La galerie Templon accueille On the water’s edge jusqu’au 7 mars 2020. Le photographe américain James Casebere imagine dans cette exposition l’architecture de demain. Un voyage dans le futur où le monde sera submergé par le dérèglement climatique.
Et si une terrible montée des eaux survenait demain ? James Casebere a la solution. Cet artiste à l’imaginaire utopiste, crée un univers architectural sur pilotis. Ce photographe originaire du Michigan, aux États-Unis, est l’un des fondateurs de la staged photography. À l’instar de Jeff Wall et Gregory Crewdson, il pratique la photographie de mise en scène, et ne cesse d’interroger le rapport au réel. Dans On the water’s edge, des structures hybrides minimalistes s’imposent dans des paysages maritimes et déserts.
« À partir de polystyrène, il construit des maquettes de 50 centimètres de haut environ. Ensuite, il fabrique de l’eau avec de la résine. S’en suit tout un travail d’éclairage et de post-production », explique minutieusement Anne-Claudie Coric, directrice de la Galerie Templon. « Il joue sur cette dissonance de perception », poursuit cette dernière. À l’image d’une société où les humains ne cessent de se diviser, le plasticien instaure une dichotomie des couleurs. De vifs coloris se confrontent à des tons plus foncés. Suggéré et non imposé, le message politique s’installe dans le silence.
La beauté illusoire d’un désastre écologique
Telle une épée de Damoclès, le réchauffement climatique trône au-dessus de nos têtes. Pour James Casebere, influencé par le mouvement artistique Arts and Crafts daté des années 1900, l’architecture peut changer les rapports sociaux et politiques. Considéré comme réformateur, ce courant artistique s’est développé pour contrer la crainte de la dégradation de notre environnement et de nos rapports sociaux devant le progrès. Par la réalisation de demeures, de miradors, de cabanes ou toutes autres tentatives de tour de Babel, l’artiste invite à une réflexion collective autour des catastrophes naturelles. « Son travail est engagé politiquement, mais pas de manière radicale ou évidente », ajoute Anne-Claudie Coric. Ses œuvres n’invitent pas à la polémique, elles apaisent et installent une certaine sérénité.
Depuis la porte d’entrée de la galerie Templon, le visiteur est happé par la grandeur des tableaux. Ce format affriolant – environ 170 x 120 cm – permet l’engagement du corps tout entier. L’art politique de ce projet émerveille autant qu’il effraie pour qui saura décrypter le message écologique. On the water’s edge dépeint un monde dystopique qui toque à notre porte.
On the water’s edge
Du 11 janvier au 7 mars 2020
30 rue Beaubourg, 75003 Paris
© James Casebere