La source d’inspiration du photographe italien Cristiano Volk ? Hippocrate et sa théorie des humeurs. Avec sa série Mélaina Cholé, l’artiste démontre que la mélancolie est un visage de la dépression.
Toujours fatigué, envie de rien… Hippocrate décrivait déjà ces symptômes dans l’Antiquité. En France, près de 3 millions de personnes sont touchées par la dépression. Selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), d’ici 2030, la dépression pourrait même devenir la maladie la plus répandue au monde. Voici le sujet qu’a choisi de traiter Cristiano Volk, un photographe italien qui vit et travaille dans la petite ville de Staranzano, située au nord-est de l’Italie. Mélaina Cholé est avant tout un projet personnel : Cristiano Volk a pendant longtemps souffert de dépression et essaye encore aujourd’hui de guérir. Et, afin de prolonger ou du moins compléter son récit personnel, il a convoqué Hippocrate et sa théorie des humeurs. Développée par Hippocrate entre 460 et 370 av. J.-C., cette doctrine a joué un rôle prépondérant dans l’histoire de la médecine. Selon la définition de l’Encyclopédie Universalis, la théorie « considère que la santé de l’âme comme celle du corps réside dans l’équilibre des humeurs — sang, phlegme, bile jaune, bile noire — et des qualités physiques — chaud, froid, sec, humide — qui les accompagnent. Toute maladie, due à un dérèglement du jeu de ces éléments, est ainsi susceptible d’une explication purement physique. C’est à une telle causalité que l’Antiquité recourt pour rendre compte notamment de la mélancolie ». Si cette approche a par la suite été discréditée, elle a eu une grande influence sur le domaine artistique.
Un outil de guérison
« La photographie, pour moi ? C’est observer le monde avec des yeux différents. J’adore me concentrer sur des détails que les gens ne remarquent pas. Je dirai que je développe une approche instinctive même si j’ai le sentiment de devenir de plus en plus rationnel », confie le photographe italien. Pour réaliser Mélaina Cholé, ce dernier s’est entre autres approprié des archives qu’il a photographié avec un objectif macro. « Je me suis ainsi focalisé sur des personnes, des gestes et des éléments de la nature », précise-t-il. La terre vue depuis l’espace, des cellules du corps humain ou encore des visages d’inconnus, Cristiano Volk a interprété à sa manière la théorie des humeurs et livre ici sa définition de la mélancolie. « Elle est un sentiment de tristesse, mais aussi une forme grave de dépression, rappelle-t-il. Cette série m’a permis de m’exprimer en toute liberté, avec passion et émotion », poursuit-il. La photographie serait-elle un outil de guérison ? Difficile à évaluer mais Cristiano Volk aura réussi à traiter la dépression avec poésie.
© Cristiano Volk