Le photographe, peintre, plasticien, graphiste et réalisateur William Klein s’est éteint « paisiblement » à l’âge de 96 ans le samedi 10 septembre, à Paris. Retour sur la carrière prolifique d’un artiste touche à tout.
Né en 1928 à New York, c’est en Europe que William Klein découvre d’abord la peinture – son statut de soldat démobilisé lui permettant de s’installer à Paris, d’étudier à la Sorbonne et de s’initier au médium grâce à Fernand Léger – puis à la photographie en Italie, par le biais de l’architecture. En 1954, sa rencontre avec Alexander Liberman, directeur artistique deVogue lui permet de se frotter à la photographie de mode, qu’il révolutionne grâce à son amour des mises en scène. En parallèle, son approche atypique du médium séduit : William Klein se démarque par son goût pour les sujets sans tabou, son usage du grand angle, du grain, du flou, des contrastes et cadrages inhabituels. Son premier ouvrage, Life if Good and Good for You in New York: Trance Witness Revels ne passe pas inaperçu : il est publié à Paris, Londres et Rome, mais boudé à New York, car on le juge trop violent, trop dur.
Déconstruire les traditions
À partir des années 1960 et durant une vingtaine d’années, il se consacre à la réalisation de films. Parmi eux, Loin du Vietnam (1967), Mr Freedom (1969) ou encore Le couple témoin (1976). Un goût pour le mouvement et l’atypique que l’on retrouve également dans ces multiples monographies – notamment Close Up (1989), ou In & Out of Fashion (1994). En 2005, le Centre Pompidou inaugure une grande rétrospective de son œuvre et coédite un livre de 400 pages relatant son parcours. En 2012, c’est la Tate Modern qui lui rend hommage, à travers l’exposition William Klein + Daido Moriyama. En novembre 2022, delpire & co présentera, pour la première fois, la satire moderne Qui êtes-vous Polly Maggoo ? – film culte, produit par Robert Delpire en 1966 – sous la forme d’un roman-photo. Depuis 2019, son héritage est assuré à travers le Prix de Photographie de l’Académie des beaux-arts William Klein, doté d’une somme de 120 000 euros et récompensant un ou une artiste pour son engagement en faveur du 8e art.
Créateur polyvalent, l’auteur s’est imposé comme un lanceur de tendance, n’hésitant pas à déconstruire les traditions, à donner à voir le viscéral, le brut des villes qu’il parcourt. Un caractère tranché qui nourrit son œuvre, mais aussi certains de ces travers. Car, il y a cinq ans déjà, Benoît Baume, directeur de Fisheye, dénonçait, au cœur d’une chronique, les tendances libidineuses d’un grand monsieur : « William Klein reste un artiste capital de l’histoire de la photographie. Peut-être que durant quatre-vingts ans il a été irréprochable avec les femmes, et que le fait de devenir octogénaire lui a faire perdre ses repères. C’est peut-être le cas. Quoi qu’il en soit, je n’enverrai jamais une journaliste de la rédaction, une amie ou n’importe qui d’autre d’ailleurs passer du temps avec ce monsieur. Je ne juge pas une vie, mais son épilogue qui n’est pas acceptable. Et dans la mesure où je peux en parler, je le fais pour ne pas en devenir le complice ».
à g. William Klein © Zhong Weixing, à d. © William Klein
William Klein © DP