Exposée simultanément à Paris, Kyoto et Leipzig ce printemps, Izumi Miyazaki, 24 ans, n’en finit pas de nous surprendre avec ses images étranges et inquiétantes, teintées d’un surréalisme aux couleurs pop. Cute & Cruel (« Mignon et cruel »), le titre de sa précédente exposition à la Wild Project Gallery (Luxembourg), résumait assez bien la tonalité des images de la jeune artiste japonaise. Cet article est à retrouver dans notre dernier numéro.
Née à Yamanashi et résidant à Tokyo, Izumi découvre la photo en empruntant le vieux boîtier argentique Pentax de son grand-père. En s’amusant, elle se rend compte qu’elle peut enfin « faire les images qu’[elle a] envie de voir ». Une expérience qui la conduit à s’inscrire à la prestigieuse université d’art de Musashino, à l’ouest de Tokyo, où elle étonne aussi bien ses camarades que ses professeurs. « Elle semble être un visiteur de l’espace ou d’une autre dimension. […] Normalement, il est relativement facile de saisir l’intention derrière un autoportrait. Mais, là, je n’arrive pas à lire ses photos. Il y a beaucoup de mystère dans son travail », confiait, dans une interview à Libération, Tomoyuki Sakaguchi, photographe et enseignant qui avait encouragé la jeune artiste à partager ses images sur un Tumblr où le succès fut immédiat – et qui compte aujourd’hui 20 000 abonnés.
Revendiquant l’héritage du peintre René Magritte, des réalisateurs Alfred Hitchcock et David Lynch, sans oublier l’influence de la photographe Alex Prager, Izumi Miyazaki trace un chemin singulier avec son œuvre. Ses autoportraits bricolés aux coloris acidulés se présentent comme des poèmes surréalistes qui, sous des allures légères, posent plus de questions qu’ils n’apportent de réponses. Le galeriste Renaud Bergonzo, qui organise l’exposition de la Japonaise à Paris, et la connaît depuis plusieurs années, compare ses images aux haigas, les petits dessins accompagnant parfois les haïkus : « Ce sont de petits poèmes, de petites œuvres de réflexion. On y entre parce que c’est beau, et petit à petit on va pénétrer dans quelque chose de beaucoup plus complexe. » L’accrochage parisien aura lieu dans un appartement, avec une déco sur mesure, et les deux tiers des images montrées seront inédites (inscriptions sur rendez-vous @bergonzo.paris). Un livre édité au Japon devrait être disponible à cette période. Izumi sera aussi présente au festival Kyotographie. Et si vous êtes de passage en Allemagne, vous pourrez voir quelques-unes de ses images dans l’exposition collective Virtual Normality : Women Net Artists 2.0 au musée des Arts visuels de Leipzig.
© Izumi Miyazaki
There’s no place like home
Jusqu’au 28 avril 2018
Rue Guénégaud (Paris 6e)
Cet article est à retrouver dans Fisheye #29, en kiosque et disponible ici