Les 7 et 8 juillet 2019, la compagnie Voix a réalisé deux performances de danse contemporaine en réalité virtuelle au Couvent Saint-Césaire, à Arles. Un spectacle unique et sublime, représentatif des possibilités infinies de la VR.
16 heures. À l’ombre du Couvent Saint-Césaire, à Arles, un public silencieux s’installe. La semaine d’ouverture des Rencontres bat son plein, pourtant, dans cette cour, l’attente est à son comble. Trois danseuses, vêtues de combinaisons pastel s’avancent au centre de l’espace, une scène improvisée. Religieusement, elles placent des casques de réalité virtuelle sur elles, et s’immobilisent, statues gracieuses et modernes. Enfin, la musique se lance, et les corps s’éveillent.
C’est un spectacle singulier qui se déroule au VR Arles Festival en cette journée estivale. Une fusion entre deux arts. D’abord immergées dans l’imaginaire, les danseuses, membres de la compagnie contemporaine Voix, ôtent ensuite les casques pour s’accaparer l’espace en toute liberté, avant d’inviter trois personnes du public à partager l’expérience avec elles. « Il s’agit d’un moment de passage entre le réel et le virtuel. Une fois les invités immergés dans la VR, les danseuses créent des liens, en activant les autres sens : le toucher, l’odeur ou même le goût », confie Margherita Bergamo, la chorégraphe. Une expérience immersive à la croisée des disciplines.
Un acte de communion
L’expérience se nomme Eve, la danse est un espace sans lieu. « Un rituel d’initiation à la VR à travers la danse », précise la chorégraphe. Chaque participant se plonge dans des histoires différentes, tournées à Barcelone, Lyon et Venise. Dans ce monde virtuel, les spectateurs invités fusionnent avec Eve, une danseuse, et sont encouragés à imiter ses mouvements. À leurs côtés, les danseuses, désormais libérées de cet univers imaginaire, virevoltent, touchant, jouant avec leurs corps. « Lorsque je touche l’épaule d’une des personnes, celle-ci voit une main la toucher dans le virtuel également », explique Margherita Bergamo. Une expérience étrange et exaltante. Les invités se prennent au jeu, et bougent, au rythme de la composition musicale, jusqu’à être libérés par les artistes pour un dernier acte de communion. Danseurs en herbe et professionnels commencent alors à se mouvoir ensemble, l’un suivant les gestes de l’autre, dans une harmonie touchante. « Pour moi, pouvoir réaliser ces simulations, rapprocher des expériences si différentes, représente l’avenir de la VR. Cette dimension virtuelle permet de montrer la danse sous un nouvel angle », ajoute la chorégraphe, qui construit ses tableaux mouvants en prenant soin d’instaurer un « avant » et « après » expérience. Temps durant lesquels les invités reprennent leur souffle et s’ancrent à nouveau dans le réel.
Unique et émouvant, Eve, la danse est un espace sans lieu donne à voir les possibilités infinies de la VR. Les corps en mouvements des trois artistes se synchronisent dans une harmonie stupéfiante au récit virtuel. Virtuoses, elles peignent des histoires avec leurs mouvements, et attirent le public dans un instant de grâce. Une expérience à part durant cette première semaine des Rencontres d’Arles.
© Laura Leroux / Fisheye