Fin avril, le Musée de l’image contemporaine de Chengdu a vu le jour grâce à l’action du mécène et artiste Zhong Weixing. Un lieu étonnant qui se donne toutes les missions muséales : monstration, conservation, éducation et recherche. Récit d’une inauguration pas comme les autres. Cet article est à retrouver dans le dossier de notre dernier numéro.
Les discours s’égrènent, mais mon voisin ne pense qu’à une chose, photographier avec frénésie le bel homme chauve assis quelques rangs devant nous. Sebastião Salgado est une rock star de la photographie, et ses images sont aussi connues en Chine que dans le reste du monde. L’artiste brésilien, présent ce 28 avril à Chengdu, bénéficie sur près de 1 000 m2 de la plus grande exposition dans ce nouveau musée dédié à la photographie. Avant de m’envoler pour la Chine, j’avais testé la destination auprès de mon entourage. Si la province du Sichuan semble un nom connu, pour Chengdu, en revanche, les mines se font plus perplexes.
Peu savent qu’il s’agit d’une ville de près de 9 millions d’habitants [en 2018, selon les données des Nations unies, ndlr], à la croissance fulgurante, et qui attire des milliers de touristes dans ses centres dédiés aux pandas géants. Mais Chengdu, qui possède déjà cinq voies périphériques, avec une sixième en construction, ne se lasse pas de surprendre le monde. En cette journée où le temps est lourd, Zhong Weixing, artiste et mécène qui a fait fortune dans l’immobilier, a convié plus de quatre cents invités du monde entier pour célébrer la naissance du Chengdu Contemporary Image Museum.
© Chengdu Contemporary Image Museum
« Au départ, je pensais juste me créer un atelier, puis je me suis dit qu’un musée serait un incroyable lieu d’échanges avec les autres photographes. » Zhong Weixing avance de manière pragmatique dans ses projets. Il a donc fait en sorte d’inscrire son musée dans un cadre académique en confiant la direction artistique à deux personnalités re- connues : Jean-Luc Monterosso, le fondateur de la Maison européenne de la photographie (MEP) à Paris, et Wang Qingsong, un immense artiste originaire de la ville. En arrivant au musée, situé dans le nord de la ville, c’est d’abord le style qui surprend avec ses faux airs d’hacienda aux multiples colonnades, et son immense cour intérieure. Le bâtiment est entouré d’un immense parc municipal qui est, lui aussi, entièrement consacré à la photographie. Mais plus que tout, la qualité des salles d’exposition est remarquable : immense hauteur sous plafond, éclairages très qualitatifs et accrochages impeccables.
Zhong Weixing, entouré de Cheng Jiwei, Jean-Luc Monterosso, de Sebastião Salgado et de son épouse Lélia © Benoît Baume
Issu d’une famille chinoise modeste, Zhong Weixing n’avait pas les moyens de s’offrir un appareil. Il a dû attendre ses 17 ans et son voyage de fin de lycée pour utiliser celui qu’un camarade avait emprunté à son père. Après plusieurs années de pratique amateur, il investit en 2002 dans un premier appareil professionnel. « À partir de ce moment-là, j’ai commencé les séries, à construire les images, et à orienter ma vie à travers la photographie. » Sa rencontre avec Jean-Luc Monterosso, qui lui présente de nombreux photographes, est déterminante. Sebastião Salgado et Bernard Faucon marquant particulièrement Zhong Weixing, qui décide de se lancer dans la série Face to Face où il réalise les portraits des plus grands photographes contemporains. Dans le musée de Chengdu, une exposition est consacrée à cette série dans laquelle l’auteur va au-delà de la photographie avec des projections, des hologrammes et de nombreux autres dispositifs.
Cet article est à retrouver dans son intégralité dans Fisheye #37, en kiosque et disponible ici.
Exposition inaugurale du CCIM © M.ZHANG Xiao
Exposition inaugurale du CCIM © M.ZHANG Kechun
Exposition inaugurale du CCIM © M.MA Liang
Image d’ouverture © M.ZHANG Xiao