Haïkus d’œil

25 mai 2023   •  
Écrit par Ana Corderot
Haïkus d'œil

Dans les images de Paul Cupido, le monde se lit et se parcourt en poésie. Paysages fantasmés, délicatesses amoureuses et corps libérés… L’univers de l’artiste néerlandais est une invitation à de multiples flâneries rêveuses. Cet article est à redécouvrir au cœur du Fisheye #59.

Paul Cupido fait partie de ces artistes qui étudient la nature et les êtres qui l’environnent avec minutie, cherchant à chaque fois à déceler l’élément marquant, le détail évocateur, celui qui dirait tout avec un rien. Un goût des petites choses qu’il explique de la manière suivante : « Je voyage souvent et c’est là que je sors vraiment de ma zone de confort. Je puise mon inspiration dans l’aventure, en capturant un moment tel qu’il se présente, sans trop planifier. Le vivant m’inspire sans cesse. Par exemple, ce que je trouve incroyablement beau dans le Sakura [les cerisiers en fleurs au Japon], c’est l’acceptation de l’éphémère. À un moment, j’avais beaucoup de mal avec cela, les questions existentielles, la mort, qui est inextricablement liée à la vie. La photographie est, selon moi, l’instrument capable de vous amener à l’acceptation et à l’abandon. »

Se considérant comme un photographe en constant apprentissage, l’artiste néerlandais cherche à rendre l’invisible tangible aux yeux des plus sensibles. Au même titre qu’un morceau de musique qui nous fait chavirer le cœur, les œuvres de Paul Cupido nous subjuguent en nous entraînant à « la fréquence la plus élevée : celle de l’amour ». De ses premiers essais photo au ton punk et provocateur, le photographe a évolué vers une poésie visuelle et symbolique. Une manière de se fondre dans l’instant – qu’il soit présent, passé ou à venir –, et de partager des émotions pures. « Je dois admettre que je suis assez mélancolique, sensible à la nostalgie et au romantisme. J’aime cela dans la photographie comme dans ma vie, réelle ou imaginaire. La beauté de l’imaginaire, c’est qu’il peut devenir réel plus tard, tant qu’il est vraiment sincère. »  

Le vol d’un oiseau blanc, le bonheur insouciant d’un bain de minuit, l’eau d’un lac perlé de gouttes de pluie, une assiette brisée… Avec un soin particulier porté à la retouche et à de subtils effets de surfaces, Paul Cupido délivre avec raffinement de petites épiphanies délicatement mâtinées de mystère. L’ordonnancement de ses œuvres s’apparente à un rituel sacré, à un moment de dialogue avec ce qui prend forme devant lui. Que ce soit dans son processus créatif ou dans ses images, Paul Cupido nous invite à l’abandon, à l’émerveillement, à regarder avec attention les cerisiers en fleurs, ou à rester éveillés les soirs de pleine lune. « La lune m’a réveillé, un des haïkus du poète japonais Bashõ, est pour moi une source d’inspiration. J’aimerais que mon travail s’en approche. »

La lune m’a réveillé neuf fois

Toujours à 4 heures du matin

Les photos de Paul Cupido publiées dans ces pages ont été réalisées durant la résidence organisée par Château Palmer et Leica en 2022. Ce travail est exposé dans la nouvelle Leica Gallery Paris, jusqu’au 24 juin (26, rue Boissy d’Anglas, Paris 8e), et fait aussi l’objet d’une publication, Séléné, aux éditions Filigranes, (35 €, 112 pages).

© Paul Cupido

 

© Paul Cupido
© Paul Cupido© Paul Cupido

 

© Paul Cupido

 

© Paul Cupido© Paul Cupido

 

© Paul Cupido

© Paul Cupido

Explorez
Jonathan Bertin : l'impressionnisme au-delà des frontières
Silhouette urbaine, Séoul Impressionism © Jonathan Bertin
Jonathan Bertin : l’impressionnisme au-delà des frontières
Jusqu’au 20 décembre 2025, Jonathan Bertin présente, à la Galerie Porte B, un dialogue délicat entre sa Normandie natale et Séoul, ville...
20 novembre 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
16 expositions photographiques à découvrir en novembre 2025
Topside III, de la série L’île naufragée, 2022 © Richard Pak
16 expositions photographiques à découvrir en novembre 2025
Pour occuper les journées d'automne, la rédaction de Fisheye a sélectionné une série d'événements photographiques à découvrir à Paris et...
17 novembre 2025   •  
Écrit par Fisheye Magazine
Paris Photo 2025 : atteindre sa montagne intérieure avec Suwon Lee
© Suwon Lee, Pico Bolívar I, 2025 / Courtesy of Sorondo Projects
Paris Photo 2025 : atteindre sa montagne intérieure avec Suwon Lee
Présentée cette année par Sorondo Projects (Barcelone) à Paris Photo, la série The Sacred Mountain de Suwon Lee raconte une quête...
14 novembre 2025   •  
Écrit par Milena III
Les images de la semaine du 20 octobre 2025 : famille, cultures alternatives et lumière
© Sara Silks
Les images de la semaine du 20 octobre 2025 : famille, cultures alternatives et lumière
C’est l’heure du récap ! Dans les pages de Fisheye cette semaine, les photographes nous font voyager, aussi bien dans des lieux...
26 octobre 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Nos derniers articles
Voir tous les articles
Bellissima : la fabrique des apparences par Carla Rossi
© Carla Rossi
Bellissima : la fabrique des apparences par Carla Rossi
Dans son ouvrage Bellissima, publié par Art Paper Editions, Carla Rossi explore les désirs, les façades et les codes qui façonnent la...
03 décembre 2025   •  
Écrit par Cassandre Thomas
La sélection Instagram #535 : surfaces texturées
© Laura Barth / Instagram
La sélection Instagram #535 : surfaces texturées
Les artistes de notre sélection Instagram de la semaine explorent la matérialité de la photographie. Du papier aux émulsions, en passant...
02 décembre 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Twin Peaks, ambiguïté et nature morte : dans la photothèque de Stan Desjeux
Si tu devais ne choisir qu’une seule de tes images, laquelle serait-ce ? © Stan Desjeux
Twin Peaks, ambiguïté et nature morte : dans la photothèque de Stan Desjeux
Des premiers émois photographiques aux coups de cœur les plus récents, les artistes des pages de Fisheye reviennent sur les œuvres et les...
01 décembre 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Les coups de cœur #567 : Himanshu Vats et Grant Harder
© Grant Harder
Les coups de cœur #567 : Himanshu Vats et Grant Harder
Himanshu Vats et Grant Harder, nos coups de cœur de la semaine, explorent la nature, et les liens qu’elle entretient avec les humains. Le...
01 décembre 2025   •  
Écrit par Marie Baranger