Prix HSBC 2020 : deux approches sensibles

26 février 2020   •  
Écrit par Lou Tsatsas
Prix HSBC 2020 : deux approches sensibles

Le 25 février, le Prix HSBC a récompensé deux lauréates : Louise Honée et Charlotte Mano. Deux photographes sensibles, croisant récits intimes et documentaires avec justesse.

Depuis 25 ans, le Prix HSBC pour la photographie s’engage à promouvoir les artistes émergents. À la clé ? La réalisation d’une première monographie, une exposition itinérante, et une aide à la production de nouvelles œuvres. Chaque année, un conseiller artistique sélectionne une dizaine de candidats prometteurs. « Les douze finalistes 2020 ont l’ambition de s’être attelés à de grands projets, qu’ils soient intimes et personnels, politiques, écologiques ou historiques. Tous sont traversés par des prises de conscience », déclare Fannie Escoulen, conseillère artistique de cette nouvelle édition. Parmi ces « douze talents portant un regard sur le monde tel qu’il est, tel qu’il va – ou ne va pas », deux femmes photographes se sont distinguées : Louise Honée et Charlotte Mano.

Poétiser le quotidien

Complémentaires, les deux lauréates cultivent toutes deux un désir de poétiser le quotidien. Diplômée en histoire de l’art, Louise Honée, photographe néerlandaise, se spécialise dans le documentaire et le portrait, et capture d’ordinaire une jeunesse pleine d’espoir. Pour réaliser We love where we live, elle s’est rendue dans le comté de McDowell, en Virginie-Occidentale. Un territoire dont la richesse dépendait autrefois de l’exploitation du charbon. Affaiblie par la crise économique et la fermeture des mines, la ville se vide, s’efface. « Quelque part sur la route se trouve un panneau portant l’inscription : We love where we live. Je reste fascinée par cette contradiction apparente : les problèmes évidents de la région, et l’intense solidarité des gens », raconte Louise Honée. À travers ses images, les contrastes apparaissent, évoquant la vulnérabilité comme la détermination, la beauté comme la peur.

© Louise Honée

© Louise Honée

C’est aux Gobelins que Charlotte Mano s’est formé au 8e art, après des études en lettres et en communication culturelle. Depuis, elle développe une œuvre intime, travaillant sur les corps, les sensations, les émotions. Avec Thank you mum, l’artiste met au point une thérapie visuelle. « Je photographie ma mère depuis qu’elle est atteinte d’une maladie incurable (un an et demi). Que faire lorsqu’on se retrouve face à un destin que l’on sait déjà sombre ? » s’interroge-t-elle. Commencé comme un travail sur la relation mère-fille, le projet se transforme naturellement en un hommage à cette figure maternelle. Un récit métaphorique, multipliant les symboles et les élans poétiques. « On ne peut nier l’atmosphère étrange, presque ésotérique et de l’ordre du rituel, comme si je cherchais par tous les moyens à conjurer le mauvais sort », précise la photographe. Une déclaration d’amour poignante.

© Charlotte Mano© Charlotte Mano

© Charlotte Mano

© Charlotte Mano© Charlotte Mano

© Charlotte Mano

© Louise Honée

© Louise Honée© Louise Honée

© Louise Honée

© Louise Honée

Image d’ouverture : © Louise Honée

Explorez
Charlotte Abramow sort une édition augmentée de Maurice, Tristesse et rigolade
© Charlotte Abramow
Charlotte Abramow sort une édition augmentée de Maurice, Tristesse et rigolade
Sept ans après la sortie de Maurice, Tristesse et rigolade, Charlotte Abramow s’apprête à en publier un volume augmenté, toujours aux...
23 septembre 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Les images de la semaine du 15 septembre 2025 : intimité réinventée
© João Mendes / Instagram
Les images de la semaine du 15 septembre 2025 : intimité réinventée
C’est l’heure du récap ! Questionnements existentiels, identité, archives étrangères ou personnelles… Cette semaine, l’intimité se trouve...
21 septembre 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
La sélection Instagram #524 : espaces intimes
© Sara Lepore / Instagram
La sélection Instagram #524 : espaces intimes
La maison se fait à la fois abri du monde et porte vers le dehors, espace de l’intime et miroir de nos modes de vie. Les artistes de...
16 septembre 2025   •  
Écrit par Lucie Donzelot
5 coups de cœur qui témoignent d'un quotidien
I **** New York © Ludwig Favre
5 coups de cœur qui témoignent d’un quotidien
Tous les lundis, nous partageons les projets de deux photographes qui ont retenu notre attention dans nos coups de cœur. Cette semaine...
15 septembre 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Nos derniers articles
Voir tous les articles
Zone i 2025 : faire vivre les images au temps présent
© Martin Bogren
Zone i 2025 : faire vivre les images au temps présent
La 7e édition des Rencontres Image & Environnement de Zone i a eu lieu du 12 au 14 septembre 2025 à Thoré-la-Rochette, dans le...
Il y a 9 heures   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Contenu sensible
Marvin Bonheur et Sofiya Loriashvili rejoignent la collection SUB de Fisheye Éditions !
Only you and me © Sofiya Loriashvili
Marvin Bonheur et Sofiya Loriashvili rejoignent la collection SUB de Fisheye Éditions !
Forte de son nom faisant à la fois référence à la subculture, la subversion et au mot « suburb » ("banlieue" en anglais), la collection...
24 septembre 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Charlotte Abramow sort une édition augmentée de Maurice, Tristesse et rigolade
© Charlotte Abramow
Charlotte Abramow sort une édition augmentée de Maurice, Tristesse et rigolade
Sept ans après la sortie de Maurice, Tristesse et rigolade, Charlotte Abramow s’apprête à en publier un volume augmenté, toujours aux...
23 septembre 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
La sélection Instagram #525 : fragment ou totalité ?
© Michał Bugalski / Instagram
La sélection Instagram #525 : fragment ou totalité ?
L’acte photographique est un geste de découpe : l’image ne retient qu’une portion du réel, délimitée par le cadrage. Elle peut donc être...
23 septembre 2025   •  
Écrit par Lucie Donzelot