Tracer l’effacement, Morvarid K à la Fisheye Gallery

25 avril 2018   •  
Écrit par Eric Karsenty
Tracer l’effacement, Morvarid K à la Fisheye Gallery

Née en 1982 à Téhéran, Morvarid K développe depuis une dizaine d’années une œuvre qui explore des « frontières invisibles » en associant photographie, arts plastiques et performance. Sa série Once Upon A Time est présentée pour la première fois en intégralité à la Fisheye Gallery. 

« Il y a deux Iran dans mon travail. Celui dans lequel j’ai grandi jusqu’à l’âge de 10 ans, qui m’a donné les valeurs que j’ai assimilées. C’est devenu un pays imaginaire, transformé par le passage du temps et la nostalgie. Cet Iran n’existe plus, c’est celui de mon enfance. Et il y a l’Iran d’aujourd’hui, un pays dans lequel les gens et les mœurs évoluent. Mon travail oscille entre ces deux pôles, dans cet entre-deux », nous explique Morvarid K. Impossible de faire l’impasse sur ce « lien viscéral » avec ses origines pour comprendre le parcours de cette artiste de 36 ans dont la Fisheye Gallery expose aujourd’hui la série majeure Once Upon A Time (2017), à Paris.

Les images de Morvarid K interrogent régulièrement l’absurde de notre quotidien. Dans Preserved For A Better Day, en 2013, des personnes dans des scènes de la vie quotidienne sont recouvertes de draps blancs, comme ceux habituellement jetés sur des meubles pour leur éviter de prendre la poussière. Un voile qui, en masquant des hommes et des femmes, nous donne à voir l’aberration de cette situation. Un paradoxe également à l’œuvre dans Once Upon A Time : ce corpus est constitué de sept images tirées de séries précédentes et que l’artiste a patiemment recouvertes avec des kilomètres d’encre noire, au stylo bille, durant cent cinquante heures. Ce recouvrement évoque la disparition du passé, son effacement progressif et la trace qu’il en reste. Une réflexion sur la mémoire de l’image. À l’image de The Other Blue Sky : réalisée juste avant Once Upon A Time, en 2016, cette œuvre présente les résidus d’une gomme après que celle-ci a fait disparaître une image. Ou encore dans un travail antérieur, L’Effacement, en 2012 : Morvarid K s’y « s’évanouit » visuellement dans une blancheur aveuglante ou un fondu au noir. Comment révéler l’absence par la présence ? « Comment transformer quelque chose en essayant de la faire disparaître », s’interroge-t-elle. C’est un des questionnements présents dans les travaux de cette jeune artiste, comme la problématique de l’entre-deux.

L’intégralité de cet article est à retrouver dans le Fisheye #30, bientôt en kiosque.

Vernissage jeudi 26 avril à la Fisheye Gallery

© Morvarid K © Morvarid K

© Morvarid K © Morvarid K

 

© Morvarid K

Explorez
Saint-Valentin : les photographes de Fisheye montrent d’autres visions de l’amour
© Nick Prideaux
Saint-Valentin : les photographes de Fisheye montrent d’autres visions de l’amour
Les photographes de Fisheye ne cessent de raconter, par le biais des images, les préoccupations de notre époque. Parmi les thématiques...
14 février 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Dans les songes dionysiaques de Hui Choi
© Hui Choi. The Swan's Journey.
Dans les songes dionysiaques de Hui Choi
Le photographe chinois Hui Choi traduit les contradictions des émotions humaines en images empreintes de lyrisme. S’inspirant de la...
14 février 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
13 séries photo qui offrent une vision moins idyllique de l’amour
© Nolwen Michel
13 séries photo qui offrent une vision moins idyllique de l’amour
Si les relations amoureuses font rêver les plus romantiques d’entre nous, pour d’autres, elles évoquent des sentiments bien moins joyeux....
13 février 2025   •  
Écrit par Fisheye Magazine
La sélection Instagram #493 : aimer l'amour
© Giovanni Mourin / Instagram
La sélection Instagram #493 : aimer l’amour
Romance, amitié, famille, notre sélection Instagram de la semaine célèbre l’amour sous toutes ses formes, sous toutes ses expressions et...
11 février 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Nos derniers articles
Voir tous les articles
Les images de la semaine du 17.02.25 au 23.02.25 : sonder la société
© Aletheia Casey
Les images de la semaine du 17.02.25 au 23.02.25 : sonder la société
C’est l’heure du récap ! Cette semaine, les pages de Fisheye sondent la société par l’entremise de mises en scène, de travaux...
À l'instant   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Wes Anderson à la Cinémathèque : quand le cinéma devient photographie
Kara Hayward dans Moonrise Kingdom (2012), image tirée du film © DR
Wes Anderson à la Cinémathèque : quand le cinéma devient photographie
L'univers de Wes Anderson s'apparente à une galerie d'images où chaque plan pourrait figurer dans une exposition. Cela tombe à pic : du...
22 février 2025   •  
Écrit par Cassandre Thomas
A Lost Place : Aletheia Casey évoque le traumatisme des feux australiens
© Aletheia Casey
A Lost Place : Aletheia Casey évoque le traumatisme des feux australiens
À travers A Lost Place, Aletheia Casey matérialise des souvenirs traumatiques avec émotion. Résultant de cinq années de travail...
21 février 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Javier Ruiz au rythme de Chungking
© Javier Ruiz
Javier Ruiz au rythme de Chungking
Avec sa série Hong Kong, Javier Ruiz dresse le portrait d’une ville faite d’oxymores. Naviguant à travers le Chungking Mansions et les...
21 février 2025   •  
Écrit par Marie Baranger