La World Press Photo Foundation a élu deux lauréats le 11 avril 2019. Focus sur John Moore et Pieter Ten Hoopen, des photographes touchés par la situation des migrants aux États-Unis.
Le 11 avril 2019, World Press Photo a annoncé les lauréats de sa 62e édition. Depuis 1955, l’organisation récompense, chaque année, des photojournalistes dont les images documentent des instants forts. Si le concours est composé de plusieurs catégories – environnement, enjeux contemporains, nature, actualité, etc. – deux photographes en particulier sont distingués, remportant les titres de « photographie de l’année » et « série photographique de l’année ». En 2019, ce sont les auteurs John Moore et Pieter Ten Hoopen qui ont séduit le jury. Deux récits ancrés dans l’Amérique contemporaine, témoignant des épreuves endurées par les migrants.
Deux récits bouleversants
La photographie de l’année, présentée par l’américain John Moore, a particulièrement touché l’organisation. Intitulé Crying Girl on the Border, le cliché présente une petite fille hondurienne, pleurant tandis qu’elle et sa mère, Sandra Sanchez, sont arrêtées par les douaniers à la frontière américaine, le 12 juin 2018. Toutes deux avaient voyagé durant un mois en Amérique centrale, jusqu’au Mexique, avant d’atteindre les États-Unis, espérant obtenir le droit d’asile. Un cliché poignant, reflétant la zero tolerance policy de Donald Trump. « Je pense que cette image a touché de nombreuses personnes, dont moi, parce qu’elle humanise une situation actuelle et générale », confie le photographe. Un récit bouleversant, illustrant une décision politique peu populaire, finalement abandonnée par le président américain le 20 juin 2018.
Le photographe néerlandais Pieter Ten Hoopen, membre de l’agence VU’, a quant à lui remporté le titre « série photographique de l’année ». D’octobre à novembre 2018, il a documenté l’ascension d’une caravane de migrants venus d’Amérique centrale. Un périple assurant une sécurité relative à tous les voyageurs. Originaires d’Honduras, du Nicaragua, d’El Salvador et du Guatemala, les participants fuyaient la violence et les crises économiques dans l’espoir d’une vie meilleure. « Je voulais illustrer ce désir d’être en route pour un nouveau départ. Me concentrer sur les relations humaines », précise l’auteur, qui capture un cortège ayant compté environ 7000 membres, dont plus de 2000 enfants. Avançant dans des conditions difficiles – en marchant trente kilomètres par jour, sous une chaleur étouffante – la caravane a été condamnée par Donald Trump, lui servant d’exemple pour exiger le renforcement des frontières.
En privilégiant l’émotion et l’humain, les deux photographes donnent à voir l’évolution de la migration face à une société de plus en plus intolérante. Deux projets poignants et indispensables.
© John Moore, lauréat photographie de l’année 2019
© Pieter Ten Hoope, / Agence VU, lauréat série photographique de l’année 2019
© Diane Markosian / Magnum Photos, enjeux contemporains, single 2019
© Olivia Harris, enjeux contemporains, série, 2019
© Brent Stirton / Getty Images, environnement, single, 2019
© Marco Gualazzini / Contrasto, environnement, série, 2019
Image d’ouverture : © Pieter Ten Hoope, / Agence VU