Gasp : Les magnifiques

10 mai 2018   •  
Écrit par Anaïs Viand
Gasp : Les magnifiques

Le collectif Gasp veut faire bouger le petit monde de la street photography via son site d’actualité et ses événements originaux tel le « battle photographique ». Le credo des sept aventuriers qui composent le groupe : saisir des images à l’effet waouh ! Cet article est à retrouver dans notre dernier numéro.

« Gasp, c’est un projet entre copains »

, explique Cyril Abad, photographe à l’origine du collectif de street photography créé il y a un peu moins d’un an. « En 2015, j’ai rencontré Joel Meyerowitz à Paris Photo pour lui faire dédicacer son ouvrage Cape Light. Comme je lui demandais une réflexion sur la photographie de rue, il m’en a donné sa définition: “When something – anything – makes you gasp, stop, the photography comes from the gasp”. » Traduction : « Quand quelque chose – n’importe quoi – te coupe le souffle, arrête-toi, l’image est là, elle vient de ce saisissement. »

C’est donc ce mot, telle une interjection exprimant un cri de surprise, qui devient l’étendard de ralliement pour les sept photographes – six Français et un Américain – rassemblés autour de la conviction que « la photo de rue est une forme d’écriture de la photographie documentaire ». Tous – Cyril Abad, Didier Bizet, Lou Camino, Hervé Chatel, Markko Jarron, Denis Meyer et Nima Taradji – sont des professionnels persuadés que la discipline mérite davantage de visibilité, en France et dans le monde. Avec un site principalement rédigé en anglais, le collectif affirme sa volonté de « sortir du cercle des photographes parisiens ». Et ça marche : 70 % des propositions proviennent de l’étranger !

© Hervé Chatel

© Hervé Chatel

Avoir sa « weekly dose » de découvertes

Si la plateforme sert de vitrine au travail des sept compères, elle est aussi et surtout un outil de promotion de nouveaux talents. « Tous les lundis, nous publions la Weekly Dose, un rendez-vous hebdomadaire présentant les clichés d’autres photographes », explique Cyril Abad. Le principe est simple: sur le site, internautes et autres passionnés de street photography soumettent leurs plus belles photos sur l’onglet « The weekly dose submission». Le collectif choisit ensuite, parmi les travaux reçus, les sept meilleures images, et écrit quelques lignes sur leurs auteurs. Si vous voulez être publiés, évitez les sujets trop banals… « Nous avons des exigences. En plus de sélectionner des photos bousculant les codes de la composition, nous sommes aussi sensibles aux images singulières et humoristiques », précise Cyril Abad. Les membres de Gasp traquent les publications sur la Toile et présentent parfois des signatures plus confirmées qui font des incursions au sein de la Weekly Dose, comme celle de Patrick Cockpit ou de Martin Kollar dont les photographies, issues de son livre Nothing Special, ont été mises en ligne sur le site. Avant d’être online, Gasp est d’abord et avant tout un collectif qui œuvre dans la vraie vie et dans la ville en fédérant autour de lui une communauté de photographes passionnés par la photographie de rue. Et dans cette quête, les projets physiques ne manquent pas: des expositions collectives, l’édition de livres, l’organisation de soirées inédites… Comme, par exemple, celle du lundi 12 mars. Il s’agissaitt d’une « battle photographique » à Paris, une première en France ! Le concept s’inspire des affrontements entre rappeurs ou des matchs d’improvisation théâtrale : deux équipes de photographes vont se mesurer à coups de clichés durant toute une soirée. Un nouveau rendez-vous qui n’a pas manqué de révéler des images qui claquent, des images qui, précisément, coupent le souffle selon les termes de Joel Meyerowitz.

