Jusqu’au 16 juin, Sète accueille la 11e édition du festival de photographie documentaire ImageSingulières. Fisheye vous invite dans ses déambulations.
« Quelle splendeur ! » La festivalière qui s’est exclamée ainsi à l’entrée la Chapelle du Quartier Haut résume parfaitement la réussite qu’est l’exposition de Vanessa Winship. Le silence qu’impose le lieu, ses murs comme un écrin en noir et blanc entrent en résonance avec les photographies de l’artiste. Pour cette carte blanche, Vanessa Winship a exploré les alentours de l’étang de Thau. De cette résidence ressort un travail tout en retenue nappé d’une mélancolie douce.
Dans un autre registre, mais toujours en noir et blanc, la photographe argentine Adriana Lestido a pris ses quartiers dans le cadre idyllique du Théâtre de la mer. Elle rend un hommage sensible aux femmes de son pays. Que ce soit dans le combat des mères de la place de Mai, ses portraits de mères adolescentes ou la situation des femmes en prison, la photographe pose un regard social et intimiste sur des sujets contemporains.
L’intime est au cœur du projet de Nina Berman. Dans An autobiography of Miss Wish, la photographe de l’agence Noor, raconte en image et à travers des lettres poignantes 25 ans de relation avec son amie Kimberley. Rescapée du trafic sexuel et de la pédopornographie, Kim soigne ses démons en alternant dépendance aux drogues et séjours en hôpital psychiatrique. Ce travail mené avec Nina Berman, qui ressemble parfois à une thérapie, est sans doute aussi une façon pour Kim de se rattacher au réel.
© à g. Vanessa Winship, et à d. Adriana Lestido
Création de la bourse Laurent Troude
Le festival n’a pas complètement déserté le site désaffecté de Larosa. C’est là qu’est installée l’exposition collective Nouvelles écritures documentaires. Si la présentation des images semble pour le moins expérimentale, cette initiative montre la persistance des recherches documentaires. Sans tourner le dos aux fondamentaux de cette pratique, de jeunes photographes ou éditeurs s’engagent pour renouveler le genre. Les Utopies rouges, A Study of Assassination et Is This Tomorrow, trois projets qui reviennent à leur façon sur des faits historiques du XXe Siècle, sont présentées dans une scénographie originale.
Le week-end d’ouverture est également l’occasion de la remise de prix. Pour cette édition, ImageSingulières a tenu à distinguer le travail de Romain Laurendau en lui décernant le Grand Prix ImageSingulières/ETPA/Mediapart. Maxime Matthys a quant à lui remporté le Prix du jeune photographe. En hommage au reporter de Libération disparu tragiquement en 2018, cette année a également vu la création de la bourse Laurent Troude de la nouvelle photographie de presse. Cette bourse récompense un jeune photographe de moins de 30 ans et a été accordée à Théo Combes pour sa série Noire Méditerranée.
Les Utopies Rouges © Christopher Nunn
ImageSingulières tient ses promesses
Un ensemble d’évènements accompagnent le festival. Pour les premiers jours, chacune des expositions a fait l’objet d’un vernissage et d’une visite guidée par les photographes eux-mêmes. Des conférences, des projections face à la mer, des séances de dédicaces et des DJ sets contribuent à rendre le festival ludique et agréable. Pour être complet, un cycle de cinéma documentaire est organisé en partenariat avec la plateforme Tënk.
ImageSingulières tient ses promesses. En proposant une sélection exigeante, il révèle la créativité et la singularité d’une partie de la photographie documentaire contemporaine. En cela, il faut bien saluer le travail de sélection réalisé par le directeur artistique Gilles Favier et ses conseillers. Il faut également souligner l’implication du personnel du festival. Des équipes dirigeantes aux bénévoles, tous s’activent pour placer le visiteur dans des conditions idéales. Si ce festival est un succès, c’est en grande partie grâce à eux.
© Vanessa Winship
© Nina Berman
Image d’ouverture © Vanessa Winship