En salles depuis le 29 janvier 2020, Histoire d’un regard – À la recherche de Gilles Caron tente de rendre hommage à l’œuvre du photojournaliste. Un récit croisé signé Mariana Otero.
Mariana Otero s’est lancé un défi ô combien périlleux : enquêter sur le photojournaliste Gilles Caron, disparu au Cambodge en 1970, à 30 ans. C’est la découverte d’un épisode personnel – une photo de Caron qui résonne avec un dessin de sa mère disparue elle aussi à 30 ans – qui déclenche l’envie de mener une investigation. Dans son film Histoire d’un regard – À la recherche de Gilles Caron, on revoit alors les images des événements de l’époque: la guerre des Six Jours (1967), Mai 1968, le conflit nord-irlandais (1969-1998), la famine au Biafra (en 1968, suite à la guerre civile au Nigeria), la guerre du Vietnam (1954-1975)… une succession de photos commentées qui tracent le parcours de cet auteur parti trop tôt. Des échanges plus ou moins pertinents avec les enfants du photographe ponctuent le récit. Durant une heure et demie, la réalisatrice navigue entre les planches-contact sans vraiment tenir la barre.
En Irlande, des personnes photographiées par Gilles Caron racontent les manifestations ; au Biafra, des images accablantes traduisent les conséquences de la guerre civile; tandis qu’au Tchad, c’est Robert Pledge, photojournaliste à l’époque, qui décrit l’embuscade survenue durant leur expédition. Convenus, ces témoignages désorientent le spectateur. Comment aurait donc évolué le regard de Gilles Caron s’il n’avait pas disparu, s’interroge Mariana Otero, qui tente de définir un fil rouge dans ce travail où elle peine à s’effacer. Car le regard de la réalisatrice prend souvent le pas sur celui de l’auteur. L’immersion dans la carrière de Gilles Caron révèle néanmoins de belles surprises : des clichés oubliés – puissants et humanistes –, et des enregistrements exclusifs du photojournaliste.
© Jérôme Prébois-Archipel
© Gilles Caron / Fondation Gilles Caron / Clermes
Image d’ouverture © Gilles Caron / Fondation Gilles Caron / Clermes