Le photographe David Samuel Stern tissent des portraits de danseurs pour créer des images tangibles.
Depuis 2011, David Samuel Stern, photographe de 33 ans basé à Brooklyn, réalise des portraits tissés à la main (Woven Portraits). À la manière de kaléidoscopes, ils interrogent sur la notion d’identité. Sa nouvelle série regroupe des portraits de danseurs qui font partie de la troupe de Sean Curran et sera exposée en octobre 2015, lors des représentations de leur spectacle Dream’d in a Dream. Pour Fisheye, David Samuel Stern dévoile les dessous de son travail d’artisan de la photographie.
Fisheye : Quel message as-tu voulu faire passer avec cette série ?
Samuel David Stern : Il n’y a pas de message, chacun interprète ces portraits comme il le souhaite. Sur ces photos, le visage du modèle est évincé, dissimulé par un autre cliché de la même personne. J’espère que ça permet aux spectateurs de prendre conscience de ce que les portraits signifient, et de ce que le fait d’être un modèle implique. C’est intéressant de repousser les limites de la photographie.
Comment fais-tu pour réaliser ces portraits tissés ?
Je photographie un modèle dans un studio à Brooklyn. Je fais à peu près 150 photos du même sujet et je fais ensuite des essais sur Photoshop pour voir quelles images s’accorderaient bien. Une fois que j’ai choisi deux portraits du même modèle, je fais des ajustements et je les imprime sur du papier vélin translucide. Ensuite, je coupe chaque feuille et je tisse les deux portraits ensemble, à la main.
Quel est le plus beau compliment que tu as reçu à propos de tes photos ?
L’un des tout premiers portraits tissés que j’ai fait était celui du musicien Bill Frisell (guitariste de jazz, ndlr) en 2011. Quand je lui ai montré le résultat, il l’a regardé et il a dit : “c’est exactement ce que je ressens.”
Quand as-tu su que tu voulais devenir photographe ?
L’été de mes 16 ans j’ai suivi des cours de photo à une université près de là où j’ai grandi. J’ai toujours aimé dessiner et prendre des photos mais pendant ce cours j’ai compris le sens réel de cet art.
Quels photographes t’inspirent ?
J’évite d’employer le mot “inspiration” parce que ça reviendrait à dire que j’ai eu une illumination quand j’ai découvert le travail d’un artiste. Alors que pour moi, le processus est bien plus lent. Quand je vois un travail qui me plait, je “prends des notes” dans ma tête. Je suis fan de plusieurs artistes comme Tara Donovan, Tom Friendman, Abelardo Morell et même de peintre classiques du 19ème siècle comme James McNeill Whistler et John Singer Sergeant.
Peux-tu nous parler de tes prochains projets ?
Je continue sur des portraits mais avec un niveau d’abstraction plus élevé et légèrement différent des portraits tissés. À l’automne dernier, je suis tombé amoureux des photos sur papier transparent, j’ai bien envie d’utiliser ce matériel pour un projet.
Propos recueillis par Hélène Rocco
En (sa)voir plus
→ L’intégralité de la série
→ Son compte Twitter
© David Samuel Stern