Cette semaine, dans « Regardez voir », la journaliste Brigitte Patient s’intéresse à deux expositions: la première, au Jeu de Paume, à Paris, rend hommage à l’œuvre unique de Susan Meiselas. La seconde, au Pavillon Populaire de Montpellier, nous fait voyager jusqu’en Algérie, en 1935.
À Paris, Médiations, une rétrospective sur la photographe Susan Meiselas, débute au Jeu de Paume. Elle couvre quarante années de la vie de cette femme, des années 1970 à nos jours. Susan Meiselas s’est fait connaître grâce à ses photos illustrant les conflits en Amérique Centrale, notamment au Nicaragua. Membre du groupe Magnum dès 1976, elle continue, tout au long de sa carrière, à explorer les souffrances des hommes. L’exposition s’articule autour de cinq salles, chacune reflétant une période particulière. La rencontre avec le peuple kurde, l’industrie du sexe, ou, plus récemment, les violences domestiques sont traitées avec une grande justesse par l’artiste. Car si Susan Meiselas traite de sujets actuels, elle ne reçoit pas de commandes et ne s’impose pas de date butoir. Elle s’immerge, au contraire, dans les sujets qu’elle explore, s’imprégnant de ses modèles. Une exposition dense et passionnante.
© Susan Meiselas
Nous partons ensuite à Montpellier, où l’exposition Aurès 1935 se tient au Pavillon Populaire. La ville de Montpellier s’attache cette année à illustrer la relation entre photographie et histoire. La première partie de la saga se penche sur la pratique ethnologique, très courante dans les années 1930. Deux chercheuses, Thérèse Rivière et la femme de lettres Germaine Tillion, se voient confier une mission d’étude en Aurès, une région d’Algérie en lisière du Sahara. Là-bas, elles découvrent le peuple berbère, cœur de la lutte indépendantiste qui grandit dès les années 1930. Les deux photographes, chacune à leur manière, enquêtent pour essayer de comprendre cette société, et ses liens avec les colons. À travers deux approches très différentes, l’une frontale, directe, et l’autre plus immersive et participative, l’exposition nous emmènent à la rencontre d’un peuple fascinant.
© Thérèse Rivière
Image de couverture : © Susan Meiselas