À l’espace photographique du Leica Store, Marzio Emilio Villa expose La marée de la mémoire, une recherche poétique et identitaire, entre souvenirs effacés et présent familier.
Né au Brésil en 1987, et adopté alors qu’il avait trois mois, Marzio Emilio Villa a grandi en Italie. Suite à une formation aux Beaux-Arts de Milan, où il apprend la peinture et la sculpture, l’artiste se tourne vers la photographie pour capturer la figure humaine. Ses créations, aux dimensions picturales, explorent la complexité de l’Homme et des sociétés contemporaines. L’exposition La marée de la mémoire illustre un voyage personnel, que l’auteur a entrepris afin de découvrir ses racines. « Ma mère m’a toujours dit qu’il fallait que je me rende au Brésil afin que je découvre le territoire d’où je viens. Mais j’ai attendu trente ans pour y aller », sourit-il. À l’aide d’adresses et de notes trouvées dans une boîte conservée par sa mère, Marzio Emilio Villa a planifié son périple en avance, en cherchant sur Internet les lieux qui ont marqué son passé.
Durant un unique voyage, il a capturé des lieux symboliques, chargés de souvenirs. « Je suis rentré du Brésil en mai 2018, mais je n’ai touché à mes photographies qu’en janvier 2019. J’avais besoin de prendre du recul, de les laisser vivre », confie l’artiste, qui a poursuivi sa quête en Italie, entre Milan et la Ligurie – une région où il passait ses étés lorsqu’il était plus jeune. Entre protagonistes marquants et paysages à demi oubliés, Marzio Emilio Villa construit un récit délicat, entrelaçant les notions d’absence, d’amour et de mémoire.
Aux confins de la mémoire
« J’ai l’habitude de travailler en noir et blanc, mais je suis passé à la couleur pour ce travail. Je suppose que c’est une question d’émotion, de ressenti »,
explique le photographe. La marée de la mémoire, avec ses images désaturées, laisse place à la couleur de manière presque imperceptible. Alors que l’auteur capture l’hôpital qui l’a vu naître, au Brésil, l’église dans laquelle il a été baptisé, ou encore l’orphelinat où habitait son frère, les notes de couleurs naissent, à la manière de souvenirs retrouvés. Dans des compositions rappelant les tableaux des grands peintres, Marzio Emilio Villa laisse le flux et le reflux des souvenirs colorer ses œuvres. « Certaines personnes perçoivent ce projet comme un travail triste, mais je dirais plutôt que ces images sont mélancoliques », ajoute-t-il. Au cœur des photos, sa famille apparaît, comme un ancrage dans un présent plus certain. Alors que ses voyages le conduisent aux confins de sa mémoire, le photographe laisse ses proches le guider vers des terres connues. « Mais je pense que je retournerai à nouveau au Brésil, peut-être accompagné de mon frère – nous n’y sommes jamais allés ensemble », conclut le photographe. Une série attendrissante, donnant à voir la difficile recherche de son identité.
Jusqu’au 2 novembre 2019
Espace photographique du Leica Store
105, rue du Faubourg Saint-Honoré, 75008 Paris
© Marzio Emilio Villa