© Denis Meyer

© Denis Meyer

© Lou camino© Lou camino

© Lou camino

© Markko Jarron

© Markko Jarron

© Cyril Abad

© Cyril Abad
Le 20ème rugissant
© Cyril Abad
A man looks at me over these glasses in front of an ice cream store in Mission beach,San Diego.Four months after the election of Donald Trump, in the south of the United States, we are witnessing the decline of the American dream. Through sometimes funny or poetic sketches made without special effects, this three-part report shows us the last moments of the American dream, at least in its original form.
Quatre mois après l’élection de Donald Trump, dans le sud des Etats Unis, on assiste au déclin du rêve américain. Au travers de saynèttes parfois cocasses ou poétiques réalisées sans effets spéciaux ce reportage en trois parties nous donne à voir les derniers instants du rêve américain, du moins dans sa forme originelle.

© Cyril Abad

© Didier Bizet
Une femme fume une cigarette dans un café vintage communiste à Saint-Petersbourg le 3 octobre 2013. Les blagues sur le communisme ne font pas rire tout le monde.
© Didier Bizet
Loudspeakers in corridors and escalators regularly broadcast messages for people in stress or depression and offer free help. Suicides are most frequent in spring and autumn. Moscow May 2017.

© Nima Taradji© Nima Taradji

© Nima Taradji

Cet article est à retrouver dans Fisheye #29, en kiosque et disponible ici.

Explorez
Les images de la semaine du 8 septembre 2025 : amour et déplacements
Couldn't Care Less © Thomas Lélu et Lee Shulman
Les images de la semaine du 8 septembre 2025 : amour et déplacements
C’est l’heure du récap ! Cette semaine, l’amour et les déplacements, quels qu’ils soient, ont traversé les pages de Fisheye. Ceux-ci se...
14 septembre 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Arpita Shah et la transmission des récits féminins
© Arpita Shah
Arpita Shah et la transmission des récits féminins
À travers sa série Nalini, la photographe indo-britannique Arpita Shah explore l’histoire de sa famille et des générations de...
12 septembre 2025   •  
Écrit par Cassandre Thomas
Caroline Furneaux : l'amour en boîte
Rosa, The Mothers I Might Have Had © Caroline Furneaux
Caroline Furneaux : l’amour en boîte
Dans son ouvrage The Mothers I Might Have Had, Caroline Furneaux exhume l'archive intime de films 35 mm de son père décédé pour une...
11 septembre 2025   •  
Écrit par Lou Tsatsas
InCadaqués Festival : Lieh Sugai remporte le Premi Fotografia Femenina 2025
© Lieh Sugai
InCadaqués Festival : Lieh Sugai remporte le Premi Fotografia Femenina 2025
Le Premi Fotografia Femenina Fisheye x InCadaqués a révélé le nom de sa lauréate 2025 : il s’agit de Lieh Sugai. Composée de...
10 septembre 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Nos derniers articles
Voir tous les articles
Les images de la semaine du 8 septembre 2025 : amour et déplacements
Couldn't Care Less © Thomas Lélu et Lee Shulman
Les images de la semaine du 8 septembre 2025 : amour et déplacements
C’est l’heure du récap ! Cette semaine, l’amour et les déplacements, quels qu’ils soient, ont traversé les pages de Fisheye. Ceux-ci se...
14 septembre 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Annissa Durar : une cueillette visuelle de senteurs
The Rose Harvest © Annissa Durar
Annissa Durar : une cueillette visuelle de senteurs
La photographe américano-libyenne Annissa Durar a documenté, avec beaucoup de douceur, la récolte des roses à Kelâat M’Gouna, au sud du...
13 septembre 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Arpita Shah et la transmission des récits féminins
© Arpita Shah
Arpita Shah et la transmission des récits féminins
À travers sa série Nalini, la photographe indo-britannique Arpita Shah explore l’histoire de sa famille et des générations de...
12 septembre 2025   •  
Écrit par Cassandre Thomas
Samuel Bollendorff : comment alerter sur la crise écologique ?
#paradise - curateur : Samuel Bollendorff.
Samuel Bollendorff : comment alerter sur la crise écologique ?
Le festival de photojournalisme Visa pour l’image revient pour sa 37e édition jusqu'au 14 septembre 2025. Parmi les 26 expositions...
12 septembre 2025   •  
Écrit par Lucie Donzelot