Covid-19, le fantôme de Shanghaï

10 mars 2020   •  
Écrit par Cassandre Thomas
Covid-19, le fantôme de Shanghaï

De nombreuses zones géographiques sont en quarantaine, les frontières bloquées. Plus de 100 000 cas ont été recensés dans le monde. Le coronavirus hante les esprits. Dans 一个人城市 One Person City, Nicoco photographie la ville de Shanghaï vidée de toute humanité, ou presque.

« 一个人城市 One Person City est une série complètement improvisée. J’étais curieux de savoir comment une grande ville internationale, trois fois plus peuplée que New York, allait réagir face à l’incertitude du Covid-19. J’ai trouvé à Shanghaï un vide étonnant », explique Nicoco. Installé dans cette ville la plus peuplée de Chine depuis plus de six ans, ce photographe américain documente la métropole en quarantaine. Et ses clichés sont visibles sur son compte Instagram. « C’est une expérience surréaliste, comme un plateau de cinéma vide dont personne ne connaît le scénario », résume-t-il. 

Au quotidien, des millions de personnes arpentent les rues de Shanghaï. « C’est une ville étonnante où l’on voit, par exemple, dans des parcs, des séniors en survêtement faire de la danse », confie Nicoco. Depuis l’arrivée du coronavirus, la ville connaît une mise en pause radicale : « Mon expérience de la vie à Shanghaï pendant l’épidémie ?  L’isolement. Un “Où est Charlie?” avec des millions de personnes. Il y a beaucoup d’anxiété dans l’air », ajoute l’Américain. Aucune voiture ne circule sur les grands axes routiers, et les centres commerciaux et les lieux touristiques sont désertés. L’artiste dénonce la désinformation qui se propage rapidement et fait naître un sentiment de terreur chez les habitants.

© Nicoco

Apocalypse et discordance

Plus qu’une simple série visuelle, 一个人城市 One Person City souligne des faits relevant de racisme. « On reproche aux Chinois d’être responsables de la propagation de la maladie. Or, il n’y a aucune raison de craindre les asiatiques. Un vieil homme est mort dans le quartier chinois à Sydney parce que les passants avaient peur de lui faire un massage cardiaque », rappelle Nicoco agacé. Il expose une autre triste vérité : le privilège des classes. Ses clichés dévoilent seulement des agents d’entretien, des caissières, et des concierges. En résumé, des travailleurs issus d’une classe financière moins aisée obligés de se rendre sur leur lieu de travail. Comme cette femme de ménage nettoyant le sol déjà propre d’un centre commercial sans client…

L’artiste se montre néanmoins rassurant sur l’état de Shanghaï : « Même si de nombreuses entreprises risquent de ne jamais rouvrir, il y a de plus en plus de voitures et de personnes qui circulent ces derniers jours. La ville redevient comme avant et commence à délaisser son statut de cocotte-minute anxieuse ». Une série d’images où l’angoisse de la solitude se mêle à la psychose du Covid-19.

© Nicoco

© Nicoco

© Nicoco© Nicoco
© Nicoco© Nicoco

© Nicoco

© Nicoco

Explorez
Marc Riboud : dix ans de conflit vietnamien dans une exposition
À la sortie de l'école dans un village de la côte, Nord Vietnam, 1969 © Marc Riboud / Fonds Marc Riboud au musée Guimet
Marc Riboud : dix ans de conflit vietnamien dans une exposition
Le musée Guimet des Arts asiatiques et l’association Les Amis de Marc Riboud s’unissent pour présenter l’exposition Marc Riboud –...
18 avril 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Basile Pelletier et Sølve Sundsbø conversent : « La curiosité est ma principale source d'inspiration »
Le linge, 2021 © Basile Pelletier
Basile Pelletier et Sølve Sundsbø conversent : « La curiosité est ma principale source d’inspiration »
Le jeune talent Basile Pelletier, 21 ans, ancien élève de la section art et image de l’école Kourtrajmé, échange avec le photographe...
17 avril 2025   •  
Écrit par Cassandre Thomas
La sélection Instagram #502 : rebelle un jour, rebelle toujours
© Piotr Pietrus / Instagram
La sélection Instagram #502 : rebelle un jour, rebelle toujours
Les artistes de notre sélection Instagram de la semaine font résistance. Résistance contre l’oppression, contre les diktats, contre les...
15 avril 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Fotohaus Bordeaux 2025 : des existences engagées
© Olivia Gay
Fotohaus Bordeaux 2025 : des existences engagées
La quatrième édition de Fotohaus Bordeaux a commencé. Jusqu’au 27 avril 2025, l’Hôtel de Ragueneau accueille l’événement qui, cette...
12 avril 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Nos derniers articles
Voir tous les articles
Les images de la semaine du 14 avril 2025 : mémoire et conversations
© Louise Desnos
Les images de la semaine du 14 avril 2025 : mémoire et conversations
C’est l’heure du récap ! Récits intimes, histoires personnelles ou collectives, approches de la photographie… Cette semaine, la mémoire...
20 avril 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Eulogy : Sander Coers et les traumatismes intergénérationnels
© Sander Coers
Eulogy : Sander Coers et les traumatismes intergénérationnels
Au fil de ses projets, Sander Coers sonde la mémoire en s’intéressant notamment à l’influence que nos souvenirs exercent sur notre...
19 avril 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
12 expositions photographiques à découvrir en avril 2025
© Delali Ayivi
12 expositions photographiques à découvrir en avril 2025
L’arrivée du printemps fait également fleurir de nombreuses expositions. Pour occuper les journées qui s’allongent ou les week-ends...
18 avril 2025   •  
Écrit par Fisheye Magazine
Marc Riboud : dix ans de conflit vietnamien dans une exposition
À la sortie de l'école dans un village de la côte, Nord Vietnam, 1969 © Marc Riboud / Fonds Marc Riboud au musée Guimet
Marc Riboud : dix ans de conflit vietnamien dans une exposition
Le musée Guimet des Arts asiatiques et l’association Les Amis de Marc Riboud s’unissent pour présenter l’exposition Marc Riboud –...
18 avril 2025   •  
Écrit par Marie Baranger