La maison Guerlain propose une très singulière relecture de l’histoire de la photographie en s’appuyant sur des œuvres de Femmes vues par les femmes, toutes issues de la collection de la Maison européenne de la photographie. Une série d’images historiques à laquelle répond une création originale de l’artiste Valérie Belin. L’exposition se tient jusqu’au 27 août prochain.
Ce n’est pas un tour du monde en 24 clichés que nous propose la nouvelle exposition de la maison Guerlain, mais une forme de travelling accéléré de l’histoire de la photo des cinq dernières décennies en vingt-quatre images signées de quinze femmes photographes. De la militante Gisèle Freund à la reporter Christine Spengler, en passant par la photographe de mode Dominique Issermann, ou en faisant appel à des auteures de légende comme Sarah Moon, c’est à un très singulier parcours que nous invite cette Révélation.
Les femmes photographes ne sont pas légion
« La Maison européenne de la photographie a extrait de son importante collection les images les plus significatives des cinquante dernières années. Une première constatation s’impose : les femmes photographes ne sont pas légion. Le métier de photographe, fortement conditionné par un environnement socioculturel, a en effet été longtemps réservé aux hommes »,
concède Jean-Luc Monterosso dans le catalogue qui accompagne l’exposition.
L’exposition aborde le féminisme à travers le portrait de Simone de Beauvoir par Gisèle Freund; les questions sociales avec les prostituées du quartier de la Goutte d’or par Martine Barrat; les femmes sulfureuses d’Irina Ionesco, les belles inconnues de Dolorès Marat, ou la série de portraits de la jeune génération de la K-Pop. Les les quinze auteures nous font découvrir le monde autrement à travers des points de vue très différents de celui de leurs camarades masculins. « Ne pas reconnaître l’originalité et la créativité des femmes photographes relève de la cécité et, quelque part, leur attribue scandaleusement un rôle mineur dans le médium », nous confiait par ailleurs François Cheval.
À g. : © Françoise Huguier / Collection de la MEP ¦ À d. : © Valérie Belin
Liberty
En contrepoint de cette traversée de l’histoire du regard des femmes sur les femmes, la maison Guerlain a demandé à l’artiste Valérie Belin de produire une œuvre originale qui vienne poursuivre ce parcours. Bien connue pour ses différentes séries interrogeant l’archétype féminin à travers ses images de mannequins , Valérie Belin a produit une œuvre énigmatique baptisée Liberty.
Un titre évoquant la liberté, à l’image de La Liberté guidant le peuple, de Delacroix – ainsi qu’une référence à l’Art nouveau italien, riche en motifs floraux qui font écho à l’univers de Guerlain. « J’ai voulu intégrer à mon image des motifs qui reviennent très régulièrement dans mon travail, eux aussi très liés à l’univers du parfumeur, qui sont ces fleurs visibles comme en surimpression. » Cette création apporte un nouvel éclairage sur les images de ses consœurs. Elle actualise un questionnement qui les traverse toutes. « Je suis une femme photographe et j’ai une pratique qui concerne la femme que je suis, précise Valérie Belin. La femme a tendance à devenir plus une image qu’un corps existant. Je pars du stéréotype de la beauté, et mon travail consiste à le déconstruire par les procédés de la photographie. »
Image d’ouverture par © Dolorès Marat / Collection de la Maison européenne de la Photographie