terrestre notamment par les molécules transportées par les météorites. Cette théorie est ancienne, mais est régulièrement discutée (pour exemple, les débats autour de la météorite d’Orgueil qui s’écrasa en France en 1864 et dont un fragment est conservé au Musée d’histoire naturelle de Montauban).
Pour penser ces origines supposées et la désidération, SMITH et Jean-Philippe Uzan, rejoints par l’écrivain Lucien Raphmaj ont créé la Cellule Cosmiel. À travers elle, le plasticien continue son travail sur les questions de transmutation, d’hybridation, celles du genre ou encore de la biotechnologie. Pour cette exposition proposée par la Galerie des Filles du Calvaire et en partie visible à Paris Photo 2019, a également fait appel au studio DIPLOMATES pour sa scénographie. Le compositeur américain Akira Rabelais a quant à lui posé ses nappes sonores sur les œuvres matérialisées. Un ensemble que l’artiste aime définir comme « indisciplinaire ». Photographies évidemment, mais aussi vidéos, performances, radio… jusqu’à la consommation d’un e-liquide au goût sidéral, tout a été imaginé pour convier les visiteurs à un voyage cosmique.
Le berceau de l’expérience humaine
« Il y a si peu de rêve dans ce monde que j’ai voulu transcrire une mélancolie douce qui trouverait ses fondements dans le cosmos, explique SMITH.» Pour formaliser pleinement son propos, l’artiste a réinvesti totalement l’espace, celui de la galerie. Dans une lumière tamisée et diffusée par des néons, des structures métalliques abritent des images là encore dissimulées derrière des tubes luminescents. À l’étage du lieu, le montage des œuvres produites sur près de 7 ans s’inscrit lui aussi dans une forme d’errance volontaire. Comme les êtres en construction que SMITH portraitise, les paysages incertains qu’il capture, cette scénographie est mouvante et évolutive, les clichés pouvant être déplacés au fil du temps.
Pour parfaire notre retour vers la poussière d’étoile et remédier à la problématique de la désidération, SMITH se soumettra à une fusion avec les astres. Le 23 novembre, à l’occasion de la clôture de l’exposition, l’artiste proposera à chacun une implantation cosmique dont lui-même fera l’objet. Mais de quoi s’agit-il ? Réalisée par des professionnels, ceux qui le souhaitent pourront bénéficier de l’insertion sous-cutanée d’une capsule contenant des résidus de météorite. Une façon personnelle de nous réunir avec l’infini et de renouer fraternellement avec le berceau de l’expérience humaine.
Désidération : Prologue – SMITH
Exposition du 26 octobre au 23 novembre
Galerie des Filles du Calvaire
17, rue des Filles-du-Calvaire, 75003 Paris
© SMITH / Courtesy galerie les Filles du Calvaire