Frank Horvat s’est éteint ce mercredi 21 octobre 

21 octobre 2020   •  
Écrit par Anaïs Viand
Frank Horvat s’est éteint ce mercredi 21 octobre 

Cynique, exigeant, et incroyablement talentueux, Frank Horvat a marqué l’histoire de la photographie, de mode notamment. Il nous a quittés ce mercredi 21 octobre. Retour sur son parcours.

« Photographier, chacun le sait, signifie écrire avec la lumière. Comme Niépce et Daguerre commencèrent à le faire il y a presque deux siècles, et comme un milliard de personnes, de nos jours, le font avec leurs téléphones portables. Ce qui dans mon cas (et dans celui de quelques autres) est un peu différent ? Je suis presque plus sensible à la lumière qu’à ce qu’elle éclaire. Incontestablement une bonne photo n’est pas qu’une question de lumière, mais aussi, et surtout, de temps. Ou plutôt d’un arrêt du temps. D’où l’instant décisif de Cartier-Bresson. Mais la lumière, justement, est d’autant plus décisive qu’elle est fuyante. Comme le temps lui-même ». Il y a moins d’un an, Frank Horvat nous livrait sa définition de la bonne photo. Une définition apparue au cours d’un échange passionnant, dans son studio de photographie, à Boulogne.

C’est avec beaucoup d’émotion que nous avons appris sa disparition ce mercredi 21 octobre à l’âge de 92 ans. Né le 28 avril en 1928 à Abbazia (l’actuelle Opatijia, Croatie), de parents médecins, juifs et originaires de l’Europe Centrale, il a choisi de s’installer en France, à la fin des année 1950. C’est à cette époque qu’il rencontre Cartier-Bresson et qu’il entame sa carrière de photojournaliste, lors d’un voyage de deux ans en Asie. Dix ans plus tard, il réalise ses premières photos de mode pour quelques grands magazines tels que Elle, Vogue ou Harper’s Bazaar.  « Une bonne photo de mode, c’est un instant d’une femme », avait définit le photographe.

© Frank Horvat

Regarder, voir et prendre

Passionné par le 8e art, Frank Horvat nous dévoilait sa collection personnelle, situé au Rez-de-chaussée de son studio. Kertész, Mapplethorpe, Giacomelli, Henri Cartier-Bresson, Sebastião Salgado, ou encore Irving Penn…Horvat réunissait là des « photos non fabriquées, et des photographes qui font des choses dont je suis incapable ». En 2000, le musée Maillol, à Paris, lui avait consacré une double exposition présentant la capitale française dans les années 1950, et son « horizon visuel » (journal d’images reprenant 360 jours de découvertes). Actuellement, la Maison Robert Doisneau, à Gentilly, lui dédie une exposition. Le photographe disparaît le jour de la mise en librairie de son dernier livre, Side Walk, par l’Atelier EXB. Un ouvrage qui regroupe ses photographies – célèbres comme inédites – de New York, et démontre son grand talent de coloriste.

Cynique, sentimental, passionnant, intuitif et déroutant. Frank Horvat avait besoin de prévoir, mais restait toujours ouvert à l’inattendu et à la nouveauté. Il y a deux ans, Frank Horvat avait collaboré avec Sandra Wis pour un projet de vidéo, Le Photosophe, des instants avec Frank Horvat. Un film captivant dans lequel l’artiste revenait sur quelques-uns de ses temps forts de sa carrière, et sur la création d’une image. Aujourd’hui, plus que jamais, les paroles du photosophe résonnent comme une ode à la vie : « Regarder, voir et prendre. » Et puis, ne pas hésiter, à se « demander ce qu’on fout là ». Tel était son conseil.

© Frank Horvat© Frank Horvat© Frank Horvat

© Frank Horvat

Frank Horvat par © M. Zhong

Frank Horvat par © M. Zhong

Explorez
Le Liban suspendu de Charbel Alkhoury 
© Charbel Alkhoury
Le Liban suspendu de Charbel Alkhoury 
Avec Not Here Not There, l’artiste visuel libanais Charbel Alkhoury propose un ouvrage bouleversant, à mi-chemin entre mémoire intime et...
08 août 2025   •  
Écrit par Cassandre Thomas
Chloe Sharrock : chants de bataille
© Chloe Sharrock / MYOP
Chloe Sharrock : chants de bataille
Photojournaliste de profession, Chloe Sharrock a couvert de nombreux conflits. Dans Il hurlait encore, la membre de l’agence MYOP...
07 août 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Visa pour l’image 2025 : récits d’un monde en crise
Des chèvres se tiennent près d’une maison alors que l’incendie de Thompson progresse à Oroville. 2 juillet 2024. © Josh Edelson / AFP
Visa pour l’image 2025 : récits d’un monde en crise
Du 30 août au 14 septembre 2025, Perpignan accueille la 37e édition de Visa pour l’image, le grand rendez-vous international du...
06 août 2025   •  
Écrit par Cassandre Thomas
5 questions à Nyo Jinyong Lian : la fiction pour (re)faire société
Intrusion, de la série Trust Me © Nyo Jinyong Lian
5 questions à Nyo Jinyong Lian : la fiction pour (re)faire société
L’artiste chinoise Nyo Jinyong Lian, récemment diplômée des Beaux-Arts de Paris et lauréate du prix Jeunes Talents 2025 des Agents...
06 août 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Nos derniers articles
Voir tous les articles
Du silence aux images : le mentorat des Filles de la photo
© Claire Delfino
Du silence aux images : le mentorat des Filles de la photo
Quand la photographie devient le lieu d’un tissage mémoriel, politique et sensible, le mentorat des Filles de la Photo affirme toute sa...
Il y a 9 heures   •  
Écrit par Costanza Spina
La sélection Instagram #519 : évasion infinie
© Giorgia Pastorelli / Instagram
La sélection Instagram #519 : évasion infinie
Liberté. Ce mot résonne avec le clairon de l’été. Les artistes de notre sélection Instagram de la semaine célèbrent la douceur et le...
12 août 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Dans l'œil de Jonathan Chandi : un clip dans un monde parallèle
© Jonathan Chandi
Dans l’œil de Jonathan Chandi : un clip dans un monde parallèle
Aujourd’hui, plongée dans l’œil de Jonathan Chandi, photographe autodidacte belge. L’artiste réinterprète avec une grande délicatesse et...
11 août 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Les coups de cœur #554 : Katarina Marković et Marine Payré
© Katarina Marković
Les coups de cœur #554 : Katarina Marković et Marine Payré
Katarina Marković et Marine Payré, nos coups de cœur de la semaine, apprécient jouer avec le flou dans leurs portraits. La première les...
11 août 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet