À corps et âme, la liberté vue par Gabriel Dia

27 janvier 2022   •  
Écrit par Lou Tsatsas
À corps et âme, la liberté vue par Gabriel Dia

Autoportraits plastiques et sensibles, les Métamorphoses de Gabriel Dia se lisent comme des explorations de notre corps, vers une recherche décomplexée d’une totale liberté. Un travail à retrouver à la Fisheye Gallery jusqu’au 5 mars !

« Je viens d’un pays où l’homosexualité est un crime pénal. Lorsque tu entends tes propres parents se moquer d’une communauté à laquelle tu te sens lié, c’est douloureux. Si je ne me sens pas “que” photographe LGBTQIA+, je reste très engagé dans cette cause – je vise simplement quelque chose de plus large », confie Gabriel Dia. En 2008, à 18 ans, convaincu qu’il ne pourra jamais vivre librement dans son Sénégal natal, l’artiste s’envole pour la France, où, à force de détermination, il entame une carrière en tant qu’ingénieur nucléaire. Ce n’est que dix ans plus tard qu’il se tourne vers l’image, suite à un besoin viscéral de partager sa passion, de faire ressortir ses émotions face à l’objectif. Une démarche marquée par des expérimentations chimiques qui lui sont désormais familières. Animé par les sensations, les mouvements, les nuances qui composent l’être humain, Gabriel Dia se dénude face à l’objectif. Un corps en transe, un corps qui danse. De sa silhouette se dégage une force farouche, un désir de crier sa souffrance au monde pour mieux l’exorciser. « J’ai tout de suite perçu le médium comme un élément libérateur. 

© Gabriel Dia© Gabriel Dia

Aujourd’hui, je tâche de travailler en couleurs pour passer à quelque chose de plus positif. Les choses avancent, nous arrivons à un stade où l’on peut faire ce que l’on veut sans que cela pose problème, peu importe notre genre, ou notre orientation sexuelle », explique-t-il. Série anthologique reprenant quatre années de travail, Métamorphoses illustre cette quête fiévreuse de liberté. Composée d’autoportraits – un genre « pratique avant tout, qui me permet de travailler lorsque j’en ai envie », s’amuse l’auteur – ce projet mêle monochromes et aquarelles, chorégraphies et poses assumées pour conter l’avancement d’un être et sa guérison, de la douleur à l’acceptation, à l’exaltation. « Dans ces autoportraits, il y a une sorte de fil conducteur, une recherche, une envie de se positionner. Il fallait que ce soit moi, il fallait que je me mouille. Raconter sa propre histoire, s’engager est nécessaire: je pense qu’il faut donner plus lorsqu’on est photographe », déclare-t-il.

Et quel accessoire plus parlant que son propre corps ? Jouant avec les ombres, les doubles expositions, le grain, les flashs, Gabriel Dia compose une série de portraits métaphoriques, dans lesquels sa silhouette est aussi bien épiée que dissimulée. De la mode aux arts plastiques, aux représentations plus expérimentales, l’artiste fusionne les genres, animé par un désir féroce de révéler son identité sans restriction aucune. « J’ai cette sensation que le corps est le moyen d’expression le plus vaste et le plus fort. On naît dedans, on ne peut pas s’en débarrasser. C’est l’outil le plus puissant à notre disposition », commente-t-il. Et de ce corps-à-corps intime, où il endosse les rôles d’adversaire et de confident, naissent des instants de grâce. Des moments d’apesanteur où l’humain s’élève, porté par la tolérance et la joie qui animent les clichés. « C’est la signification du titre de cette série : je me métamorphose. Je deviens quelqu’un d’autre pour être moi », conclut Gabriel Dia. 

 

Ne manquez pas le vernissage de l’exposition, jeudi 27 janvier à partir de 18h30 ! 

 

© Gabriel Dia© Gabriel Dia

 

© Gabriel Dia© Gabriel Dia

 

© Gabriel Dia

 

© Gabriel Dia© Gabriel Dia

 

© Gabriel Dia© Gabriel Dia

© Gabriel Dia

Explorez
Du cauchemar aux monstres : des séries photo pour Halloween
© Diego Moreno, ABISMOS, from the series Malign Influences, 2020
Du cauchemar aux monstres : des séries photo pour Halloween
Des peurs les plus enfouies aux allégories d'une minorité opprimée, des croyances étranges aux expérimentations en chambre noire pour...
31 octobre 2025   •  
Écrit par Fisheye Magazine
Peinture, coulée d'or et sculpture : la séance de rattrapage Focus
Zoé Bleu Arquette. Une nuit étoilée, 2025 © Rose Mihman
Peinture, coulée d’or et sculpture : la séance de rattrapage Focus
Les photographes des épisodes de Focus sélectionnés ici proposent de découvrir la photographie à travers différentes techniques...
29 octobre 2025   •  
Écrit par Fisheye Magazine
Touches d’aquarelle, Brésil et festival : nos coups de cœur photo d’octobre 2025
© Cloé Harent, Residency InCadaqués 2025
Touches d’aquarelle, Brésil et festival : nos coups de cœur photo d’octobre 2025
Expositions, immersion dans une série, anecdotes, vidéos… Chaque mois, la rédaction de Fisheye revient sur les actualités photo qui l’ont...
29 octobre 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
La sélection Instagram #530 : une étrange nuit d'octobre
© verknipts / Instagram
La sélection Instagram #530 : une étrange nuit d’octobre
Dans la brume, dans les ciels sombres, dans les forêts épaisses, les artistes de la sélection Instagram de la semaine célèbrent les...
28 octobre 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Nos derniers articles
Voir tous les articles
Du cauchemar aux monstres : des séries photo pour Halloween
© Diego Moreno, ABISMOS, from the series Malign Influences, 2020
Du cauchemar aux monstres : des séries photo pour Halloween
Des peurs les plus enfouies aux allégories d'une minorité opprimée, des croyances étranges aux expérimentations en chambre noire pour...
31 octobre 2025   •  
Écrit par Fisheye Magazine
Du pictorialisme au modernisme, la MEP célèbre l’œuvre d’Edward Weston
Edward Weston, Shells, 1927 © Center for Creative Photography, Arizona Board of Regents / Edward Weston, Adagp, Paris, 2025. Courtesy Wilson Centre for Photography
Du pictorialisme au modernisme, la MEP célèbre l’œuvre d’Edward Weston
Jusqu’au 21 janvier 2026, la Maison européenne de la photographie consacre une exposition exceptionnelle à Edward Weston. Intitulée...
30 octobre 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Hamza Ashraf : Démo d’amour
We're Just Trying to Learn How to Love © Hamza Ashraf
Hamza Ashraf : Démo d’amour
Hamza Ashraf navigue dans le fleuve des sentiments amoureux et compose We’re Just Trying to Learn How to Love, un zine, autoédité, qui...
30 octobre 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Peinture, coulée d'or et sculpture : la séance de rattrapage Focus
Zoé Bleu Arquette. Une nuit étoilée, 2025 © Rose Mihman
Peinture, coulée d’or et sculpture : la séance de rattrapage Focus
Les photographes des épisodes de Focus sélectionnés ici proposent de découvrir la photographie à travers différentes techniques...
29 octobre 2025   •  
Écrit par Fisheye Magazine