« Le 24 février 2022, la Russie attaquait l’Ukraine sans sommation. Depuis, la résistance ukrainienne s’est montrée bien plus farouche qu’escomptée. Sans être un magazine d’actualité, Fisheye s’est toujours évertué à parler du monde qui l’entoure en y apportant un nouveau regard. À faire un pas de côté pour expliquer le réel grâce aux travaux des auteurs qui nous accompagnent. Ainsi depuis un an, chaque numéro est revenu sur ce conflit avec un prisme singulier », écrit Benoît Baume, directeur de la publication Fisheye, en guise d’introduction de ce numéro spécial en bien des aspects. Si, en ce triste anniversaire, il continue de faire la part belle aux artistes qui rendent compte de la guerre, son cahier central présente une autre particularité. Les photographes nous livrent des récits qui se distinguent tous par une déclinaison de noir et blanc qui rappelle, en creux, que « cette technique reste d’une modernité sans faille pourvu que le propos soit juste », poursuit-il.
Si notre 58e numéro est placé sous le signe du monochrome, les histoires que nous racontent les artistes n’en demeurent pas moins hautes en couleur. Au fil de ses clichés, Sophie Gabrielle conjugue une inclination pour l’étrange avec des peurs qui la hante. Dans Lilou – qui fait désormais l’objet d’un ouvrage publié aux éditions Fisheye –, Lucie Hodiesne Darras dépeint l’existence de son frère autiste. Jacques Sonck immortalise ses rencontres dans des portraits qui composent une étonnante fresque contemporaine. Michel Slomka donne également à voir le quotidien et les évolutions que celui-ci porte en lui. À l’aide d’images satellites, le photographe témoigne des nombreuses scarifications qui abîment le paysage ukrainien. D’une tout autre façon, Martin Atanasov illustre une ère de changement, celle survenue en Bulgarie à la fin du régime communiste. Sur une note plus légère, Bastiaan Woodt imagine ses tirages de mode comme des tableaux à la géométrie soignée.
Fisheye #58 est disponible en kiosque et sur le store.
© Philippe Fragnière
Image d’ouverture © Philippe Fragnière